Libérez Salah Hamouri
Une seconde lettre de Salah
20 février 2009
Dans ma première
lettre, je vous ai parlé des premiers mois passés en prison
pendant l’épreuve de l’interrogatoire.
Je vais vous
parler maintenant de la « deuxième période : la vie quotidienne
en prison » qui laisse des marques sur la vie des prisonniers et
sur leur futur.
Je suis en
cellule avec 7 autres prisonniers dont certains ont déjà passé
plus de 20 ans derrière les barreaux.
Il y a en prison
toute une organisation et des lois intérieures mais ce qui est
important, c’est le développement du mouvement des prisonniers.
En effet, les changements dans l’organisation de la vie en
prison ont demandé beaucoup de temps, d’efforts et de
sacrifices.
Avant l’année
1992, l’oppression était forte en prison malgré la résistance et
la solidarité des détenus. 1992 marque l’année d’une lutte où
les prisonniers ont organisé un mouvement de résistance en
faisant une grève de la faim afin d’obtenir le minimum vital et
leurs droits. Cette grève a duré 17 jours. La rue palestinienne
était solidaire, malgré les difficultés et la répression
israélienne. Les prisonniers ont gagné cette bataille. Ils ont
réussi à obtenir quelques améliorations dans leur quotidien
difficile, par exemple ils ont eu le droit d’avoir un contact
quelques minutes avec leurs enfants pendant les visites, de
faire rentrer couvertures et vêtements apportés par les
familles, de pouvoir étudier à l’université par correspondance,
de regarder la télé afin de ne pas être coupé du monde
complètement.
Ces
« victoires » ont eu une influence sur la vie des prisonniers et
leur ont donné du courage.
En prison il y a
une vie très structurée, chaque prisonnier, chaque organisation
politique connaît ses droits et ses devoirs.
Chaque groupe
politique est représenté dans des comités, un prisonnier élu par
les autres représente l’ensemble des détenus devant
l’administration quand il y a un problème, une réclamation etc.
Le but de
l’occupation israélienne est d’isoler les prisonniers mais notre
organisation nous permet de rester forts, solidaires, de faire
respecter nos droits pour lesquels il nous faut toujours lutter
malgré les tentatives de l’autorité israélienne de nous casser.
Ces derniers
mois, il y a eu plusieurs tentatives pour nous rendre la vie
plus difficile.
La première étant de nous interdire les livres que nos familles
pouvaient nous apporter en nombre limité. C’est une manière de
nous tuer culturellement, la lecture étant notre occupation
principale. La seconde est de nous faire payer des amendes si
nous n’obéissions pas au règlement.
Il est fréquent
aussi que des détenus soient mis en isolement et privés de
visites.
En effet, nos
familles peuvent nous rendre visite 2 fois par mois pendant 45
minutes, nous savons que pour eux c’est difficile, certains ont
des parents âgés ou malades qui supportent mal les trajets et
l’attente dehors. Mais nos familles sont solidaires malgré les
difficultés. Pendant la visite nous sommes séparés de nos
parents par une vitre épaisse et on peut se parler avec un
interphone.
Le temps passe
vite, je dois déjà m’arrêter d’écrire …
Prison de
Guilboa
Le 20 février 2009
Salah
Dossier Salah
Hamouri
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