Libérez Salah Hamouri
Merci Madame la porte-parole de
l'Ambassade d'Israël en France !
Jean-Claude Lefort
Samedi 27 décembre 2008
Pour la première fois l’Ambassade d’Israël
en France est sortie de son silence au sujet du cas de Salah
Hamouri. Répondant à un article publié sur le site « Rue 89 »,
la porte-parole de l’Ambassade, Madame Nina Ben-Ami, a envoyé un
texte publié sur le site le 23 décembre, en réponse à un article
de M. Reboud.
Cette réponse, dont chacun peut prendre
connaissance intégralement sur le site indiqué (http://
www.rue89.com), présente plusieurs éléments clarificateurs
terriblement accusateurs pour les responsables israéliens mais
aussi les autorités françaises, au premier rang desquels le
Président de la République Française et son très dévoué
serviteur, le ministre des Affaires étrangères. C’est pourquoi
il convient très sincèrement de la remercier !
Nous ne retiendrons ici que quelques
éléments avancés par la porte-parole.
1. Tout d’abord, et je tiens le jugement du
tribunal militaire écrit en hébreu à sa disposition, Salah
Hamouri n’a en rien été condamné pour les trois chefs
d’inculpation qu’elle évoque avec insistance. Il n’a pas été
condamné pour appartenance au FPLP (puisqu’il n’en est pas
membre) et donc, encore moins, pour sa « position de chef » au
sein de cette organisation. De même, il n’a pas été condamné
pour « participation à un complot destiné à tuer le rabbin
Yossef Ovadia » mais pour « intention » du simple fait qu’il est
passé devant son domicile en voiture. Les mots ayant un sens
précis, Madame la porte-parole de l’Ambassade d’Israël ment
sciemment.
2. Pour la porte-parole, si Salah Hamouri a
été jugé par un tribunal militaire israélien c’est parce que «
une partie des crimes dont il est accusé a été commise dans les
territoires palestiniens, et non en Israël. » Le seul « crime »
dont il est accusé est une « intention » de nuire aux jours du
rabbin Ovadia lequel coule d’ailleurs des jours heureux. Ce
rabbin n’a donc pas été victime d’un « crime » dont on ne peut
accuser Salah.
Mais l’argument de la porte-parole est
terriblement significatif en soi. Ainsi Salah Hamouri aurait
donc commis des actes « criminels » dans les Territoires et
« non en Israël », il est tout à fait normal qu’un tribunal
militaire israélien installé en Cisjordanie soit qualifié à le
juger en pareil cas ! Incroyable aveuglement de la puissance
occupante.
Madame la porte-parole : merci de nous dire
ainsi que ce tribunal est donc parfaitement incompétent.
Plus encore : ce tribunal est parfaitement illégitime tout
autant que l’occupation israélienne des Territoires palestiniens
qui est clairement et formellement condamnée par le droit
international. Après cela parler, comme le fait cette dame, de
« procès légal », de « processus juste et transparent » relève
d’une imposture totale qui s’impose d’évidence. Merci aussi pour
cela…
3. Passons sur ses incompétences
« volontaires » à propos de l’absence d’appel de Salah contre la
décision du tribunal puisque celui-ci est impossible du fait du
chantage dont il a été l’objet, dans cette grande démocratie
israélienne transparente et juste, ce chantage appelé « plaider
coupable » pour être présentable. Car « la bourse ou la vie »,
ce n’est pas la justice.
4. Retenons, pour finir, la longue tirade
qu’elle fait à propos de Guilad Shalit dont elle affirme qu’il
ne lui est rien reproché d’autre que d’être « israélien ». Bah
voyons ! Un caporal d’une armée d’occupation ce n’est pas un
« reproche » à faire ! On doit peut être aussi remercier cette
force occupante ? Mais le pire est que la porte-parole souhaite,
non pas la libération de Guilad Shalit, mais qu’il puisse avoir
le même traitement que Salah, en particulier qu’il puisse
recevoir la visite des « organisations humanitaires ».
Ce dernier point est exact : ne pas
permette la visite de Guilad par la Croix Rouge cela n’est pas
conforme à la Convention de Genève sur les prisonniers
militaires. C’est donc un prisonnier militaire, selon Madame la
porte-parole en personne. Pour autant doit-il seulement recevoir
des visites ou être libéré ? Et pourquoi ne l’est-il pas ? Pour
ce qui est de Salah, nous le savons : il est la victime d’un
procès des colonisateurs parce qu’il est un jeune palestinien
engagé pacifiquement. Mais pour Guilad Shalit ? Qui négocie avec
le Hamas ? Votre pays, Madame.
Personnellement j’estime que ces deux
jeunes sont victimes de l’occupation et qu’ils doivent en
conséquence être libérés. Pour Guilad c’est plus compliqué, je
l’admets. Encore que « là où il y a une volonté, il y a un
chemin ». Pour Salah, une simple décision politique suffirait.
C’est ce que nous demandons. Demandez avec nous la libération de
l’un et de l’autre, Madame la porte-parole, et non pas seulement
« un traitement identique », autrement dit la prison.
5. Ce qui permet d’évoquer ce dernier
point : les écrits de la porte-parole de l’Ambassade d’Israël en
France concernant Salah Hamouri sont, en tous points, identiques
à ceux des autorités françaises. En tous points. Cela souligne
que ces dernières ne font que relayer les « arguments » d’un
pays étranger dont ils se font les petits télégraphistes. C’est
terriblement accusateur. Madame la porte-parole n’y verra sans
doute aucune raison de s’en offusquer. Normal à ses yeux,
probablement. Mais la grande majorité des Français ne
supporteront pas du tout cette révélation permise par les écrits
de l’Ambassade d’Israël en France.
La France n’a pas à être à la solde de
quelque pays étranger que ce soit, surtout quand il s’agit de
défendre les droits et la liberté d’un Français emprisonné
injustement. Ni le Président ni le ministre des Affaires
étrangères n’ont à être les « agents » de quelque pays étranger
que ce soit. C’est plus qu’une faute, c’est une tache sur le
front de notre pays. Raison de plus de continuer le combat pour
sortir de sa prison celui dont on ne parle jamais à
l’Elysée pour exiger sa libération : notre jeune compatriote
Salah Hamouri !
Jean-Claude Lefort
Député honoraire
Le 27 décembre 2008
Dossier Salah
Hamouri
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