Dans un geste qui a été déclaré « de
soutien à Mahmoud Abbas », les autorités israéliennes
viennent de libérer 227 prisonniers palestiniens sur les
11.000 qui sont toujours incarcérés dans les prisons de la
force occupante des Territoires palestiniens.
Dès que cette
décision de M. Olmert a été annoncée, il y a plusieurs
semaines, nous sommes intervenus avec insistance auprès des
diverses autorités françaises, de manière personnelle ou
collective, pour que notre compatriote Salah Hamouri fasse
partie impérativement de ces libérations.
Mais Salah Hamouri
est toujours en prison.
Il n’y a pas mille questions à
se poser pour expliquer cette situation : si notre
compatriote est toujours en prison c’est que les autorités
françaises n’ont pas exigé sa libération.
C’est un scandale politique de plus dans
cette affaire dont elles portent l’entière responsabilité, à
commencer par le Président de la République en personne et
son ministre des Affaires étrangères. Lourde est ainsi
confirmée une fois de plus leur irresponsabilité.
Salah Hamouri est un jeune
franco-palestinien de naissance mais non pas de droit.
Habitant Jérusalem sa nationalité palestinienne lui est
refusée par ceux-là même qui occupent militairement la
partie de la ville où il demeure. Il est donc juridiquement
Français et uniquement Français. Notre pays a donc des
devoirs particuliers indiscutables à son endroit.
D’autant plus que Salah Hamouri n’a
commis strictement aucun acte délictueux, encore moins
d’acte criminel. Rien, aucune preuve, aucun fait ne sont
venus étayer l’accusation ignoble du tribunal militaire
israélien occupant qui l’a condamné à 7 ans de prison après
avoir exercé sur lui un chantage honteux, digne du sinistre
système dit « des aveux » connus par ailleurs en d’autres
temps et en autres lieux.
Tout cela les hauts
responsables français savent parfaitement tout cela. Mais à
l’inverse de Gilad Shalit qui est dans une toute autre
situation – il a été capturé en uniforme sur son char durant
opération de guerre – pour qui ils demandent haut et fort la
libération sans condition, les autorités françaises
acceptent lâchement l’inacceptable pour Salah Hamouri et ils
se plient lamentablement devant les
desiderata
autorités israéliennes occupantes.
Pour Salah ce n’est pas la libération qui
est demandée officiellement. Pour lui c’est « le bâillon
pour la bouche et pour la main le clou. »
Si les autorités
françaises renoncent ainsi à leurs devoirs les plus
élémentaires, si elles souhaitent qu’un silence épais
entoure cette affaire dans laquelle elles se montrent
indignes, cela ne peut nous amener à accepter pour autant
que le droit et la liberté s’appliquent partout sauf en
Israël. Etre ami de ce pays ne veut pas dire lui être
soumis. C’est pourtant cette voie qui a été volontairement,
et depuis le début, choisie par les autorités françaises.
Salah est un otage de cette politique inconsidérée. Salah
est aussi finalement l’otage de la France, lui qui est un
Français.
Que les responsables de notre pays
délaissent ainsi délibérément le combat pour les libertés et
la justice signe leur alignement sur la politique
d’occupation israélienne. Cela ne peut que nous encourager à
poursuivre notre juste combat : liberté pour Salah ! Nous
n’aurons de cesse de nous faire entendre en ce sens.
Alors que les fêtes de Noël approchent
ainsi que celles de fin d’année nous pensons à Salah en
prison et nous l’assurons, ainsi que sa famille, de notre
solidarité active et de notre détermination à poursuivre
notre juste combat pour sa libération.
Ainsi, grâce à notre
mobilisation diverse et amplifiée, il sera manifesté que la
France a renoncé à être la France. Quand tant lui tourne le
dos nous lui restons fidèles en défendant, sans œillères
d’aucune sorte, les droits de l’Homme. Salah Hamouri est un
symbole de ce combat que nous ne déserterons pas à l’inverse
de ceux qui gouvernent avec tant de mépris et d’insolence
ostensibles devant les réalités et le droit.
Jean-Claude Lefort
Député honoraire
Le 16 décembre 2008