Communiqué
Collectif Salah Hamouri
Jean-Claude Lefort
28 novembre 2008
Ce matin, sur « France-Inter » dans
l’émission « Interactiv’ », en réponse à une auditrice qui
s’étonnait, à tout le moins, de l’inaction de la France pour la
libération de notre compatriote Salah Hamouri, condamné à 7 ans
de prison en Israël, le ministre des Affaires étrangères,
Monsieur Bernard Kouchner, a produit une réponse inacceptable.
Celle-ci témoigne d’une méconnaissance « volontaire » du dossier
de ce jeune franco-palestinien pour la libération duquel se
mobilisent des dizaines de milliers de français dans une grande
diversité d’opinion. C’est ce dont témoigne en particulier la
composition du « Comité national de soutien à Salah Hamouri »
créé il y a peu.
Bernard Kouchner a tout d’abord affirmé que
la femme du jeune Salah Hamouri était reçue constamment par nos
services sur place. Il se trouve que Salah Hamouri n’est tout
simplement pas marié ! Mais il y a pire.
En effet, M. Kouchner a osé affirmer sur
les ondes que le dossier Salah Hamouri « était difficile » car
Salah « avait reconnu » les faits répréhensibles dont il est
accusé et qui lui valent cet emprisonnement de 7 ans décidé par
un tribunal militaire israélien occupant installé en
Cisjordanie. En conséquence le ministre a affirmé que « nous ne
pouvions faire plus ». Or tout ceci est également totalement
faux.
Salah Hamouri, nous le rappelons une
nouvelle fois, n’a fait qu’une seule chose : il est passé en
voiture avec un ami devant le domicile du rabbin extrémiste
Yossef Ovadia. Il a été arrêté 3 mois après ce passage. Il a été
tenu au secret et a subi des brimades pendant de longs mois sans
savoir ce qu’on lui reprochait. Son procès s’est déroulé sur 3
ans sans qu’aucun fait ne vienne étayer l’accusation dont il a
été finalement l’objet : son appartenance supposée au FPLP –
jamais démontrée et pour cause – étant le signe incontestable
pour ce tribunal occupant de sa volonté d’attenter à la vie
dudit rabbin. Plus de 20 audiences ont été annulées faute de
témoins pour corroborer ces affirmations. Rien, aucun fait, n’a
été prouvé allant dans ce sens alors même que sa maison, son
ordinateur ont été fouillés de fond en comble.
M. Kouchner est bien placé pour savoir que
c’est au bout de ces trois ans de ce procès sans jugement, que
celui-ci a demandé en personne aux autorités israéliennes non
pas sa libération, comme pour un autre cas dans la région, mais
un « procès rapide ». Il est bien placé pour savoir que cela a
eu comme conséquence de voir le procureur du tribunal militaire
occupant téléphoner à l’avocate de Salah Hamouri pour lui dire :
« Ou bien Salah accepte de « plaider coupable » et il aura 7 ans
d’emprisonnement ; ou bien il refuse et il aura plus. »
Placé dans cette situation ainsi que le
font 95% des prisonniers palestiniens, n’a pas eu d’autre choix
que de « plaider coupable ». Quiconque à des enfants, à un cœur
ou bien connaît l’attitude des la Puissance occupante
relativement aux prisonniers palestiniens comprendra. Mettre un
pistolet sur la tempe de Salah pour lui arracher des « aveux »,
comme en d’autres temps dans d’autres pays, ne peut valoir
preuve de culpabilité. Car les fais sont là : Salah n’a rien
fait de condamnable. Rien. Et ce n’est pas de justice dont il
convient de parler à son endroit, surtout venant d’un tribunal
militaire d’une force occupante, mais d’un chantage pur et
simple dont il a été l’objet. Ni plus ni moins.
On comprend mal – ou on comprend bien – que
le ministre des Affaires étrangères se porte ainsi au secours et
en défense de pareilles attitudes inqualifiables qui le
déshonorent.
Elles servent de paravent pour expliquer
l’inaction de la France. Mais elles la cachent mal. En vérité la
France a les moyens d’exiger la libération de Salah et de
l’obtenir prochainement. Elle sait comment faire et dispose de
moyens pour cela. Elle s’y refuse, c’est tout. Mais c’est
inacceptable.
Cela ne peut que nous encourager à
poursuivre notre action noble et conforme notre conception de
l’universalité des droits de l’homme : Salah Hamouri est
innocent ! Il doit être libéré dans les meilleurs délais. Il
doit rejoindre au plus vite sa famille à Jérusalem. C’est
possible et la France sait parfaitement comment.
Salah Hamouri est un franco-palestinien qui
vaut tout autant qu’un franco-israélien, en conséquence la
France doit obtenir sa libération. Elle a tous les moyens pour
se faire entendre. Elle doit simplement « oser » poser avec
force la question à ses « amis » israéliens !
C’est ce que nous demandons avec force
après ces déclarations sulfureuses et inacceptable du ministre
français qui se comporte ainsi en petit télégraphiste des
responsables israéliens. Pauvre France…
Jean-Claude Lefort
Député honoraire
Le 28 novembre 2008
Dossier Salah
Hamouri
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