Communiqué du Comité national de soutien à Salah Hamouri
Lettre au Président de la République française
Jeudi 12 mars 2009
Le 13 mars 2005, il y a quatre ans
exactement, le jeune franco-palestinien Salah Hamouri était
arrêté par l’armée israélienne à un chek-point situé en
Cisjordanie. Depuis il est en prison.
Durant trois ans où il était interné, un
« procès » s’est déroulé devant le tribunal militaire israélien
d’occupation, à Ofer, qui est installé dans les Territoires
palestiniens. Ce « procès » cherchait à apporter la preuve de
l’appartenance supposée de Salah Hamouri au FPLP suite à une
dénonciation anonyme. Plus de 20 audiences de ce procès, sur 25
qui ont eues lieu, ont été annulées faut de personnes se
présentant à la barre du tribunal alors que les « témoins »
annoncés étaient en fait tous des prisonniers qu’il était
donc facile » de faire comparaître.
Le Tribunal militaire de la « Force
occupante » israélienne cherchait à établir un lien de cause à
effet entre cette appartenance supposée au FPLP, démentie par
Salah et jamais prouvée, et le fait réel que trois mois avant
son arrestation Salah était passé de nuit en voiture avec un ami
devant le domicile du rabbin Yossef Ovadia.
Si ce dernier fait de son appartenance au
FPLP était dûment établi, alors le Tribunal militaire aurait
estimé « tenir » la preuve irréfutable que Salah Hamouri voulait
attenter à la vie de ce rabbin par ailleurs extrémiste. Il n’en
a rien été.
Au bout ce ces trois ans d’incarcération
sans qu’aucun délit ne soit établi, et alors que le procès était
dans l’impasse, les autorités françaises, au lieu de demander la
libération pure et simple de Salah aux mains d’un tribunal
illégal, ont alors incroyablement plaidé auprès de leurs
homologues israéliens pour que ce procès trouve une issue
« rapide ».
Cette demande effectuée en particulier par
Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères,
présent en Israël les 16 et 17 février 2008, a eu un effet
immédiat.
Dès le lendemain, le 18 février, le
procureur de ce tribunal a appelé l’avocate de Salah Hamouri
pour lui proposer le « marché » suivant, qui relève strictement
du chantage et non pas de la justice : « Ou bien Salah Hamouri
plaide coupable et il sera condamné à 7 ans de prison ; ou bien
il refuse et ce sera le double ».
Devant cette situation que tout le monde
connaît parfaitement, en particulier les autorités françaises,
Salah Hamouri, sur les conseils de son avocate et ainsi que le
font naturellement 95% des prisonniers palestiniens, a été
évidemment contraint d’accepter ce « marché » sous peine de
passer 14 ans en prison tandis qu’il n’a strictement rien fait
de condamnable.
Et depuis cette date où la sanction de 7
ans de prison ferme a été prononcée par ce tribunal militaire
illégal installé à Ofer en Cisjordanie, le 17 avril 2008, soit
deux mois tout juste après l’intervention de Bernard Kouchner,
les autorités françaises ont clairement affiché et manifesté un
double comportement.
1. Elles ont accepté de donner
« légitimité » à la décision arrachée par ce Tribunal militaire
pourtant illégal – a-t-on jamais vu un Tribunal militaire de
quelque force occupante que ce soit ne pas condamner un membre
d’un peuple occupé ? – et elles se sont alors réfugiées derrière
une vague demande de « clémence » qui n’a jamais aboutie.
Personne n’est dupe du fait que si cette demande avait été
réellement demandé par la France, avec toute la force qui
convient, elle aurait évidemment aboutie ;
2. Elles ont par ailleurs refusé, nous
parlons là du Président de la république, de recevoir les
membres de la famille ou les parlementaires de toute obédience
politique qui soutiennent justement la libération de Salah,
tandis que les familles de tous les français ayant des
« difficultés » à l’étranger ont été reçues, conformément à
l’engagement du Président de se porter au secours de tous nos
compatriotes et cela « quoi qu’ils aient fait ».
Salah Hamouri est donc doublement victime.
Il est victime de l’occupation israélienne
dont les tribunaux militaires israéliens, illégaux, ne sont par
ailleurs que l’un des moyens de cette occupation, pourtant
condamnée par l’ONU, qu’ils entendent imposer coûte que coûte.
Il est victime, en second lieu, de
l’attitude des autorités françaises qui non seulement ont
accepté de reconnaître cette parodie de « justice » tandis
qu’elle est illégale mais qui se refuse à intervenir – et c’est
le seul cas où un français est ainsi traité – avec toute la
force nécessaire auprès des autorités israéliennes, dont le
Président Shimon Pérès. Elles ont aussi – nous parlons ici du
Président – refusé formellement de recevoir la famille de notre
compatriote dont la mère, française, est originaire de
Bourg-en-Bresse affichant du même coup un mépris inqualifiable.
Le 13 mars 2009, Salah Hamouri aura ainsi
effectué, cela contre toute justice et au mépris du respect des
droits de l’homme, quatre ans de prison tandis que rien ne peut
les justifier et que rien n’est venu les justifier.
Et il est lâché par la France. Il est le
seul dans ce cas. Il est le seul français pour lequel rien n’est
fait et à propos duquel un refus d’agir du Président s’est
manifesté ostensiblement jusqu’à refuser ne serait-ce de
recevoir la famille ou les amis de Salah.
En ce jour du bien triste « anniversaire »
des 4 ans de captivité d’un innocent, Salah Hamouri, nous
demandons instamment au Président de la République française de
recevoir la famille ou les amis de Salah qui demandent sa
libération immédiate, et qui se sont regroupés dans un Comité
national de soutien. Nous lui demandons d’agir en ce jour
« anniversaire » auprès de son homologue israélien pour que
Salah ne passe pas une journée de prison supplémentaire et qu’il
soit libéré immédiatement. Salah aura 24 ans le 25 avril
prochain. Il doit être chez lui pour fêter son anniversaire avec
sa famille. A Jérusalem…
Dossier Salah
Hamouri
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