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Libérez Salah Hamouri
Pour 2009 ...
Jean-Claude Lefort
Dimanche 28 décembre 2008
Les vœux, c’est bien
joli. Mais s’ils ne sont pas suivis d’effets, s’ils ne sont
qu’un mirage dans le désert, la soif ne peut être rassasiée.
Aussi, avant de procéder au rituel des vœux, et pour bien
commencer une année, il peut être utile de faire le point.
De la mobilisation
citoyenne pour obtenir la libération de Salah Hamouri à
l’inaction du gouvernement français à l’égard de ce jeune
Franco-Palestinien, en passant par divers communiqués officiels
truffés d’erreurs et la quasi absence de ce cas dans les média,
Jean-Claude Lefort, Député Honoraire et membre du Comité de
Soutien à Salah Hamouri répond aux questions afin que les choses
soient claires et pour que 2009 ne soit pas pour Salah Hamouri
pareille à 2008.
E.B. : Pourquoi êtes-vous investi au sein du Comité de
soutien pour la libération de Salah Hamouri ?
Jean-Claude Lefort : Je me suis investi pour la
libération de Salah, comme beaucoup d’autres, car il n’est pas
tolérable, plus exactement il est condamnable, que le Président
de la République se porte au secours des Français en difficulté
à l’étranger, même quand les choses sont troubles. Il se porte
au secours de tous sauf d’un : notre jeune compatriote Salah
Hamouri, condamné à 7 ans de prison par un tribunal militaire
israélien qui est un des bras d’une armée d’occupation.
Il se trouve, en plus, que Salah Hamouri est jérusalémite et
qu’à ce titre, s’il est franco-palestinien de naissance (sa mère
est Française née à Bourg-en-Bresse et son père Palestinien), il
n’est pas reconnu dans sa nationalité palestinienne par la force
d’occupation israélienne qui lui dénie cette nationalité comme à
tous les Palestiniens vivants à Jérusalem-Est occupée. Il est
donc de fait et juridiquement un «Français» et uniquement un
«Français».
L’ayant rencontré dans sa prison pendant une heure en début
d’année 2008, je ne pouvais pas ne pas m’investir pleinement
dans ce Comité national de soutien pour exiger sa libération.
Car si nous avons été quelques uns à intervenir en sa faveur,
nous l’avons fait de manière séparée et nous avons reçu des
réponses dilatoires. Il fallait donc créer un événement qui
marque, d’où l’idée de créer ce Comité qui regroupe des
personnalités on ne peut plus diverses à tous points de vue.
E.B. : Vous avez réagi publiquement à des propos émis par
Bernard Kouchner, Ministre des Affaires étrangères ; ou plus
récemment à ceux de la Porte Parole de l'Ambassade d'Israël,
notamment en remettant en cause les accusations portés contre
Salah.
Pouvez-vous nous dire clairement ce qui est reproché à ce
jeune franco palestinien ?
J-C.L : Oui j’ai réagi car trop c’est trop ! Les choses
sont limpides. Salah Hamouri n’a commis aucun crime ni le
moindre fait répréhensible.
Il est passé en voiture, trois mois avant son arrestation,
devant le domicile du rabbin Yossef Ovadia, chef du parti Shas,
un rabbin connu pour ses positions extrémistes absolues. Ce
simple fait joint, après son arrestation, à l’accusation qu’il
serait membre du FPLP – ce qui est un mensonge total et
d’ailleurs jamais prouvé – a rien de moins abouti à ce que le
tribunal militaire israélien accuse Salah d’avoir voulu attenter
à la vie dudit rabbin. Il aurait eu « l’intention » mais ne
l’aurait pas fait. Et avec cela, il se retrouve avec une peine
de prison de 7 ans.
J’ai réagi récemment aux propos de la porte-parole de
l’Ambassade d’Israël en France car elle disait sciemment des
mensonges et en plus elle écrivait que si Salah avait été jugé
par un tribunal militaire israélien c’est parce que les faits
qui lui sont reprochés se sont déroulés en Cisjordanie et non
pas en Israël. Donc, sûre d’elle-même et de son « bon droit »,
Israël qui est condamné pourtant internationalement à occuper un
pays tiers, elle ose écrire qu’un Palestinien agissant en
Palestine doit être traduit devant un tribunal militaire
israélien installé en Palestine !
C’est un peu gros, en tout cas c’est révélateur du fait que ce
tribunal n’au aucune espèce de légitimité. Cela, que nous ne
cessons de dire, est donc désormais établi par la représentante
officielle de l’Ambassade d’Israël. Ce n’est certes pas la
démonstration qu’elle voulait faire mais son assurance
insupportable l’a conduit à faire cet aveu. J’en prends acte.
E.B. : Comment expliquez vous le manque d’engagement du
gouvernement Français en faveur de sa libération ?
J-C.L : Le gouvernement français a complètement revisité
sa politique au Proche-Orient. Il a le petit doigt sur la
couture de son pantalon, aux ordres des autorités israéliennes.
On peut clairement le constater à la lecture de ce qu’il écrit
ou dit qui est la reprise mot pour mot de ce que disent les
israéliens occupants, on peut le constater aussi et surtout au
fait qu’il ne fait strictement rien pour obtenir la libération
de Salah estimant que celui-ci a été l’objet d’un procès qu’il
n’a cessé de mander en lieu et place de sa libération. Il suit
comme un petit caniche les autorités israéliennes. Pauvre France
et non pas « Douce France ». Lamentable. C’est la triste
réalité.
Dès lors que le gouvernement ne veut pas bouger pour cette
raison limpide mais inavouable qu’il est totalement aligné sur
Israël, il n’est qu’une voie possible : celle de la mobilisation
pour le contraindre à obtenir la libération de Salah. C’est
possible car il y a eu des libérations récentes de prisonniers
qui procédaient non pas de décisions de justice, derrière
lesquelles se cachent constamment nos édiles monarchiques, mais
de décisions politiques du cabinet Olmert. Il existe aussi un
droit de grâce dont dispose le Président israélien Shimon Pérès.
Donc il y a des possibles réels qu’il n’utilise délibérément pas
à la différence, par exemple, de cette affaire sulfureuse d’une
association qui n’était pas « l’Arche de Noé » en plaidant et en
obtenant la grâce de ses membres auprès d’un Président africain.
Il en a les donc moyens mais il n’en a pas la volonté. Alors
l’expression de la volonté de justice qu’il a abandonnée passe
par sa prise ne main par la mobilisation. A nous de le
contraindre à faire ce qu’il devrait faire normalement.
Un Français innocent en prison en Israël ne devrait pas rester
une seconde de plus dans sa geôle si ce gouvernement était celui
de tous les Français. Il ne l’est pas. Voici, avec l’UMP et ses
ralliés, revenu le temps du «parti de l’étranger».
E.B. : Où en est l’action du Comité de Soutien à Salah Hamouri
?
J-C.L : D’abord un
Comité national s’est constitué. Ensuite, je le disais, il
est très divers et ceci à tous égards. Enfin son audience
s’accroit chaque jour au point que l’Ambassade d’Israël, pour la
première fois depuis un an, a du réagir publiquement* sur le cas
de Salah. Enfin des
Comités régionaux et locaux se mettent en place. Le
mouvement prend de l’ampleur. Il faut continuer pour que nos
deux demandes de rendez-vous soient positives. L’une a été faite
par les parlementaires membres du Comite en
direction du Président de la république. Et l’autre, pour
début janvier, par le Comité en
direction de l’étrange ministre des Affaires étrangères.
Nous avons mis en ligne une pétition à cette fin (http://www.salah-hamouri.fr),
et j’invite vos lecteurs à signer massivement.
E.B. : Pour cette nouvelle année, quels sont les vœux du
Comité de Soutien ?
J-C.L : Nous disons une chose simple et claire qui
indique nos intentions : 2009 ne doit être pour Salah pareille à
2008. Nous avons la détermination nécessaire pour qu’il en soit
ainsi, autrement dit pour qu’il soit libéré. C’est justice et
droit de l’Homme. Nous ne lâcherons donc pas prise, que personne
ne s’y trompe !
Propos recueillis par Eric Biesse
* Dans son
communiqué du 20 octobre 2008, le Ministre Français des
Affaires étrangères reprend les mêmes propos et les mêmes
erreurs que
celui du 23 décembre 2008 émis par la Porte Parole de
l’Ambassade d’Israël en France. On lit ainsi dans les deux
communiqués : « il a choisi de plaider coupable » ; « il a
renoncé à faire appel », « il est accusé de complot contre un
chef religieux israélien »… Autant d’accusations erronées.
Dossier Salah
Hamouri
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