Comité national de soutien à Salah Hamouri
J'espère que vous lirez cette lettre
Salah Hamouri
Mardi 20 juillet 2010
Au pays de
la révolution française qui a mis fin au féodalisme et à la
servitude en propageant à travers le monde les mots de « Liberté
– Egalité – Fraternité » ; à Paris, capitale d’un pays qui a
résisté hautement pour se libérer de la barbarie d’une armée
occupante féroce et brutale ; depuis vos bureaux à l’Elysée ou
ceux du Quai d’Orsay – j’espère que vous lirez ma lettre.
Dans l’un de
ces bureaux, ma mère a été finalement reçue afin de discuter des
moyens pour obtenir ma libération.
Nous savons
tous que la démocratie fonde le respect de la diversité des
êtres humains. Elle définit les bases légales qui accordent à
chacun des droits et des devoirs. Elle prône l’égalité des
droits humains et refuse absolument d’établir des différences
négatives et ségrégatives selon la couleur de la peau,
l’origine, la religion, etc.
Comme
citoyen franco-palestinien, je pensais que les autorités
françaises se devaient de me protéger (comme elles le font pour
tous nos compatriotes français injustement en difficulté dans le
monde) alors que je vis dans un pays sous occupation militaire
décidée par un gouvernement qui refuse obstinément de
reconnaître et d’appliquer le droit international.
Il
semblerait que ce gouvernement, le gouvernement israélien, vous
ait convaincu que le seul moyen pour moi de retrouver la liberté
n’était pas que, lui, fasse, ce qu’il devrait faire pour cela
mais qu’en plus de l’injustice que je subis que, moi, je fasse
un acte d’humiliation supplémentaire : que je présente des
« regrets » devant un tribunal militaire d’occupation.
Je voudrais
vous poser une seule question : aurait-il été acceptable pour
vous que les résistants français, pendant la seconde guerre
mondiale, « regrettent » leurs actes devant des tribunaux
d’occupation ou de collaboration ?
Si on ne
peut comparer terme à terme les deux situations, il n’en reste
pas moins que la Palestine vit aussi sous occupation étrangère
depuis maintenant 62 ans. Une occupation brutale qui multiplie
les meurtres, qui construit des murs, qui assiège et colonise,
qui expulse le plus possible de Palestiniens de leur terre ou de
leurs maisons, surtout à Jérusalem-Est où je vis avec ma
famille.
Devant cette
occupation que vit mon peuple, je ne peux rester ni indifférent
ni me taire. Je suis né et j’ai grandi dans un pays occupé et,
parce que je ne peux pas me taire, je suis depuis plus de 5 ans
en prison. Comment pourrais-je accepter cette occupation que
vous-même avez condamnée ? C’est mon droit que de la refuser.
Dans ces
conditions il n’est pas pensable une seule minute, qu’en plus de
tout cela que je subis, j’en vienne à « regretter » ou à
« m’excuser » de quoi que ce soit devant un tribunal militaire
d’occupation.
Je soutiens
la résistance légitime de mon peuple qui bénéficie de la
solidarité des gens libres à travers le monde.
Bien à vous,
Salah Hamouri
Prison de Guilboa
Section 4
Le 14 juillet 2010
Dossier Salah
Hamouri
Les dernières mises à
jour
|