Comité national de soutien à Salah Hamouri
Lettre ouverte à Daniel Shek, Ambassadeur d'Israël
Salah Hamouri
Paris, le 23 novembre 2009
Jean-Claude Lefort
Député honoraire
M. Daniel Shek
Ambassadeur d’Israël en France
3, rue Rabelais
75008 Paris
Monsieur l’Ambassadeur,
Sur la chaine nationale de télévision « France 2
», au cours de l’émission « 13h15 » diffusée le dimanche 22
novembre 2009, vous avez parlé d’un jeune Français, Salah
Hamouri, en prison depuis près de 5 ans dans votre pays.
On se doit de reconnaître que votre intervention
a le mérite d’une certaine clarté.
En effet, vous avec expliqué que s’il est en
prison pour 7 ans c’est tout simplement parce qu’il a eu « le
projet » « de commencer des préparatifs » contre un rabbin ultra
orthodoxe qui « aurait pu » être assassiné.
Il a eu le « projet » de « commencer » des «
préparatifs »… contre un rabbin qui « aurait pu être »…
Voilà quel est, pour vous, son premier délit. Un
délit qui est tout sauf établi puisque que votre raisonnement
est basé sur des suppositions. Vous êtes, et pour cause, dans
l’impossibilité de prouver quoi que ce soit de concret et ne
pouvez vous appuyer sur des faits, des preuves tangibles ou des
actes effectifs commis puisqu’il n’y en a pas.
Nous sommes là dans le monde des supputations et non dans celui
des actes formels. Elles ne peuvent donc valoir condamnation.
Vous ajoutez que le second chef d’accusation
contre Salah Hamouri est qu’il « est membre du FPLP » et qu’il
joue « un rôle majeur » dans cette organisation « terroriste ».
Cette affirmation est tout simplement inexacte, Monsieur
l’Ambassadeur.
Le tribunal n’a en aucune façon déclaré
l’appartenance de Salah Hamouri au « FPLP » ni non plus un
quelque « rôle majeur » joué par lui au sein de cette
organisation qui, je vous le rappelle, est membre de l’OLP
dirigée par le Président Mahmoud Abbas et qui est considérée
officiellement comme le « représentant légitime du peuple
palestinien ».
Notons par ailleurs que Salah n’avait que 20 ans
quand il a été arrêté, ce qui rend tout simplement impensable
son soi disant rôle « majeur » au sein de cette organisation
dont il n’est pas membre de surcroît ni non plus des « Jeunesses
du FPLP ». Aucun fait, là non plus, n’a été établi ou prouvé sur
ce plan contrairement à ce que vous dîtes.
Je vous rappelle, à cet égard, que plus de 20
audiences de son procès ont été annulées faute de témoins se
présentant à la barre pour confirmer cette « accusation » que
vous avez reprise à tort et à charge. Les « témoins » annoncés
étant pourtant tous des prisonniers, eux aussi…
C’est sur la base d’une « accusation anonyme »
qu’il a été arrêté trois mois après - trois mois après – être
passé, ceci étant un fait avéré, en voiture devant le domicile
du rabbin Yossef Ovadia que vous « défendez » étonnement eu
égards ses prises de positions connues comme étant des plus
extrémistes contre les Arabes mais aussi contre les Juifs.
Je résume donc les deux « charges » qui auraient
été émises selon vous : une « intention », « un projet », d’une
part, et une affirmation d’appartenance de Salah Hamouri au FPLP
qui n’a pas été reprise ni prouvée par le tribunal militaire,
d’autre part. Je n’insiste pas sur ce « rôle majeur » supposé
que vous attribuez à notre jeune compatriote au sein de cette
organisation dont il n’est pas membre. C’est une affirmation
extravagante à l’évidence.
Vous avez poursuivi vos déclarations par un
raisonnement très « intéressant » puisque vous avez déclaré que
les « Territoires palestiniens ne sont pas israéliens, qu’ils
sont occupés et que pour cette raison c’est un tribunal
militaire qui accuse ». Précisons : c’est un tribunal militaire
israélien, en l’occurrence celui d’Ofer situé en plein cœur de
la Cisjordanie occupée qui a accusé et condamné notre jeune
compatriote.
Ces propos sont toutefois à rapporter avec le
fait que Salah Hamouri habite Jérusalem-Est.
Il résulte de vos dires que, pour la première
fois depuis 1967, un responsable israélien d’importance, chargé
notamment représenter son pays à l’étranger, reconnaît que
Jérusalem-Est est bien occupée. Dont acte !
Cela dit, et par définition, un tribunal
militaire d’occupation est tout aussi illégitime, illégal et
condamnable que l’occupation elle-même. La preuve est
formellement établie : quiconque « passe » devant pareil
tribunal en Israël est à coup sûr condamné. Les exceptions à
cette « règle de non-droit » qui sont infinitésimales le
confirment.
Ajoutons que le recours devant la « Cour suprême
» que vous avez évoqué est strictement impossible eu égard la
procédure utilisée devant le tribunal militaire (un «
arrangement » selon un vocabulaire effroyable).
Le tribunal militaire ne peut donc qu’examiner, selon les lois
israéliennes, qu’une « remise de peine » au bout des 2/3 de la
peine exécutée. Ceci a été fait et la Commission
ad
hoc l’a refusée récemment et plus
que très sèchement.
De l’ensemble de vos propos il ressort avec
force que Salah Hamouri a bien été condamné pour raison
politique.
C’est ce que nous ne cessons de dire. Et
donc puisque c’est la politique, et uniquement la politique,
qu’il l’a conduit en prison, c’est la politique qui l’en
sortira. Il en va de même, notons-le car ce n’est pas sans
second ou sans lien, pour la libération du caporal Gilad Shalit.
Elle sera elle aussi de nature politique de même que la
libération des prisonniers palestiniens en échange. Ce ne sera
pas la première fois que , sur décision politique et non pas
juridique, Israël libère des prisonniers.
C’est pourquoi,
Monsieur l’Ambassadeur d’Israël en France,
après vos déclarations télévisées de ce dimanche nous sommes
confortés dans notre exigence, dont le ministre français des
Affaires étrangères a dit tout récemment qu’il la plaidait
auprès des autorités de votre pays, à savoir que nous demandons
la libération de notre compatriote Salah Hamouri en prison en
Israël depuis près de 5 ans pour délit d’intention.
Il est vrai, et cela est tout à fait exact,
que notre jeune compatriote dont la seule nationalité
de jure est la
nationalité française bien qu’il soit binational de naissance
n’accepte pas l’occupation des Territoires palestiniens, inclus
Jérusalem-Est, dont vous avez reconnu la réalité. Il utilise en
la circonstance, et pacifiquement, un droit de l’Homme
fondamental et imprescriptible.
En vous remerciant infiniment des
confirmations directes ou indirectes que vous avez apportées à
nos arguments et en souhaitant une action déterminée de votre
part en faveur de notre compatriote pour que cesse ce déni de
justice et que Salah Hamouri retrouve sa famille à Jérusalem,
Je vous prie de croire,
Monsieur l’Ambassadeur d’Israël en France,
à l’expression de nos salutations distinguées.
Jean-Claude Lefort
Coordinateur du Comité national de soutien à Salah Hamouri
Dossier Salah
Hamouri
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