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Conférence de presse du Général Michel Aoun

Le général Michel Aoun - Photo Cape France

3 mars 2008

Suite à la réunion du BCR, le Général Michel Aoun a donné la conférence de presse suivante :

Pour commencer, nous déplorons avec fermeté les attaques et les massacres israéliens contre Gaza. c'est un carnage, un crime qui dépasse l'imaginaire.

Depuis 60 ans jusqu'à nos jours, Israël cherche à résoudre ses problèmes en utilisant la violence à travers des bombardements aériens et terrestres et depuis, la situation n'est pas résolue, bien au contraire, la résistance se fortifie chaque jour. Israël doit changer sa façon de dialoguer et de résoudre les conflits, ceci en suivant une politique qui respecte les lois internationales ainsi que la justice et l'égalité entre les hommes.

Après 60 ans, je peux affirmer que les juifs du monde se sentent plus en sécurité dans n'importe quel pays à l'exception d'Israël, qui, ironie du sort, a été créé dans le but de leur offrir la sécurité et la tranquillité !!

S'ils entendent mon conseil, je souhaite qu'ils y pensent sérieusement. Le conflit ne concerne pas simplement un territoire, une terre, mais la façon de gérer une relation de paix avec son voisinage et les pays environnants . Cette relation pacifique ne peut avoir lieu que selon les principes de la  justice internationale et de l'égalité. S'ils ne se sentent pas capables d'avoir de tels rapports, ils ne peuvent pas garantir leur sécurité.

Ensuite, je reviens aux sujets du bâtiment destroyer états-unien USS Cole, envoyé aux larges des côtes libanaises. Certains voient dans cette démarche une escalade dangereuse et donc contestent un tel déploiement ; d'autres, ne manquant pas de culot, y sont favorables. Nous connaissant cette façon d'intimidation par la force car utilisée depuis plus de 41 ans et nous  pouvons y résister.

Le recours aux armes est toléré pour se défendre mais non pour s'imposer. Il est temps qu'ils comprennent qu'on ne peut avoir la paix et la stabilité par la force. L'Europe, qu'un ministre américain a qualifiée de "vieille", a le plus d'expérience dans ce domaine : il suffit de voir comment, en ayant recours à l'entente et à la paix , l'Union Européenne a pu naître évitant ainsi la mort de millions de personnes à cause des conflits internes.

Le troisième sujet que je souhaite aborder concernent la représentation du Liban au sommet arabe. J'espère que le Liban ne sera pas représenté car persister à soutenir aussi farouchement un gouvernement illégal que le peuple ne reconnaît n'est bon pour l'intérêt de personne. Il vaut mieux que Liban soit absent que mal représenté. Aujourd'hui, nous aurions déjà résolu nos conflits s'il n'y avait pas ce soutien extérieur au gouvernement actuel, un soutien qui dépasse le cadre des relations diplomatiques et qui viole nos droits. On aurait pu avoir un Président de la République, un gouvernement d'union nationale et le Liban aurait été stable.

A ce sujet, le discours du ministres des affaires étrangères égyptiens "Abou El Ghaiz" (qui devrait sans tardé rejoindre "la majorité"!!)  a attiré mon attention : il accuse l'opposition de l'échec de l'initiative arabe. Je voudrais lui rappeler que nous avons au Liban nos propres habitudes démocratiques et nos droits. Nous avons le droit de refuser ou d'accepter ce que bon nous semble. Avant tout, je tiens à préciser que nous n'avions pas refusé l'initiative arabe qui ne contenait que des idées générales ; nous les avons remerciés et avons voulu étudier et expliquer cette initiative. Cependant, si cette explication se conforme aux demandes de la majorité, nous ne l'accepterons pas en effet. La formule de cette initiative (qu'elle soit arabe ou européenne)  est 19+1+10. On tourne dans un cercle vide. Il veulent que l'opposition renonce à son droit de partage du pouvoir en faveur de la majorité, et que cette dernière organise des élections qui lui donnent la possibilité de prolonger son pouvoir. On connaît tous les moyens illégaux persuasifs qu'utilise la majorité pour obtenir le pouvoir : la pauvreté, la peur, le manque ... En dehors de lois et de garanties, nous risquons à nouveau de nous retrouver dans une situation de vide constitutionnel où le peuple libanais n'est pas représenté.

Nous invitons ainsi,  tous les pays, ministres, amis ... à respecter nos droits les plus naturels à dire oui ou à dire non et à définir nous-mêmes les conditions de la participation du Liban au sommet arabe ou de non participation. Toute personne qui veut observer ou donner un conseil est la bien venue mais elle ne peut en aucun cas imposer sa loi ; déjà qu'ils soutiennent le gouvernement Siniora ! D'ailleurs, je tiens à signalé que c'est la majorité qui a causé l'échec de l'initiative arabe.

Q : Les israéliens ont affirmé qu'ils arrêteront d'attaquer Gaza lorsqu'il y aurait des changements. Que concernent ces changements ? Pourquoi le rapatriement des communautés étrangères, et la présence du le bâtiment USS Cole ?

R : Aujourd'hui nous avons observé une trêve.  Forcément, quelque chose a dû arriver. Il y a des trêves sur plusieurs fronts : Ahmadinejad est en Irak, la Turquie se retire du Kurdistan, Israël se calme à Gaza.. Il y a comme un changement dans les relations politiques... Concernant les communautés étrangères, jusqu'à lors, il n'y a que l'Arabie Saoudites qui a demandé à ses ressortissants de quitter le Liban. On cherche à semer la peur, mais je doute qu'il y ait une guerre. Je peux me tromper mais je ne pense pas qu'une guerre est en vue.

Q : Monsieur Beri pense que  Siniora ne participera pas au sommet. Hier, Boutros Harb a déclaré qu'une délégation sera désignée pour représenter le Liban.  Qui a la légitimité et la prérogative de représenter le Liban ? Pourquoi ont-ils peur que le Liban n'y participe pas ?

R : Je suppose que personne ne participera à ce sommet. Ils pensent qu'ils ont la prérogative de former une délégation. Je ne sais pas qui va représenter le Liban, mais cette personne saurait-elle réellement représenter le Liban et ou représentera t-elle une autre force présente au sommet et qui a une influence sur elle. Le Liban ne devrait participer que lorsqu'il aura un Président que les libanais auraient désigné. Dans tous les cas, la participation du Liban n'avancera pas dans la résolution des conflits.

Q : Monsieur Beri a parlé d'une nouvelle initiative européenne dans le cas d'un échec définitif de l'initiative arabe. Avez-vous encore confiance dans les Européens ?

R : C'est à eux de reconsidérer leurs propositions. Nous sommes arrivés à une échéance ultime de négociation et de concertation avec la majorité. Toute nouvelle initiative doit prendre en considération ce que nous avons proposé durant la dernière réunion quadripartite.

Q : Que répondez-vous au ministre russe qui accuse l'opposition de l'échec de l'initiative arabe alors que la Russie est proche de l'opposition ?

R : Ce n'est pas un ministre mais un député élu par la commission étrangère. Un député a le droit d'être d'accord ou pas avec son gouvernement. C'est le ministre des affaires étrangères ou l'ambassadeur qui représente un pays. Ainsi, beaucoup de députés américains nous soutiennent aujourd'hui alors qu'ils ne représentent pas la position des Etats unis.

Q : Pensez-vous que nos conflits seront résolus durant le sommet arabe, après les élections américaines ou en 2009 après les élection législatives libanaise ?

R : Ils peuvent être inspirés à n'importe quel moment !

Q : De quelle façon ?

R : Il y a plein de miracles dans ce monde !!

Q : Qui va produire le miracle cette fois-ci ?!!

R : C'est nous qui faisons un miracle par la foi que nous avons en nous-même. Toute personne qui se réfugie dans les capitales étrangères ne vaut rien et n'est capable de ne rien résoudre. Le miracle se produit par des Hommes responsables. On aurait résolu ce problème il y a fort longtemps si nous avions face à nous des personnes qui ont confiance en elles et qui connaissent le sens réel de l'indépendance et de la souveraineté. Toute personne est invitée avant tout à reconnaître l'autre. Comment voulez-vous que des personnes qui n'ont aucune reconnaissance de l'autre trouvent une solution ? !! Nous nous contentons des photos de personnes qui gouvernent de loin !!

Q :  Pour quelle raison le Liban est le maillon faible de la région. Pourquoi les Libanais ne parviennent-ils pas à trouver une solution purement libanaise et interne à leur crise sans aucune ingérence étrangère ?

R : Je l'ai dit à plusieurs reprises : au lieu de se rendre dans les capitales étrangères, nous pouvons trouver la solution dans une concertation interne entre Rabbieh, Kouraitem, Ain El Tineh et El Dahieh. En ce qui me concerne, je propose des solutions purement libanaises, inspirées de ma propre analyse de la situation et prises en toute liberté. Toute personne qui souhaite, comme moi, être libre de ses décisions, respecter les droits des autres et partager le pouvoir est la bien venue. Nous trouverons facilement une solution. C'est le message que j'ai déjà envoyé à Siniora plus d'une fois : qu'on puisse se concerter tous les deux librement car l'opposition aussi fait partie du pays même si elle n'est pas au gouvernement et elle aussi est capable de trouver des solutions aux crises. Que voulez-vous, lorsqu'un professionnel a affaire à un amateur, le travail ne peut pas être réussi !!

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Equipe de presse de Rhône-Alpes

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Publié le 6 mars 2008 avec l'aimable autorisation du RPL
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