Libnanews
Le Front de la Liberté se penche sur la question
palestinienne au Liban
15 novembre 2008 Le Front de
la Liberté s’est penché sur la question palestinienne au Liban
avec une approche non pas exclusivement sécuritaire mais en
prenant également en considération les aspects politiques,
sociaux-économiques, démographiques et humains du problème.
Il existe pour l’Etat
libanais trois scénarios concernant les organisations
palestiniennes :
1. Le statut
quo.
2. Les maintenir
armées mais contrôler les camps.
3. Les désarmer
et donc contrôler les camps.
Le maintien du statut quo est hors de
question car les camps sous le contrôle des organisations
palestiniennes armées se sont transformés en îlots d’insécurité
et en zones de non-droit où se cachent des hors-la-loi parce que
les forces armées libanaises n’y sont pas présentes et où se
développent l’extrémisme religieux et le terrorisme en raison du
chômage et de la pauvreté.
En Syrie, les organisations
palestiniennes sont armées mais les forces armées syriennes
contrôlent les camps. Toutefois, les organisations
palestiniennes armées en Syrie sont toutes pro-syriennes tandis
qu’au Liban, les organisations palestiniennes armées sont
affiliées à tout (Autorité nationale palestinienne,
Arabie-Saoudite, Syrie, Irak, Libye, Iran, Al-Qaeda, etc.) sauf
au Liban… Pour cette raison, la proposition de créer une brigade
palestinienne rattachée à l’armée libanaise qui obéirait au
commandement militaire libanais ou d’unités de police mixtes
palestino-libanaises à l’intérieur des camps (prévue par
l’accord du Caire) ne peuvent être retenues car la réalité
serait différente de la théorie : celles-ci obéiraient à tous
sauf au commandement de l’armée libanaise…
Or, la résolution 1559 de l’ONU «
demande que toutes les milices libanaises et non-libanaises
soient dissoutes et désarmées. » Quant à l’accord du Caire
conclu le 3 novembre 1969, celui-ci fut atténué par l’accord de
Chtaura (dit de Melkart) du17 mai 1973 puis abrogé par le Liban
le 21 mai 1987. L’Etat libanais doit donc mettre un terme à
l’extraterritorialité des camps palestiniens en créant des
commissariats des Forces de sécurité intérieure (F.S.I.) à
l’intérieur de ceux-ci pour en assurer le contrôle conformément
à la décision d’abroger l’accord du Caire et désarmer les
organisations palestiniennes présentes à l’extérieur et à
l’intérieur des camps palestiniens conformément à la résolution
1559. Dans le même temps, il faut trouver le moyen d’éviter
toutes tensions entre les F.S.I. et les réfugiés palestiniens à
l’intérieur des camps. Ainsi, des réunions hebdomadaires avec
les représentants des organisations palestiniennes pourraient
avoir lieu dans les commissariats à l’intérieur des camps afin
qu’entre les F.S.I. et la population palestinienne des camps les
relations soient les meilleures possibles. Le Front de la
Liberté qui a proposé la création d'une garde nationale,
institution civile organisée (recrutement, financement, etc.) au
niveau des régions, c’est-à-dire par les Conseils régionaux
élus, dans le cadre du régionalisme et couvrant le territoire
national, aiderait les FS.I. dans leur mission de contrôle des
camps palestiniens.
Il existe pour l’Etat libanais trois
scénarios concernant les réfugiés palestiniens :
1.
Le statut-quo.
2.
L’implantation.
3.
La distribution par l’Autorité nationale palestinienne de
passeports palestiniens.
Le maintien du statut quo est hors de
question car la situation actuelle a d’ores et déjà conduit à
plusieurs vagues de naturalisations. Le gouvernement lança par
le décret 5247 du 20 juin 1994, deux grandes campagnes de
naturalisations : l’une en 1994 (touchant 2/3 des naturalisés
par le décret) et l’autre en 1995 (touchant 1/3 des naturalisés
par le décret). Ces naturalisées sont quasi-exclusivement des
musulmans, essentiellement sunnites. En juin 2006, le ministère
de l’intérieur assurait que 203 000 personnes avaient été
naturalisées en vertu de ce décret mais en réalité, celui-ci
concernerait plus de 300 000 personnes, certains parlent même de
450 000 ! Le nombre de palestiniens naturalisés s’élèverait à au
moins 27 000, certains allant jusqu’à parler de 60 000 ! Ce
décret et ces naturalisations doivent être annulés.
L’implantation au Liban des quelques
400 (411 000 d’après l’UNWRA) à 600 000 (en comptant les 27 à 60
000 palestiniens naturalisés libanais par le décret 5247 et les
75 000 palestiniens arrivés après 1967 et septembre noir en 1970
en Jordanie, considérés comme illégaux par l’Etat libanais)
palestiniens est illégale. En effet, la constitution l’interdit.
Cela pour des raisons politiques, socio-économiques et
démographiques : - ne pas annihiler le droit au retour en
Palestine garanti par la résolution 194 de l’ONU ; - ne pas
déséquilibrer le rapport offre/demande d’emplois dans l’état du
développement économique du Liban et de la lourde dette que
celui-ci supporte d’autant que l’émigration libanaise se
poursuit et qu’un tiers des libanais vivent sous le seuil de
pauvreté ; - et, ne pas déséquilibrer le système communautaire
libanais puisqu’entre 90 et 95% des palestiniens sont musulmans
sunnites. D’autre part, les réfugiés palestiniens ne sont ni des
réfugiés volontaires ni des travailleurs étrangers. Leurs droits
socio-économiques sont donc très limités malgré l’octroi du
permis de travail et la réduction du nombre de métiers interdits
ces dernières années, cela pour ne pas faire de l’implantation,
un « fait accompli ». Et l’histoire de leur présence au Liban ne
plaide pas en leur faveur puisqu’après avoir été accueillis et
s’être vus accorder une liberté d’action pour leur résistance et
la défense de leur cause (à travers les accords du Caire et de
Melkart pourtant contraires à la convention d’armistice
israélo-libanaise du 23 mars 1949 dans laquelle les deux parties
s’engageaient à n’entreprendre et à ne projeter aucune agression
contre l’autre partie) qu’aucun Etat arabe ne leur avait donné,
ils se sont comportés en ennemis des chrétiens et des chiites
dans les années 1970 et 1980. Le Liban a payé le prix du conflit
israélo-arabe et de la présence palestinienne plus que n’importe
quel Etat arabe.
Certes, les libanais ont leur part de
responsabilité mais cela ne signifie nullement que le problème
doit être résolu à leurs dépens. En maintenant le statut quo, le
Liban et les palestiniens du Liban risquent de payer le prix
(pour le Liban que le statut quo se transforme en fait accompli
d’implantation et pour les palestiniens du Liban que leur
situation ne change pas malgré la création d’un Etat
palestinien) d’un règlement qu’ils espèrent mais dont nul ne
peut prévoir ni la date ni le rapport de forces et la
conjoncture du moment. Même si un Etat palestinien était créé,
cela ne résoudrait pas sérieusement le problème. La seule
formule qui reste au Liban c’est d’exiger de l’Autorité
nationale palestinienne qu’elle distribue gratuitement des
passeports palestiniens aux réfugiés palestiniens au Liban pour
qu’ils puissent dès à présent retourner sur le territoire sous
son contrôle pour ceux originaires de ces régions ou émigrer
pour les autres. Cela pour des raisons politiques mais également
humaines, économiques et sociales. De plus, les réfugiés
palestiniens au Liban eux mêmes ne veulent pas rester au Liban
avec leur statut actuel : ils voudraient être des citoyens
palestiniens pour pouvoir émigrer ou retourner sur le territoire
sous contrôle de l’Autorité nationale palestinienne pour ceux
qui sont originaires de ces régions. Quant à ceux désirant
rester, ils voudraient obtenir le statut de travailleurs
étrangers comme les autres ressortissants étrangers.
Avec l’octroi gratuit par l’Autorité
nationale palestinienne de passeports palestiniens,
1. L’application
de la résolution 194 de l’ONU permettrait à 20% des palestiniens
du Liban de retourner d’ores et déjà sur le territoire sous
contrôle de l’Autorité nationale palestinienne ;
2. Et,
l’application du regroupement familial établi par la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme permettrait à 25% des
palestiniens du Liban de rejoindre leurs familles installées à
l’étranger notamment dans les pays arabes.
D’autre part,
3. La priorité
serait donnée aux palestiniens sur les autres immigrés présents
au Liban à la possibilité d’émigrer dans des pays comme le
Canada, l’Australie et les Etats-Unis ;
4. Et, une
répartition équitable des palestiniens du Liban restant serait
décidée dans le cadre de la Ligue des Etats arabes en prenant en
compte les ressources économiques de chaque Etat et des
opportunités d’emplois que celui-ci peut leur offrir
conformément à ce qu’avait préconisé le Front Libanais réuni à
Ehden le 25 août 1977.
Au bout de ce processus qui devra
être rapide selon un calendrier précis, les camps palestiniens
au Liban seraient vidés, fermés puis détruits et les
palestiniens restant au Liban (approximativement 20 000) y
vivraient alors comme tous les autres travailleurs étrangers
avec le même statut et les mêmes droits pour éviter qu’ils
soient parqués dans des camps-ghettos qui n’engendrent que
chômage, pauvreté, extrémisme et terrorisme.
Enfin, le Front de la Liberté
réaffirme sa proposition de mettre en place au Liban une
neutralité qui le placerait aux côtés des arabes lorsqu’ils
s’entendent comme c’est le cas pour la création d’un Etat
palestinien en Palestine et sur la touche quand ils se
disputent. Sa neutralité serait positive (c’est-à-dire que tout
en gardant un esprit civilisateur d’ouverture au monde, le Liban
s’assurerait une protection contre les vents et les tempêtes
soufflant du dehors) et permanente avec une garantie
internationale. De plus, le Front de la Liberté considère que
l’application des résolutions internationales et des accords
d’armistice permettront d’aboutir à une paix régionale.
Copyright © 2008 Libnanews - Le Liban et son
info. Tous droits réservés.
Publié le 16 novembre 2008 avec l'aimable autorisation de Libnanews
|