Nouvelles d'Irak
Affaire «Pétrole... sans
nourriture»
Gilles Munier
Gilles Munier
Mercredi 21 juillet 2010
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU
a annoncé le 19 juillet 2010 (1) que de « nombreux
besoins » en nourriture, et en abris pour les
« personnes déplacées » – euphémisme utilisé pour
désigner les Irakiens victimes des opérations de nettoyage
ethnique organisées par les milices pro-iraniennes -
prévus par son Plan d’action 2010 ne pourront pas être assurés,
faute de moyens financiers. Extraits du communiqué :
- Les distributions de nourriture à 800.000 femmes enceintes et
allaitantes et à des enfants mal-nourris ont dû être suspendues,
- Les distributions de nourriture à 960.000 enfants allant à
l'école ont également été suspendues,
- Les conditions d'existence de 500 000 personnes affectées
par la sécheresse dans les gouvernorats de Soulimaniya et Dohouk
sont menacées,
- Le plan d'action pour aider 22.500 familles déplacées
vulnérables avec des abris d'urgence va devoir être suspendu.
Des milliers de ménages vont devoir continuer à vivre dans des
abris de fortune, sans pouvoir se protéger des conditions
climatiques extrêmes.
Où passe l’argent du pétrole ?
Sept ans après l’invasion de l’Irak et le renversement du
Président Saddam Hussein, le régime de Bagdad rongé par la
corruption (2) quémande toujours des fonds à des pays
donateurs, mais avec de moins en moins de résultat. Cette année,
sur 187,7 millions de dollars requis pour la mise en œuvre du
plan humanitaire de l’ONU, seulement 12% des promesses de
financement ont été honorés.
Et pour cause : selon
Hussein al-Sharistani,
ministre du Pétrole, les revenus pétroliers irakiens se montent
à 171 milliards de dollars pour la période 2006 /2009.
L’Irak produit aujourd’hui 2,5 millions de barils de brut par
jour. Question : où passe l’argent du pétrole ?
A Bagdad et à Erbil (Région autonome du Kurdistan), les
contrats dits de reconstruction sont signés avec des entreprises
étrangères en fonction des avances sur commissions qu’ils
génèrent. Tant pis si les travaux ne sont pas réalisés, pour des
raisons de sécurité ou pour engagements non tenus (3).
L’inculpation récente de Tarek Aziz pour « dilapidation des
deniers publics » - décision prise sans doute pour
relancer l’affaire « Pétrole contre nourriture » et faire
chanter des personnalités étrangères – ne trompe pas les
Irakiens qui savent que l’argent du pétrole engraisse les
comptes bancaires ouverts dans des paradis fiscaux par les
politiciens et les chefs de milices parvenus au pouvoir en 2003.
Notes :
(1)
Iraq : le manque de fonds menace la distribution de l’aide
alimentaire
http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=22456&Cr=Iraq&Cr1=
(2)
L’Irak est un des quatre pays les plus corrompus au monde, selon
l’ONG Transparency International
(rapport 2009).
(3)
Lire :
Sarkozy et le commerce
franco-irakien / Arnaques et pièges en tous genres
http://www.france-irak-actualite.com/pages/Sarkozy_et_le_commerce_francoirakien_avril_2009-1982461.html
(4) Irak :
quand le pétrole assure des revenus juteux
http://www.leblogfinance.com/2010/07/irak-quand-le-petrole-assure-des-revenus-juteux.html
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 21 juillet 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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