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Nouvelles d'Irak
Affaire
Hariri: le général Jamil Sayyed monte au créneau
Gilles Munier
Gilles Munier
Mercredi 15 septembre 2010
Le général Jamil Sayyed, ancien chef de la Sûreté générale
libanaise, a été placé en détention pour «meurtre par
préméditation», «tentative de meurtre par
préméditation», et «perpétration d’actes terroristes»,
le 30 août 2005, et emprisonné arbitrairement pendant quatre ans
sur ordre de l’Allemand Detlev Mehlis, procureur du Tribunal
spécial pour le Liban (TSL). Ce dernier prétendait détenir
contre lui, ainsi que contre trois autres généraux libanais
(1), des « témoignages et des preuves convergentes »
de leur participation présumée à l’attentat dont été victime
Rafic Hariri. Il ne disposait, en fait, que de faux témoignages,
fabriqués pour les impliquer, ainsi que la Syrie.
Complot contre la Syrie
Le procureur canadien Daniel Bellemare les a libéré, le 29 avril
2009,
« faute de preuves suffisamment crédibles »,
son prédécesseur le belge Serge Bramertz ayant reconnu manquer
de courage pour le faire. Depuis, Jamil Sayyed ne ménage aucun
effort pour que la vérité éclate concernant l’assassinat de
Rafic Hariri et le complot contre la Syrie. Il a aussitôt porté
plainte
aux Nations unies et en France contre
Detlev Mehlis et son adjoint Gerhard Lehmann qui lui ont
demandé, en échange de sa libération, de « persuader la
Syrie d'identifier une victime officielle qui avouerait le
crime, puis serait découverte morte des suites d'un suicide ou
d'un accident de voiture, après quoi un arrangement serait
conclu avec la Syrie » (2). Sinon… ce serait lui « la
victime ». Suite à son refus de coopérer, Jamil al-Sayed a
été confronté, le 1er septembre 2006, à un faux
témoin masqué qui l’a accusé d’avoir planifié l’attentat avec le
frère du Président Bachar Al-Assad et le
directeur des services des renseignements syriens (3).
Bien que le « témoin » - Houssam Taher Houssam,
coiffeur kurde prétendant appartenir aux services secrets
syriens - se soit rétracté ensuite, que les
allégations quasi identiques de Zouheir Siddiq n’aient pas
longtemps tenu la route (4), et que Ibrahim Jarjoura
ait finalement reconnu que ses déclarations avaient été
inspirées par le député Marwan Hamadé, le général est resté en
prison.
Le projet
« Nouveau Moyen-Orient »
et la
« milice noire »
Lors d’une conférence de presse, le 30 août 2009, Jamil Sayyed,
a désigné Marwan Hamadé
(parlementaire, ancien ministre),
Johnnie Abdo (ancien ambassadeur à Paris et ancien
chef des services de renseignements libanais),
Hani Hammoud et le colonel Wissam al-Hassan
(conseillers de Saad Hariri),
le lieutenant-colonel Samir Chéhadé, Sakr Sakr (juge),
Saïd Mirza (procureur général),
Fares Khachan (journaliste membre du Mouvement du
Futur, de Saad Hariri) et
Hassan Sabe, comme faisant partie des personnes ayant encouragé
les faux témoins à falsifier l’enquête (5).
Depuis, Saad Hariri s’est excusé platement des propos
diffamatoires qu’il avait proférés à l’égard du Président Bachar
al-Assad, mais pour le général Sayyed cela ne suffit pas. Le
Premier ministre doit aussi présenter ses excuses aux Libanais.
Le 1er septembre 2010, à Beyrouth, devant un
parterre de journalistes, il s’est montré décidé à se faire
justice lui-même, si ses droits ne sont pas reconnus. Pour lui,
Saad Hariri a
« bradé le sang »
de son père
« en plaçant le pays dans une orbite destructrice… pour le
compte du Nouveau Moyen-Orient de George Bush ».
Après les accusations portées contre le
Hezbollah,
a-t-il déclaré, le marchandage proposé au cours d’un tête à tête
par Hariri à Hassan Nasrallah ressemble à celui concocté en 2005
par les juges allemands :
« Présentez une victime, sinon ce sera vous » (6).
Jamil Sayyed a redit aux journalistes que le
TSL
doit surseoir à ses activités jusqu’au règlement de l’affaire
des faux témoins, et conseillé au procureur Bellemare de
démissionner pour sauver sa réputation.
Point n’est besoin d’être expert pour remarquer que la situation
au Liban ressemble à celle entretenue en Italie, dans les années
1970-80, par la
« stratégie de la tension »,
avec ses assassinats inexpliqués, comme celui d’Aldo Moro,
dirigeant de la
Démocratie chrétienne,
en 1978. Pour le député Nawwaf Moussawi, membre du
Bloc de la Résistance (7),
il faut mettre un terme aux activités de la
« milice noire »
qui a fabriqué les faux témoins et qui menace la stabilité du
Liban
(8).
Si une sorte de
Loge P2
et de
Gladio
sont à l’œuvre à Beyrouth: qui les démasquera ? Il ne faut pas
compter sur le
Tribunal spécial pour le Liban
puisqu’il s’interdit d’enquêter en Israël et aux Etats-Unis.
Notes :
(1)
Les trois autres généraux incarcérés sont :
Ali al-Hajj (directeur des FSI),
Raymond Azar (directeur des
renseignements de l'armée), et
Mustafa Hamdan (chef de la garde
présidentielle).
(2)
Assassinat d'Hariri: La Syrie accuse les
premiers enquêteurs de coup monté
(Le Point.fr – 17/9/09)
http://www.lepoint.fr/archives/article.php/378283
(3)Communication
adressée par la Commission des droits de l’homme de l’ONU
au Gouvernement libanais (27
avril 2007).
http://www.voltairenet.org/article154760.html
(4)
Affaire Hariri : un dossier monté de toutes
pièces par des professionnels, par
Ghada Houbalah
(30/4/09)
http://www.alterinfo.net/Affaire-Hariri-un-dossier-monte-de-toutes-pieces-par-des-Professionnels_a32080.html
(5)
Jamil Sayyed à
Harriri: punis tes alliés qui ont
faussé l'enquête (30/8/09).
http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=101271&language=fr
(6)
Le TSL
doit cesser toute activité en attendant de régler le dossier des
faux témoins (L’Orient-Le Jour -
13/9/10).
(7)
Le Bloc de
la Résistance et du développement
regroupe le mouvement Amal, le Hezbollah, le Parti nationaliste
social syrien, le Parti Baas, les Nasséristes, les Kataëb
(tendance Pakradouni)
et des indépendants. Il dispose de 35 députés au Parlement.
(9)Moussawi :
Reconnaître son erreur envers la Syrie devrait l’être aussi avec
la Résistance (L’Orient-Le Jour
– 14/9/10).
© G. Munier/X.Jardez
Publié le 16 septembre 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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