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Nouvelles d'Irak
Drôle de
guerre Iran-Irak sur fond de campagne électorale
Gilles Munier
Salah al-Mutlaq
Lundi 11 janvier 2010
A Bagdad, la crise provoquée par l’occupation, en décembre 2009,
par des soldats iraniens, du champ pétrolier irakien de Fakka,
au sud-est du pays - dont les réserves sont estimées à 2,5
millions de barils - se poursuit sur fond de campagne pour
les élections législatives. Manouchehr Mottaki, ministre iranien
des Affaires étrangères, a annoncé le 7 janvier dernier que les
forces iraniennes ont « amené le drapeau iranien et se sont
retirées à une certaine distance », ce qui ne veut pas dire
totalement ou qu’elles ne reviendront pas.
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, qui n’avait réagi
que 10 jours après la prise des puits – et pas du tout lors
de précédentes incursions – avait fait de la surenchère en
déclarant que les Iraniens n’auraient « pas une goutte de
pétrole irakien », et « pas un mètre de terre
irakienne ». Mais, il n’a guère convaincu au-delà de son
propre camp.
Salah al-Mutlaq, secrétaire général du Front de dialogue
national, avait déclaré « qu’il était temps de dire aux
Iraniens de ne plus intervenir en Irak » et le
Vice-président de la République, Tariq al-Hachemi, renchéri en
disant : « Ce qui s'est passé est un acte d'hostilité
inacceptable. Agresser la souveraineté irakienne est une ligne
rouge. Nous attendions de notre voisin qu’il réponde aux
exigences du ministère des Affaires étrangères et retire ses
forces du quatrième puits de ce champ pétrolier, mais cela ne
s’est pas fait. Ainsi, les hostilités sont toujours en cours. Le
puits est totalement la propriété de l'Irak et a été foré après
les accords d'Alger. C'est ce qu'on appelle exporter ses crises
nationales à l'étranger ».
Selon le Washington Post (8/1/10), Aawadh al-Abbidan,
qui se présente aux élections législatives, a annoncé qu’un
groupe armé, Les Lions de la Brigade de Dieu, composé
de membres de 126 tribus du sud se propose de défendre les puits
de pétrole irakiens. « Un million d’Irakiens de la province
d’al-Anbar jusqu’à Bassora » sont prêts à lutter »,
dit-il, «contre l’occupation iranienne, quel qu’en soit le
prix… ». Pour Kadom al-Rubat, un chef de tribu,
l’incursion iranienne est « une insulte faite aux martyrs
qui ont donné leur vie dans la guerre contre l’Iran ».
Publié le 12 janvier 2010 avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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