UNITA NAZIUNALE
Procès Yvan Colonna Acte II - Colonna s'en prend à Sarkozy et
place son procès sur un terrain politique
Le 10
février 2009 : (10:06
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org -
Corse - Lutte de Masse)
Yvan Colonna s'en est pris
vigoureusement à Nicolas Sarkozy, mardi au deuxième jour de son
procès en appel, accusant le président de la République d'avoir
fait "pression" sur la procédure en le présentant d'emblée comme
"coupable" de l'assassinat du préfet Erignac en 1998.
"Dans cette enceinte, Monsieur
Sarkozy est au banc des parties civiles, il fait ce qu'il veut!
Est-ce qu'on peut avoir un débat serein en dehors de toute
pression?", a interrogé l'accusé.
"Ici c'est un procès
politique, un procès d'Etat (...) Comment voulez vous que je
puisse avoir confiance dans une justice où le président de la
République est aux côtés des victimes ?", a-t-il poursuivi,
reprochant à M. Sarkozy de s'être "engagé à ce qu'(il) soit
condamné".
Yvan Colonna se voyait offrir
la parole pour la première fois au procès entamé lundi devant la
cour d'assises spéciale d'appel de Paris pour un crime qui lui a
valu la perpétuité en première instance fin 2007.
Il a immédiatement dénoncé la
violation de sa présomption d'innocence depuis 1999, quand
certains membres du commando à l'origine de l'assassinat du
préfet l'ont accusé d'avoir tiré, entraînant sa fuite qui durera
quatre ans.
Yvan Colonna, qui a réaffirmé son
innocence, a rappelé que Nicolas Sarkozy, alors ministre de
l'Intérieur, s'était félicité en juillet 2003 de l'arrestation
de "l'assassin du préfet Erignac", des propos qui ont valu à
l'actuel chef de l'Etat une action en justice intentée par
l'accusé lui-même.
"La cour n'a pas reçu de pression,
ce que vous dites est désobligeant", a réagi le président Didier
Wacogne.
"Alors si je n'ai plus le
droit de m'exprimer, vous n'avez qu'à m'expulser!", a tonné
Colonna.
"La cour n'est pas le
président de la République une bonne fois pour toutes!", l'a
interrompu le président. "Revenons sur vous!"
L'interrogatoire de
personnalité, au menu des débats mardi, s'est déroulé en
l'absence des proches d'Yvan Colonna auxquels celui-ci a
expliqué avoir "interdit" de venir se prêter au "jeu hypocrite
de faire venir la famille dire du bien de (lui)".
Prenant la parole pour la
première fois à l'audience, Yvan Colonna a expliqué que
"personne de (sa) famille" ne viendrait participer à l'examen de
son curriculum vitae.
"C'est moi qui leur ai
interdit (...) C'est un jeu hypocrite de faire venir la famille
dire du bien de moi alors que ça ne sert à rien", a-t-il
affirmé.
Une manière de signifier qu'il
"veut aller au fond du dossier", plutôt que de s'attarder sur
son histoire personnelle "qui n'est pas l'essentiel", a justifié
hors audience un de ses avocats, Me Patrick Maisonneuve.
Face à la détermination du
président, Colonna a finalement consenti à se raconter, mais en
apparaissant insolent, voire excédé.
"Est ce que
c'est si important que ça, Monsieur le président, c'est du
domaine privé", a-t-il répondu à une question sur le départ de
sa soeur aînée, Christine, du domicile familial.
Le président s'est étonné du
peu d'opposition des trois enfants, alors adolescents, à la
décision parentale de quitter la Corse pour Nice dans les années
1970. "Vous vouliez que nous rentrions en rébellion contre nos
parents c'est ça?", a ironisé l'accusé. "Faut croire que je suis
un suiveur, un très gentil garçon".
L'avocat
général Jean-Claude Kross a dit "regretter" cette attitude, se
déclarant "frustré" de "ce moment très important, celui de la
personnalité que l'on juge".
A l'occasion d'une question
sur une consultation avec un psychologue, Yvan Colonna a répété
être étranger au crime qu'on lui reproche : "Je suis innocent".
Il a reconnu un passé de
"militant politique" dans des organisations nationalistes, de
1982 à 1989, mais a certifié avoir "arrêté tout" au moment de la
naissance de son fils Jean-Baptiste et de son installation comme
éleveur de chèvres.
"Il y a
encore trois jours, une cérémonie à la mémoire d’Erignac était
organisée dans la cour du ministre de l'Intérieur. J’affirme
que le Président soutient la famille Erignac. Je dis que dans
cette enceinte, Nicolas Sarkozy est au banc de la partie civile.
Il m’a déclaré coupable. C’est le droit du Président de
prendre parti à titre personnel. Mais ça n’a rien à voir avec
mon affaire."
Le président Wacogne a le rouge
qui monte aux joues. Il se racle la gorge : « La cour ne
connaît pas de pressions politiques, et je ne veux pas y revenir
! » Yvan Colonna, provocateur : « Si je n’ai plus le
droit de m’exprimer, expulsez-moi… »
Didier Wacogne,
dont la voix grimpe dangereusement dans les aigus : « Ce que
vous dites est désobligeant, et on va briser là ! » L’accusé :
« Le président de la République a bien dit que j’étais coupable,
oui ou non ? » Le magistrat, piégé : « Oui, il l’a dit. Mais la
cour d’assises n’est pas le président de la République ! »
Malin, Yvan Colonna hoche la
tête, lâche un « bien… », comme un procédurier donnerait acte de
ce qui vient d’être publiquement déclaré.
"J’ai
quelque chose à dire. Depuis des années il y a une vérité
absolue, qui veut que je sois l’assassin. En 2003, lors de mon
arrestation, le Président a asséné que j’étais le meurtrier. Il
n’y a de présomption d’innocence que pour ses amis. Il affirme:
'Je pense ce que je dis, et je dis ce que je pense.' Le
Président s’est engagé, il a reçu à de nombreuses reprises les
parties civiles (Mme Dominique Erignac, ndlr). Il lui a même
dédié un meeting au Bourget. Il s’est engagé à leurs côtés. Je
dis que le président de la République a pris partie contre moi."
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Publié le 11 février
2009 avec l'aimable autorisation d'Unità Naziunale
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