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Yvan Colonna
Les doutes d'un citoyen...
Yves Duteil
Lundi 16
mars 2009
Horrifié par l´assassinat de Claude Érignac, je partage la
douleur des siens et leur révolte face à cette tragédie. Mais sa
mémoire ne saurait se satisfaire de la condamnation d´un
coupable de circonstance, s´il se trouvait qu´il soit innocent.
Or, jour après jour, la procédure, d´escamotages en omissions,
laisse apparaître la construction d´une vérité sur mesures,
fondée sur une seule hypothèse, et refusant d´explorer les
pistes qui risqueraient de la remettre en cause. Peu à peu le
procès devient l´Affaire Colonna.
L´absence de preuve matérielle, l´expertise balistique qui le
disqualifie dans le rôle du tireur, les témoins directs qui ne
le reconnaissent pas, la rétractation de tous ceux qui l´avaient
mis en cause, le doute sur les conditions dans lesquelles leurs
aveux avaient été obtenus et leurs révélations sur la présence
d´autres participants à l´opération…
Tous ces éléments accumulés éclairent d´un jour nouveau le refus
de la reconstitution, les documents soustraits à la défense, les
erreurs d´interprétation des données téléphoniques lors du
premier procès, l´apparition du nom d´Yvan Colonna dans la
procédure 6 mois avant l´arrestation du commando, les écoutes
téléphoniques dont la transcription ne figure pas au dossier…
À l´inverse du but recherché, un faisceau d´éléments convergents
rend de plus en plus crédible l´hypothèse de son innocence, et
révèle en filigrane le parti pris de l´accusation, qui semble
redouter l´expression de la vérité, même au prix de
l´inacceptable, de l´inéquitable.
Le doute fait son chemin dans le prétoire, le malaise atteint
l´opinion, les observateurs attentifs. Un verdict de culpabilité
paraîtrait aussi peu étayé qu´un château de cartes. Une
condamnation « à moitié » signerait l´embarras de la Cour devant
cette gêne omniprésente.
Le calvaire de la famille Érignac, si digne et douloureuse,
pourrait-il être apaisé, dans ce contexte partial, par
l´enfermement à perpétuité d´un innocent plausible, désigné
depuis le début comme présumé coupable ?
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