Face à l'injustice: la jeunesse corse en état de légitime
révolte Petru Antone Tomasi
Photo U Ribombu
Jeudi 2 avril 2009
Mais que faisait un enfant de 14 ans en première ligne d’une
manifestation ? Largement véhiculée par les tenants du « y’a pas
d’fumée sans feu », cette interrogation mérite néanmoins d’être
clairement posée.
Il n’est en effet pas acceptable que face au contexte répressif
que connaît la Corse au quotidien, des adolescents se retrouvent
seuls à descendre dans la rue pour que cesse cette situation.
La jeunesse corse a massivement compris que ce que dénoncent les
indépendantistes à longueur de temps n’est pas une vue de
l’esprit : interpellations quotidiennes de Corses régulièrement
relâchés sans l’ombre d’une charge ; procès de militants pour
avoir foulé leur terre à Purtivechju afin de dénoncer les effets
dévastateurs du PADDUC ; prises d’ADN systématisées y compris
sur des enfants de 13 ans ; convocation d’un village entier
personnes âgées comprises pour une « dictée » indigne dans le
cadre d’une enquête policière ; interpellations sur un campus
universitaire pour de prétendus « actes terroristes en
préparation » ; violences quotidiennes de la police dite
antiterroriste à l’encontre de femmes, d’enfants, de personnes
âgées ; incarcération de prisonniers politiques par dizaines
hors de Corse ; justice d’exception ; condamnation à la prison à
vie assortie d’une peine de sûreté de 22 ans sans l’ombre d’une
preuve :
Effectivement que faisaient donc tous seuls ces adolescents
dans les rues de Corse pour dénoncer cet état de fait ?
Ces jeunes Corses étaient en état de légitime révolte face à
l’injustice faite à leur peuple. La perception de
l’injustice ne connaît pas de limites, ni d’âge, ni de
frontières. Nier leur capacité à comprendre qu’ils grandissent
dans un pays où les libertés sont en danger, aux quotidiens
mises en échec ; nier leur droit à s’auto organiser, à
manifester pour exprimer leur révolte c’est leur faire offense.
Comme l’a fort justement rappelé Denis Luciani au nom de l’Associu
di i Parenti Corsi, on ne peut pas en appeler en permanence à la
construction du citoyen par le biais de l’Ecole de la
République, en effectuant des lectures de lettres de Guy Moquet,
en organisant des concours sur le thème de la résistance et
condamner les mêmes élèves lorsqu’ils font acte de citoyenneté
active… Sauf à comprendre que l’Ecole laïque et républicaine n’a
pour but que de formater notre jeunesse dans le moule
uniformisant des valeurs réactionnaires, limite fascisante, des
Jacobins de 1789.
Jolie camouflet qu’a adressé notre jeunesse aux nostalgiques du
Comité de Salut Public réhabilité à la sauce moderne en Cour
d’Assises Spéciale. Ceux-là même qui crient à la manipulation
des jeunes par les indépendantistes et qui jouent à longueur
d’année aux grands marionnettistes dans le cadre scolaire.
Les militants indépendantistes de Corsica Libara étaient dans
les rues de Bastia avec la jeunesse corse au lendemain de la
tentative d’assassinat perpétrée par les Gardes mobiles à
l’encontre de Xavier Orsini, un collégien de 14 ans. Non pas
pour récupérer ce mouvement, non pas pour en manipuler les
auteurs comme le suggèrent volontiers, préfets, recteurs et
autres prétendus démocrates bleu-blanc-rouge, mais simplement
pour faire face à leurs responsabilités de Corses, d’adultes.
Pour éviter de nouveaux drames, pour ne pas laisser des
adolescents en première ligne face à l’injustice qu’ils
dénoncent légitimement.
Tous ceux qui, à raison, ne souhaitent plus voir la jeunesse de
ce pays livrée à elle-même pour faire face à l’affront permanent
fait à notre peuple, ont le devoir d’assumer leur statut
d’adulte responsable en exigeant que cessent les causes qui ont
amenées collégiens et lycéens à descendre battre le pavé par
centaines.
Ils nous ont ouvert la voie, aux forces vives de la Nation de
leur emboîter le pas, de ne pas les décevoir.
Petru Antone Tomasi
Qui manipule qui ?
Depuis le début du mouvement lycéen né aux lendemains du verdict
inique prononcé à l’encontre d’Yvan Colonna, les accusations de
manipulation vont bon train à l’encontre des indépendantistes,
accusés de vouloir récupérer à leur profit cet élan de révolte
spontané. Ces allégations prêteraient à sourire si elles ne
provenaient pas de gens qui cautionnent politiquement les
professionnels du formatage intellectuel.
Voici ce que disait Jérôme Rivière, député UMP des
Bouches-du-Rhône, au moment de la décision prise par l’Assemblée
Nationale de rendre obligatoire la Marseillaise dès l’école
primaire : « Les paroles de ce chant sont guerrières, mais je
ne crois pas que les enfants du primaire seront traumatisés. Ils
voient des choses beaucoup plus violentes à la télévision. Il ne
faut pas attendre le collège pour étudier La Marseillaise.
L'adhésion à l'idée de la République commence quand on est tout
jeune. Dans le primaire, les élèves n'ont pas encore de
convictions bien affirmées. »
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