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U RIBOMBU
Paul Quastana - Strada Diritta
Photo U Ribombu
Ces Journées comme l’a dit Paul-Félix Benedetti sont historiques
parce que ce ne sont pas les Journées d’un mouvement, ce sont
les Journées du nationalisme pluriel.
Ce sont les Journées de tous ceux qui ce sont inscrits dans la
démarche de refondation. L’an dernier déjà à la même époque nous
étions montés, nous avions évoqués le pôle indépendantiste et
ensuite ça a un peu trainé et les véritables discussions n’ont
commencé que maintenant.
Il y a un petit historique à faire. Je ne vais pas remonter
aussi loin que Paul- Félix Benedetti, je vais remonter
simplement in 2004. Parce que c’est depuis 2004 qu’il y a eu une
espèce de forme de déliquescence du mouvement qui a fait
qu’aujourd’hui il y a nécessité de se refonder. Je crois qu’en
2004, le mouvement national, Corsica Nazioni en particulier qui
était le seul mouvement, ou le principal mouvement a péché par
manque de confiance en lui pour des raisons qui sont difficiles
à analyser. C’est-àdire que d’un côté on a cru que c’était fini,
que le nationalisme n’existerait plus, et de l’autre côté on a
succombé aux sirènes qui nous ont dit que si on s’alliait avec
tout le monde on allait casser la baraque. Et on nous a dis : «
il n’y a plus d’effet Bonnet ». Alors si on a attendu qu’il y
ait Bonnet pour exister, ùn a sapiu micca. L’effet Bonnet n’a
jamais existé, ça a été l’effet Corsica Nazioni ! Parce que
Bonnet si on ne lui était pas rentré dedans il n’y aurait pas eu
d’effet Bonnet. Depuis il y a eu Sarkozy, il n’y a pas eu
d’effet Sarkozy parce qu’il ne s’est pas passé grand-chose
lorsqu’il a mis la ville en état de siège ; et puis il y a des
tas d’autres effets qui n’ont pas lieu parce que nous on ne
réagit pas. Le résultat il est tombé en 2004 : 8 élus comme
avant, no ùn ne avemi più chè trè, et nous avons mis en scelle
nos partenaires avec lesquelles maintenant nous venons
pratiquement de rompre, avec qui nous avons rompus. Je crois que
le nationalisme doit avoir confiance en lui, le nationalisme
s’il veut gagner il faut qu’il reste fidèle à ses principes,
qu’ils soient actualisés, mais il doit surtout rester lui-même.
Je vais faire référence à l’archéologie : il y aura toujours des
nationalistes en Corse, isolés, à droite, à gauche, mais le
nationalisme lui-même s’il ne se refonde pas il risque de
disparaître. Et ce n’est pas Jean-Philippe Antolini qui me
démentira, l’âge de pierre ne s’est pas terminé parce qu’il n’y
avait plus de pierres ! Quant à notre rôle c’est de sortir des
incantations, c’est de sortir des slogans, c’est de sortir des
discours stériles, c’est d’être proches des gens et de leurs
préoccupations dans un pays où 25.000 personnes sont sous le
seuil de pauvreté. Il faut donner un contenu précis au discours
politique. Il faut parler un langage accessible et
compréhensible par tous. On peut faire un bout de route avec nos
amis régionalistes ou autonomistes sur des points ponctuelles,
quant au reste de la classe politique on peut faire un tout
petit bout de chemin sur un point précis pourquoi pas ; s’allier
et se compromettre avec eux : jamais ! Cela fait aussi partie de
ces petites choses qui font que l’on en est là où on en est
aujourd’hui. Nous n’avons pas non plus vocation à aider
électoralement untel ou untel de droite ou de gauche parce qu’on
l’estime moins nuisible que son concurrent.
Ils sont tous pareils, sò tutti listessi, il faut se démettre
d’eux ! Quant à la situation en Corse, elle n’a pas beaucoup
évolué, sur le principe on est victimes de la maladie coloniale,
on est colonisés. Le problème c’est que la maladie évolue très
vite et que là on arrive à la fin d’une époque, qu’on est en
phase terminale et qu’on se comporte comme si on était immuno-déficients.
C'est-à-dire que le système immunitaire ne marche plus, ou
presque plus. Dans un peuple qui en plus a des tendances
suicidaires, et je pèse mes mots. Nous n’avons pas vocation à
regarder tomber en poussière sans réagir ou en réagissant
uniquement par des grands principes, ce que nos ancêtres ont
construit. À l’expiration des arrêtés Miot, après l’Agence
Foncière, on va être obligés de vendre notre terre pour une
raison très simples : c’est qu’il y a des gens qui vont se
retrouver, alors qu’ils sont complètement fauchés, imposables à
l’ISF, comme le voisin sera dans le même cas, ce n’est pas au
voisin qu’on va vendre, ce sera à des étrangers aidés par la
BNP, le Crédit Agricole ou la Banque Populaire. Ensuite, on dit
« la terre Corse est chère », elle est chère pour nous parce
qu’on est fauchés, mais elle est moins chère qu’à Ramatuelle,
elle est moins chère qu’à Saint- Tropez, elle est nettement
moins chère qu’à l’île de Ré. Nous on ne peut pas se la payer,
mais il y a des tas de millionnaires en Italie, en France, en
Belgique, en Espagne ou ailleurs qui ont largement les moyens de
se payer la terre et les constructions qui sont dessus. Et le
point le plus fondamentale, Alfred Sauvy disait « il n’est de
richesse que l’homme », c’est la démographie. C’est-à-dire que
là nous sommes ultra minoritaires chez nous, ça c’est le
constat. Il va bien falloir que dans la refondation on remette
peut-être en cause un certain nombre de principes. Être Corse,
faire partie du peuple corse, c’est d’abord être soi-même.
Ensuite c’est accepter l’autre sans rejet, sans ostracisme, mais
c’est à l’autre de s’adapter à nous et non pas à nous de
s’adapter à lui ! Dans toutes les capitales régionales de
France, dans toutes les grandes villes, il y a des amicales des
Corses : il y a l’Amicale d’Antibes, l’Amicale
d’Aix-en-Provence, l’Amicale de Paris etc., etc., bientôt nous
si on continue comme ça, on va avoir nos Amicales des Corses ici
! On va avoir l’Amicale des PTT avec une dizaine, on va avoir
l’Amicale des Corses de l’EDF avec une quinzaine, dont la moitié
en pré retraite, l’Amicale des Corses de la gendarmerie il n’y
en a pas, ùn c’hè più un gendarmu corsu in Corsica : voilà
comment nous allons finir. Et bientôt nous allons soit nous
mettre le voile, soit prendre l’accent français pour ne pas se
faire remarquer, et raser les murs. Dopu, le problème du
développement économique, là c’est très simple, la Corse est un
pays riche. Qu’est-ce qui empêche la Corse de se développer
économiquement ? C’est le carcan des règles administratives,
financières, fiscales, politiques et institutionnelles qui nous
bloquent. Raisonner dans ce carcan là, essayer de dire comment
on va tirer nos billes dans ce système, c’est complètement
illusoire, on y arrivera pas. Il faut exploser ce carcan, il
nous faut notre fiscalité, nos moyens de développement
financiers, notre système bancaire. Et pour ça il faut le
pouvoir, et il faut la souveraineté.
Photo U Ribombu
Si on rajoute à ça les normes européennes qui nous empêchent de
faire nos fromages, de pêcher nos langoustes comme on veut, en
fonction évidemment des critères que les pêcheurs sont les seuls
à déterminer. Si c’est Bruxelles qui va décider quand est-ce que
nos perdreaux font les nids et quand estce que les femelles de
nos sangliers s’accouplent, ça ne va pas marcher non plus, on ne
va pas sortir de la dépendance française pour tomber sous la
dépendance des technocrates bruxellois. ! Ùn aghju micca essa
longu, je vais essayer de vous faire participer si vous en êtes
d’accord.
Dans cette salle, à la tribune il y a des représentants des
différents mouvements qui sont solennellement engagés dans cette
optique de refondation, dans la salle il doit y avoir deux ou
trois policiers des Renseignements Généraux ??? , et il y a
vous. Vous vous êtes le peuple, vous vous êtes souverains, c’est
à vous de décider et les mouvements seront bien obligés de
prendre en compte ce que vous dites. Alors si vous êtes
d’accord, je vais vous poser quelques questions si vous êtes
d’accord pour y répondre, est ce que vous êtes d’accord ? Alors
si vous voulez dire oui vous criez oui, sinon vous dites non.
Première question :
Est-ce que vous pensez que ce sont les Corses d’origine et
d’adoption, et quand je dis d’adoption, ùn hè micca quiddu chì
hè sbarcatu arrimani matina, qui ont la légitimité sur cette
terre ?
Est-ce que vous pensez que nous devons nous rapprocher des
préoccupations quotidiennes du peuple ?
Est-ce que vous pensez que nous devons opérer rapidement, mettre
en place une doctrine économique et sociale en fonction de nos
intérêts fondamentaux ?
Maintenant ça va être un petit peu plus chaud : est-ce que vous
pensez qu’il faut revenir ou au moins reformuler la notion de
communauté de destin ?
Dernière question : est-ce que vous pensez, compte tenu de tout
ce qui a été dit, que nous devons sans rejet de l’autre, sans
ostracisme, sans xénophobie et surtout sans racisme lancer un
grand débat sur l’immigration ?
© U Ribombu
Internaziunale — 2008
Publié le 1er octobre 2008 avec l'aimable autorisation d'U
Ribombu
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