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U RIBOMBU
Le PADDUC à la loupe
La solution du bon sens
Dumenicu Tognotti
Photo U Ribombu
La levée de boucliers contre le PADDUC et les débats qu’il
provoque est significatif du malaise qui traverse la société
corse et du peu de confiance que cette dernière accorde à ses
représentants élus. Si les raisons de la colère sont diverses et
souvent contradictoires en fonction des sensibilités politiques
de chacun , il est un sentiment commun qui se dégage : la
crainte d'être dépossédé d’un bien ancestral, ce qu’aucune
logique économique ne saurait justifier.
Car au-delà d’une phraséologie qui peut sembler ésotérique au
citoyen lambda, le PADDUC traduit et répond à une philosophie du
développement parfaitement lisible : la Corse est considéré
comme une valeur marchande. Un axiome déjà ancien, car il faut
se souvenir que la grande braderie de la terre corse initiée
voilà un demi siècle et encouragée par les décideurs politiques
devait répondre aux besoins du touttourisme.
D’ailleurs , la réalisation de grandes infrastructures comme le
barrage de U Spidali ou de l’aéroport de Figari n’ont à l’époque
été conçues que pour servir ce choix économique.
Il n’y a donc pas lieu aujourd’hui de s’étonner de la teneur
d’un document, réaliser par des technocrates étrangers à la
Corse et qui n’a pour ambition que d’entériner une politique
déjà ancienne. Avec cependant une nouveauté, non pas sur le fond
qui lui demeure intangible, mais dans la méthode. Une méthode, o
combien perverse, qui consiste à rendre les corses responsables
de leur infortune. Car les conséquences sociales de ce PADDUC
sont prévisibles, la jeunesse corse en particulier en fera les
frais, confrontée à la paupérisation, privée de repères
culturels et contrainte à l’exil. Tout ceci, au nom de la
démocratie! C’est bien pourquoi ce document ne doit pas être
amendé. mais rejeté dans sa globalité.
Punta d’ Oru : Une enclave républicaine en Corse
La presse française dans son ensemble, qui généralement
s’associe à tous les mauvais coups portés à la Corse, a cette
fois été contrainte d’admettre le burlesque de la situation.
Mais même si le chef de l’Etat français a pu nous divertir un
instant en volant au secours de son bouffon, il faut bien voir
qu’au-delà de cette pantalonnade, le choix politique de l’Etat
français face à la question nationale corse est terriblement
inquiétant. Ici, la France prend le visage d’une république
bananière.
L’affaire de Punta d’ Oru nous laisse entrevoir quel serait le
comportement de l’Etat français dans la protection de ses ?
privilégiés, dignitaires du régime, magnats de la finance,
vedettes du showbiz. Tout ce beau est déjà largement présent en
Corse. Mais si d’aventure le projet de PADDUC devait se
réaliser, la Corse deviendrait définitivement le lupanar de
l’Europe.
Un contre projet
La meilleure façon de s’opposer à un projet c’est assurément
d’en proposer un autre . Les indépendantistes doivent s’en
persuader car ils sont les plus à même de concevoir la Corse
dans sa globalité, témoins qu’ils sont, du lien indéfectible qui
unit un peuple à sa terre. Une certaine déviance du nationalisme
a conduit certains à ne plus considérer l’économie que sous ses
aspects sectoriels, ce qui leur permet d’éluder la question
pourtant essentielle, à savoir, le développement pour qui ? Une
question d’autant plus embarrassante que de la réponse qui lui
est donnée, dépend le choix de participer ou non à la gestion du
système. Pour les indépendantistes, il est clair qu’un système
qui ne reconnaît pas au préalable l’existence d’un peuple corse
historiquement constitué, ne peut apporter de solutions
satisfaisantes aux problèmes économiques, sociaux ou culturels .
D’où la nécessité d’élaborer nos propres propositions dans la
perspective d’une indépendance qui, au vu de la conjoncture
internationale, apparaît plus que jamais comme la solution du
bon sens.
© U Ribombu
Internaziunale — 2008
Publié le 19 octobre 2008 avec l'aimable autorisation d'U Ribombu
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