Jean-Guy Talamoni, jugé ce vendredi pour
l’occupation de la villa de Christian Clavier, explique à
« Bakchich » comment la colère de Sarko a servi la cause
nationaliste.
Le 30 août dernier, à Porto-Vecchio
(Corse-du-Sud), des manifestants hostiles au
PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable
de la Corse) se rendent dans la résidence secondaire de
Christian Clavier dans le lotissement de Punta d’Oru
(ex-Cala Purcina ou Baie des cochons). L’occupation se
déroule sans heurts, Jean-Guy Talamoni, président du groupe
nationaliste à l’Assemblée de Corse et conseiller municipal
de Bastia, et ses amis se font ouvrir la porte par le couple
de gardiens. Alors que Christian Clavier n’a pas déposé
plainte, le ministère de la Justice demande des comptes aux
occupants. Le procès se déroulera le 21 novembre. Jean-Guy
Talamoni, poursuivi pour violation de domicile, s’explique :
« Je figurais parmi les
occupants temporaires. Nous manifestions pour alerter
l’opinion publique insulaire sur les méfaits du projet de
plan de développement de la Corse, initié par Camille de
Rocca-Serra, (président de l’Assemblée de Corse, il
contrôle le Conseil exécutif, ndlr) et Ange
Santini, président du Conseil exécutif de la Corse
(c’est lui qui mettra en œuvre
le PADDUC s’il est voté, ndlr). C’est
une particularité, le projet est rédigé par le président de
l’assemblée territoriale, Rocca-Serra, qui est en même temps
promoteur immobilier, le lotissement où réside Christian
Clavier lui appartient. Si le plan est voté, il en sera le
principal bénéficiaire, il faut savoir que le plan prévoit,
entre autres, de rendre constructible des zones qui ne le
sont pas et de passer outre la loi littorale qui protège les
côtes corses contre la bétonisation. »
« Il n’y a eu ni
menace ni voie de fait »
Sur l’affaire de l’occupation de la villa de
Clavier : « Il n’y a pas eu de violation de
propriété, le couple de gardiens a reconnu avoir ouvert la
porte de son plein gré. Il n’y a eu ni menace ni voie de
fait, ce qui aurait pu justifier des poursuites. On nous a
servi des rafraîchissements. Le couple de gardiens a même
tenu à raccompagner en voiture des personnes âgées qui
manifestaient avec nous en raison de leur difficulté à
marcher sur un terrain en pente. » Il est vrai que seul
un coq en plâtre s’est retrouvé dans la piscine, Camille de
Rocca-Serra avait accusé les occupants d’avoir tué ledit
coq !
Talamoni enchaîne : « Pour
nous, l’intervention du gouvernement de Nicolas Sarkozy et
le limogeage du coordinateur à la sécurité nous a grandement
rendu service. Grâce à eux, l’opinion corse sait désormais
ce qu’est le PADDUC et quels en sont les enjeux. Alors que
la majorité politique de l’assemblée territoriale, Camille
de Rocca-Serra et Ange Santini en tête, pensaient faire
voter le projet sans discussion, nous voilà avec de larges
pans de l’Assemblée qui ne souhaitent plus ajouter leurs
voix à celles des défenseurs du projet. Par exemple, le
Parti radical de gauche (PRG) s’est rapproché de l’opinion
hostile à la bétonisation. Grâce à cette action et à ses
conséquences, le PADDUC a du plomb dans l’aile. L’affaire
Clavier a inversé la tendance. La volonté de Paris de
grossir cette affaire s’est retournée contre ses partisans
en Corse. »
© Bakchich