Venezuela
Petit manuel critique d'un
Venezuela galvaudé
A l'usage des curieux, des néophytes et des citoyens ...
Romain Migus
Photo CSP
26 juin 2007
Les manipulations médiatiques pour discréditer
la Révolution Bolivarienne s’intensifient au au rythme de son
orientation vers le Socialisme. La réaction à ces
media-mensonges et l’explication prennent bien plus de temps que
la production du mensonge, et sitôt démonté, le processus
bolivarien doit affronter de nouvelles vagues de calomnies.
Ci-dessous, nous avons compilé les matrices d’opinions négatives
les plus fréquentes auxquelles nous proposons d’apporter
quelques réponses courtes.
L’autorité n’est – toujours – pas
l’autoritarisme.
1°) La Constitution de la République
Bolivarienne du Venezuela est la Constitution de Chavez.
Si le président Chavez a posé sur papier, lors
de son séjour en prison dans les années 90, certaines idées
quand à la nouvelle constitution, l’effort de construction
collective de la nouvelle charte suprême est un exemple de démocratie
participative et représentative.
A peine élu, le président convoqua, comme il
l’avait promis durant sa campagne, un référendum pour demander
aux vénézuéliens s’ils étaient d’accord pour changer de
Constitution et convoquer une Assemblée Constituante. Le résultat
exprime par lui même la nécessité de changement : par 90%,
la convocation de l’Assemblée Constituante fut approuvée.
S’est enclenché alors un processus de réflexion collective. A
travers des assemblées populaires et des comités de quartier, le
Peuple a élaboré des propositions pour la constitution de la
Constitution.
Puis, il y eut des élections pour élire les représentants
à cette Assemblée Constituante. Celle-ci fut le miroir de la réalité
politique de ce moment. Elles comptaient des partisans ou alliés
de Chavez (dont beaucoup allaient le trahir par la suite) mais
aussi des adversaires politiques. Entendre dire que cette
constitution est l’oeuvre de Hugo Chavez, écrivant seul, jour
et nuit, la charte suprême, est une négation de l’organisation
du débat démocratique autour de cette constitution.
Après quelques mois de travail, s’inspirant du
projet de Chavez mais intégrant des éléments des citoyens et du
débat résultant des différences politiques au sein de l’Assemblée
Constituante, les députés de cette Assemblée présentèrent le
projet final à l’approbation des vénézuéliens, par un autre
referendum populaire. Le 15 décembre 1999, la nouvelle Charte
Suprême fût ratifiée par 71.19% de vénézuéliens. Comme toute
Constitution, elle est la base sur laquelle va s’élever la
nouvelle République, la République Socialiste qu’entend
construire le Peuple vénézuélien.
2°) Chavez entend modifier
la constitution pour être président à vie.
L’Article 230 de la Constitution de la République
Bolivarienne du Venezuela limite à deux le nombre de mandats présidentiels.
Apres sa réélection à la présidence de la République le 3 décembre
2006, Hugo Chavez a nommé une commission chargée de réformer la
Constitution. Si le contenu de ces reformes n’est pas encore
connu, on sait déjà que devrait être inclus une modification de
l’article 230 afin que le Peuple vénézuelien soit le seul à décider
de la fin du mandat présidentiel, comme c’est le cas dans de
nombreuses démocraties. Le travail final de la commission pour la
Réforme de la Constitution sera présenté à l’Assemblée
Nationale qui devra l’avaliser par un vote supérieur aux 2/3 de
ses membres (article 343 de la Constitution). Le projet ainsi
confirmé par les élus du Peuple sera finalement soumis à un
referendum populaire, comme le prévoit l’article 344 de la
Constitution. L’issue de ce referendum scellera définitivement
le sort de la réforme constitutionnelle.
L’accusation de modeler la Constitution pour être
président à vie n’a donc pas lieu d’être. Qui plus est,
l’article 72 de cette même Constitution ouvre la possibilité
de convoquer, à mi-mandat, un referendum révocatoire contre le
Président. Au final, si Hugo Chavez reste Président de la République
jusqu’à la fin de ses jours, ce sera uniquement parce que le
Peuple l’y aura obligé et que le Président aura consenti à se
soumettre à cette volonté populaire.
3°) Avec la loi Habilitante,
Chavez a obtenu les pleins pouvoirs.
La Constitution du Venezuela affirme l’existence
de 5 pouvoirs indépendants les uns des autres : exécutif, législatif,
judicaire, électoral et citoyen. La loi Habilitante votée par le
pouvoir législatif permet au président Chavez de légiférer sur
des sujets définis par l’Assemblée Nationale pour une durée,
elle aussi définie par l’Assemblée Nationale, de 18 mois. Les
décrets-lois émis pendant cette période devront respecter la
Constitution. Le travail du président Chavez pendant ces 18 mois
ne pourra en aucun cas se supplanter aux travaux en cours dans les
quatre autres pouvoirs. Ainsi, non seulement Hugo Chavez ne pourra
jouir des pleins pouvoirs mais les accusations d’une supposée dérive
dictatoriale sont tout aussi infondées. En effet, l’histoire récente
du Venezuela nous démontre le contraire. En 2001, Hugo Chavez
avait déjà bénéficié d’une loi Habilitante, et l’a utilisé
pour promulguer 49 décrets-lois (dont ceux sur la Réforme
Agraire, sur la Pêche, et sur les Hydrocarbures) qui ont formé
le socle progressiste du gouvernement. De plus, le dernier mot sur
les décrets émis durant les 18 mois de la loi Habilitante
revient aux citoyens vénézuéliens. Ceux-ci peuvent, comme le prévoit
la Constitution dans son article 74, convoquer un referendum (si
ils réunissent 10% du corps électoral) pour abroger totalement
ou partiellement n’importe quelle loi du pays.
Le système de lois Habilitantes n’est pas
propre au Venezuela. On trouve de tels mécanismes juridiques aux
Etats-Unis, au Canada, ou en France avec l’article 49 §3, à la
différence que ceux-ci ne jouissent d’aucune contrainte imposée
par le pouvoir législatif ou par les citoyens, comme au
Venezuela.
4°) Hugo Chavez prétend
imposer un système de Parti Unique au Venezuela.
Aux élections parlementaires du 4 décembre 2005,
pas moins de 440 organisations et partis politiques (de niveau
nationaux, régionaux et locaux) ont présenté des candidats
(seuls 6 partis de l’opposition avaient décidés de boycotter
l’élection). A l’élection présidentielle du 3 décembre
2006, 78 partis politiques décidèrent de s’engager derrière
un des vingt candidats en lice. Sur la totalité des partis
politiques, seuls 24 soutenaient le président Chavez.
Ce sont à ces partis et aux organisations qui le
soutiennent que Hugo Chavez a lancé l’invitation de s’unir au
sein d’un grand parti de la Révolution Socialiste. Après la
construction de ce dernier, il restera des dizaines de Partis
Politiques d’opposition au niveau national et des centaines à
l’échelle régionale ou locale. La démocratie multipartite vénézuélienne
ne sera en rien affectée par la stratégie du mouvement
socialiste. Stratégie qui n’est ni propre au Venezuela ni au
Socialisme puisque l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP), le
grand parti de la droite française s’est construit selon la même
idée d’union. Cette initiative a entre autres pour objectif de
lutter contre les tendances clientélistes au sein du mouvement révolutionnaire.
En effet, certains partis qui ne représentent rien au niveau
national avaient pour mauvaise coutume politicienne de monnayer
leur petit capital électoral contre des postes importants dans la
fonction publique et dans les ministères. Pratique qui ne pourra
avoir lieu avec la création du nouveau parti d’union.
De plus, la création du Parti Socialiste Uni se
construit pour redonner un sens à la notion de Parti politique
dans la construction du Socialisme. Dans un pays où les Partis
politiques sont plus que discrédités, ou ne sont que de simples
machines électorales, le défi est à la mesure de la singularité
historique du Parti Socialiste Uni du Venezuela.
Il n’est pas de véritables libertés sans
limites, celles du bien commun et de l’intérêt collectif.
5°) Chavez et le
gouvernement bolivarien cherchent á éliminer la liberté
d’expression.
Bien souvent, on confond la liberté
d’expression avec la liberté accordée à de grands groupes médiatiques
pour imposer leur vision capitaliste, mercantile, sexiste et
raciste de la communication et de l’information à la grande
majorité, c’est-à-dire la communauté de citoyens que forment
les téléspectateurs, lecteurs ou auditeurs.
La liberté d’expression est consacrée par
l’article 57 de la Constitution bolivarienne. Celui-ci affirme
que "toute personne a le droit d’exprimer librement ses
pensées, ses idées ou opinions de vive voix, par écrit ou à
travers n’importe quelle forme d’expression". La liberté
d’association (article 52 de la Constitution), la liberté de se
réunir dans des lieux public (article 53) et la liberté de
communication (article 58) viennent renforcer cette liberté
fondamentale. En ce sens, il y a plus de liberté d’expression
que dans n’importe quels autres pays démocratiques.
En effet, l’opposition minoritaire peut
tranquillement manifester son rejet du gouvernement et ses portes
paroles sont systématiquement relayées par des media commerciaux
qui se sont transformés en véritables acteurs politiques, et
représentent quelques 70% du spectre médiatique vénézuélien
(TV, Radio, Presse écrite). Le gouvernement ne contrôle en rien
la diffusion de message sur Internet, et il est courant d’y
rencontrer des appels à la violence, à l’insubordination,
voire à la guérilla urbaine émis par des groupes radicaux
d’opposition.
Malgré la participation active des media
commerciaux aux Coup d’Etat d’Avril 2002 et au sabotage économique
de décembre 2002-février 2003, qui s’était soldé par une
perte de 15 milliards de dollars en terme de production de
richesse nationale, aucun media n’a été fermé ou censuré par
le gouvernement bolivarien.
En décembre 2004, fut votée la loi sur la
Responsabilité Sociale à la Radio et à la Télévision (loi
RESORTE) afin d’instaurer un système de réglementations légales
dans le pays. Cette loi est similaire – mais moins stricte –
aux lois qui régissent le CSA français ou le FCC étatsunien.
Malgré sa flexibilité, la grande majorité des media commerciaux
vénézuéliens continue de la violer impunément. La liberté
d’expression a été encouragée par le gouvernement bolivarien
en promouvant la création de centaines de media communautaires
par lesquels les habitants d’un quartier peuvent faire entendre
leurs voix, leurs points de vue et participer à la discussion sur
les choses publiques. Piliers importants de la réflexion commune
et bien souvent critique de la bureaucratie d’Etat, les milliers
de voix qui s’expriment dans ces media communautaires étaient
systématiquement maintenues dans l’oubli par les grands patrons
de presse.
De même, le gouvernement bolivarien a été un
des principaux promoteurs de la chaîne de télévision
internationale Telesur, dont le but est de permettre à la grande
majorité des latino-américains de pouvoir exprimer leur réalité
sociale. Réalité sociale dont jamais les grands groupes médiatiques
ne se sont fait l’écho.
Enfin, le non renouvellement de la concession
hertzienne à la chaîne RCTV va permettre au plus grand nombre de
décider de la ligne éditoriale et de la qualité des programmes
que va diffuser la nouvelle chaîne de service public. Et ce, afin
de rompre avec l’assujettissement de la liberté d’expression
au capital financier de quelques puissants.
En 2002, l’écrivain vénézuélien Roberto
Hernandez Montoya écrivait : "Les patrons de media au
Venezuela ont tellement de pouvoir qu’ils ne conçoivent pas que
ce pouvoir ait des limites". En garant d’une démocratie
intégrale, le gouvernement bolivarien a donc rendu une partie de
ce pouvoir médiatique au Peuple.
6°) Chavez mène une
campagne de nationalisations sauvages et menace la propriété
privée.
La propriété privée est garantie par
l’article 115 de la Constitution Bolivarienne. A aucun moment il
n’a été question au sein du gouvernement de remettre en cause
ce principe. Garant et promoteur de l’intérêt collectif, les
pouvoirs publics se doivent néanmoins d’imposer un ensemble de
priorités à l’exercice des libertés individuelles, celui du
bien commun. La fonction sociale de la propriété permet de
soumettre les obligations marchandes et commerciales à des
exigences d’humanisme et de dignité des personnes. C’est
clairement un choix souverain que de décider d’accorder plus
d’importance aux personnes qu’aux biens, c’est le choix
qu’a opéré à de nombreuses reprises la population du
Venezuela par la voie des urnes.
Une réforme de la constitution prépare la mise
en place de 5 statuts de la propriété privée, renvoyant aux
différents aspects qu’elle peut recouvrir. Sans être une fin
en soi, la propriété privée doit rester un moyen d’épanouissement
humain et de progrès collectif. Les confiscations, les saisies,
les redistribution de biens non valorisés (terres, usines,
aliments, abattoirs…) répond à une procédure législative,
inscrite dans la Loi d’expropriation pour cause d’utilité
publique ou sociale qui règlemente l’obligation de garantir à
la population le respect de ses droits fondamentaux (travail,
logement, alimentation…) sans que ceux-ci puissent être
subordonnés à des principes inviolables de propriété.
Ca n’est pas tant le statut de propriété qui gêne,
que l’hypothèque du développement social. Une grande propriété
qui participe du développement national, qui permet
l’inclusion, qui produit et respecte les travailleurs… a toute
sa place au Venezuela. Pour preuve les nombreux cycles économiques
bilatéraux organisés par le Venezuela avec des entrepreneurs
d’un pays étranger, à Caracas, et la récente conférence sur
la place que peuvent occuper les entrepreneurs nationaux dans un
pays où l’Etat les prenait sous son aile jusqu’alors et qui
doivent aujourd’hui rendre services à l’ensemble de la
nation.
7°) Chavez et le
gouvernement bolivarien vont fermer arbitrairement la plus vieille
chaîne de télévision vénézuélienne (RCTV).
En 1987, le gouvernement du président d’alors
Jaime Lusinchi (du parti Accion Democratica) décide de réguler
le système d’obtention des concessions hertziennes pour les télévisons
et radios nationales. Le nouveau règlement, paru dans la gazette
officielle n°33.726 du 27 mai 1987, stipule dans son article 1 :
"Les concessions pour la transmission et l’exploitation de
chaînes de télévision et fréquences de radio seront délivrées
pour une période de 20 ans" et précise dans son article 4 :"Les
concessions qui ont été délivrées avant la date du présent décret
seront considérées valides par les termes établis dans
l’article 1".
Comme on peut le voir, les 20 ans sont en passe de
s’écouler. La concession délivrée à la chaîne RCTV par l’Etat
prendra fin le 27 mai prochain. Le gouvernement vénézuélien ne
supprime aucune licence ni ne ferme donc aucune chaîne de télévision,
il exerce juste le pouvoir de ne pas renouveler la concession tel
que l’établit la Loi.
Le contrôle de l’utilisation des fréquences
hertziennes par l’Etat n’est pas propre au Venezuela. En
France, les articles 21 et 22 de la loi 86-1067 relative à la
liberté de communication affirment clairement le pouvoir de l’Etat
en ce domaine.
Il n’y a donc aucune fermeture arbitraire de chaîne
de télévision. Le propriétaire décide seulement de changer de
locataire, sans pour autant empêcher RCTV de continuer d’émettre
par le câble. Cette décision a été notamment motivée par les
multiples infractions à la loi de Responsabilité Sociale à la
Radio et à la Télévision (loi RESORTE) ainsi que par la
participation active de RCTV au coup d’Etat d’avril 2002 et au
sabotage économique de décembre 2002-février 2003, qui s’était
soldé par une perte de 15 milliards de dollars du PIB.
L’espace laissé vacant par RCTV a été comblé
dés le 28 mai 2007 par une chaîne de service public où les
programmes sont à la charge de Producteurs Nationaux Indépendants
et d’un réseau national de télévisions communautaires, bref
aux mains du Peuple créateur et imaginatif. Le nom de cette
nouvelle chaîne en dit long : TVes, jeu de mots avec
"te ves" qui veut dire "tu te vois".
Venezuela 2000, un nouveau Cuba… des années
1950 ? Drogues, trafics et corruption.
8°) Selon Transparency
International, le Venezuela est le pays le plus corrompu du
continent Américain après Haïti. Le Venezuela est donc un des
pays les plus corrompus au monde.
La corruption est le legs infâme de 40 ans de
politiques capitalistes clientélistes dont a hérité le
gouvernement bolivarien à son arrivée au pouvoir. Face cachée
d’une bureaucratie d’Etat encore lourde, la corruption avait
envahi les consciences, à tel point qu’un homme politique qui
n’y recourrait pas pour s’enrichir était perçu comme un
idiot. Le président Chavez, en reconnaissant que la corruption
est une tare profonde qu’il est difficile d’éradiquer à
court terme, a engagé une lutte à mort contre ce fléau. La création
des conseils communaux et la nouvelle géométrie du pouvoir sont
à la base d’une appropriation directe par le Peuple des moyens
financiers qui lui sont destinés, sans passer par le tamis réducteur
de fonctionnaires corrompus.
Si la corruption persiste encore au Venezuela, la
situation serait-elle aussi catastrophique que le laisse entendre
l’O(N)G Transparency International ?
L’organisation Transparency International, bien
loin d’être une ONG indépendante est financée par de
nombreuses multinationales (dont ExxonMobil directement concerné
par le Venezuela) ainsi que par diverses agences gouvernementales
incluant des paravents de la CIA comme la Fondation Ford, l’Agence
Etatsunienne pour le Développement International (USAID), ou le
Centre International pour l’Entreprise Privée (CIPE), ces deux
dernières organisations furent impliqués dans le coup d’Etat
d’avril 2002 ainsi que dans toutes les tentatives de déstabilisation
du gouvernement bolivarien.
Qui plus est Transparency International limite ses
investigations au secteur public, ce qui pénalise les pays ou
l’Etat joue encore un rôle de régulateur ou d’obstacle au
libéralisme le plus féroce. D’autre part un des critères
majeurs utilisé par Transparency International pour déterminer
le niveau de corruption est la perception qu’ont les propres
citoyens de la corruption dans leur pays. On imagine aisément
comment une enquête de ce type dans les secteurs acquis à
l’opposition minoritaire et intoxiqués par la propagande des
media commerciaux peut fausser la réalité de la corruption au
Venezuela. Autant les liens financiers de Transparency
International que ses méthodes d’investigation nous obligent à
nous distancier de son résultat alarmiste, qui apparaît plus
comme une arme dans la guerre sale contre le Venezuela que comme
une étude objective et transparente.
9°) Il existe des centaines
de prisonniers politiques dans le pays.
Il n’existe aucun citoyen emprisonné pour des
motifs politiques ou de délits d’opinion. Personne ne fut
inculpé pour l’organisation du coup d’Etat d’Avril 2002.
Rappelons au passage que les généraux responsables du putsch
d’Alger en avril 1961 furent emprisonnés, et Bastien-Thierry
l’organisateur de l’attentat du Petit Clamart fut quant à lui
fusillé.
En revanche, un certain nombre de personnes au
Venezuela ont été jugées et écrouées ou mis en examen dans
des cas ayant provoqué la mort de citoyens vénézuéliens comme
ce fut le cas lors du coup d’Etat du 11 avril 2002 ou pour
l’assassinat du procureur Danilo Anderson.
S’il y a des hommes politiques incarcérés,
c’est pour des malversations financières ou des délits de
droit commun.
Mais un politique prisonnier n’est pas pour
autant un prisonnier politique.
Un pavé dans le jardin de l’Empire
10°) Le gouvernement
bolivarien adopte un comportement impérialiste en rachetant des
bons du trésor argentin ou en pratiquant la diplomatie du pétrole
dans la Caraïbes. Ce faisant, il gaspille donc le budget national
à l’extérieur au lieu de l’investir dans les problèmes des
vénézuéliens.
Il est parfois difficile d’admettre qu’il
puisse y avoir d’autres échanges et d’autres discussions que
ceux et celles basés sur l’intérêt social et la solidarité.
Peut-être la plupart y voient-ils un discours hypocrite
permettant d’user habilement de l’arme diplomatique que représente
le pétrole. Ce serait passer outre la vision bolivarienne de
l’intégration latino-américaine. Il en résulte une série
d’accords non pas tant conditionnés aux termes communs d’un
échange commercial qu’aux espoirs et aux gestes d’humanités
qui unissent toujours plus des Etats et des peuples autour d’une
communauté de destin ET d’existence.
L’ouverture énergétique vers les pays des Caraïbes
permet à des « micro-Etats » de se détacher
sensiblement d’une dépendance encombrante à l’aide états-unienne
et aux raffineries de l’étranger… Les contreparties
qu’exigent le Venezuela concernent le respect des personnes, des
aspects sociaux du développement national bien plus que le
respect de procédures de rigueur économique ou de réduction des
déficits publics à tout prix. Ces dernières exigences
conditionnaient l’aide du « Nord » dans le cadre du
consensus de Washington. L’accord Petrocaribe régissant cette
alliance énergétique est très clair. Il ne s’agit pas d’un
don mais de conditions spéciales d’administration du pétrole.
Le paiement étalé sur 25 ans devra se faire une partie en
devises, l’autre en services (médecin, viande, semences, etc…).
L’accusation de gaspillage par l’opposition est plus
qu’hypocrite. Apres avoir usé de son influence au sein d’une
OPEP décomposée au début des années 2000, le Venezuela a réussi
à stabiliser en accord avec ses partenaires les prix du brut à
la hausse. De plus, en 2005, la compagnie CITGO (propriété de
PDVSA aux Etats-Unis) a renvoyé pour la première fois de son
histoire des bénéfices au pays. La majeure partie de l’immense
excédent financier, que les membres de l’opposition avait détruit
durant leurs années de pouvoir, est investie dans les programmes
sociaux au Venezuela.
Lorsque le Venezuela rachète des bons du trésor
argentin, il trouve là un moyen de suspendre la dépendance de
l’argentine aux créanciers du Nord, d’écouler une grande
partie de ses liquidités pour lutter contre l’inflation, de
resserrer les liens avec une Argentine qui lui fournit nombre de
biens manufacturés qui lui sont refusés par les Etats-Unis…
Enfin, ces bons restent porteurs d’une rémunération à terme,
et sont l’occasion de la consolidation d’un système financier
qui permette de conserver les capitaux aux « Suds »
afin que les plus-values issues de la manipulation des fonds
cessent d’être systématiquement retenues au Nord. C’est
l’argument de la constitution de la « Banque du Sud »
où personne, en Amérique Latine n’est obligé d’entrer, mais
dont le projet remporte un grand succès parmi des économies
nationales structurellement et financièrement dépendantes du
Nord.
11°) Le Venezuela est le
pays le plus dangereux du continent (violence / délinquance + armée).
On entend souvent le département d’Etat
fustiger la « course à l’armement » imposée par le
Venezuela dans la « région » latino-américaine en
passe d’être déstabilisée par un Etat aux marges de l’Etat
voyou. En terme de budget d’armement, le Venezuela est derrière
le Brésil, l’Argentine, le Chili, la Colombie (renforcée plus
encore par l’aide militaire états-unienne dans le cadre du Plan
Colombie) et le Mexique. L’armement du Venezuela relève d’un
renouvellement de son arsenal léger et de sa flotte d’avions de
chasse dont les pièces de rechange ont été refusées par les
Etats-Unis. Les mêmes Etats-Unis offrent moins de résistance à
armer la Colombie en chars d’assauts dont on perçoit mal la
pertinence pour lutter contre une guérilla retranchée bien
souvent dans des montagnes à forte pente. A moins que ce ne soit
une manière de ne pas mettre tous les monteurs des chaînes de
Cleveland et de Détroit à la porte…
Après le passage de la défense nationale à la sécurité
nationale et à l’établissement des régimes autoritaires, la sécurité
intérieure anime bien des craintes. Si les « théâtres
d’opération » - lieux reculés d’isolement et
d’exactions policières – les disparitions, tortures et autres
massacres pratiqués tout au long de la IVe République vénézuélienne
ont disparus, l’insécurité et la violence restent néanmoins
des paramètres alarmants. Accompagnant l’armement des réseaux
de narcotrafic, similaire aux phénomènes qui ont lieu par
exemple à Rio, s’approchant des records de violence que connaît
Recife et tutoyant les sommets en terme d’homicides dans la
Caracas du milieu des années 1990, la violence au Venezuela est
un mal qui ronge la nation et stigmatise la désunion et la désarticulation
des structures sociales du pays à différentes échelles. La dépuration
des corps de sécurité, la lutte déterminée de la justice et le
rétablissement des opportunités d’épanouissement pour chacun
occupent l’effort national. L’insécurité est bien trop grave
pour en faire lamentablement un objet de manipulation et de
division.
Si le Venezuela est un pays dangereux, il l’est
pour le gouvernement étatsunien par le message d’espoir de
transformation sociale qu’il promeut en Amérique Latine et dans
le Monde.
12°) Le Venezuela est un
foyer potentiel d’activité terroriste en Amérique Latine.
L’intégrité territoriale du Venezuela et la
protection des ressources du sous-sol particulièrement convoitées
en ce début de siècle belliqueux, sont assurées par une armée
bien moins performante que la plupart de ses voisins. Aucune
possibilité de se « projeter » avec agressivité hors
des frontières.
La lutte contre le narcotrafic et le terrorisme
international est au cœur d’un contentieux entre les Etats-Unis
et le Brésil pour l’installation d’une base militaire dans
l’Amazonie reculée, réservoir de biodiversité… Il y a
quelques mois, une base a été installée dans le Chaco
Paraguayen, à deux pas de la deuxième réserve de gaz du
continent (en Bolivie), mais surtout, nous dit-on, pour surveiller
les activités terroristes repérées à la triple frontière –
Paraguay, Brésil, Argentine. Triple frontière qui, en plus de
son intérêt géopolitique, revêt un intérêt géostratégique
notoire, elle correspond aussi au plus grand aquifère de la planète,
celui du Guarani.
Le fait d’entendre par intermittence et depuis
des sources différentes, des commentaires sur les foyers de
terrorisme définis par les Etats-Unis au Venezuela (islamisme,
camps d’entraînement iraniens, ETA, bases d’Al Qaida… !!!),
participe de cette manière à orchestrer un mensonge justifiant
une intervention étrangère. Il n’y a guère que ceux qui ont
besoin d’un prétexte pour croire au mensonge, là où le chemin
est toujours plus court vers une intervention qui s’affranchisse
du prétexte…
Depuis 2000 et le retrait de la sinistre « Ecole
des Amériques » de Panama, où se sont formés parmi les
plus fameux dictateurs du continent, les Etats-Unis ont installé
8 nouvelles bases dans la région qui s’ajoutent aux 7 déjà
existantes, totalisant plusieurs dizaines de milliers de soldats
en place dans une région qui assure 40% de la consommation de pétrole
de la fédération nord-américaine.
Cassandres…
13°) La Révolution
bolivarienne sans le pétrole s’effondrera d’elle-même.
Avant de spéculer sur l’économie post-pétrolière
vénézuélienne, il est bon de rappeler qu’avec le sous-sol de
la Faja del Orinoco, le Venezuela posséderait les réserves pétrolières
les plus importantes au monde, devant les pays du Moyen Orient. De
plus, le Venezuela dispose des premières réserves de gaz d’Amérique
Latine, encore sous exploitées. Le pays est aussi riche en
aluminium et en or. Les industries de bases vénézuéliennes ont
donc de beaux jours devant elles, même si le pétrole venait à
se faire rare.
Le gouvernement bolivarien a lancé une grande
campagne pour diversifier son économie. Traditionnellement, le
Venezuela était un pays d’importation. Les revenues pétroliers
assuraient l’achat de divers produits manufacturés, agraires,
etc… Afin de ne plus dépendre de ces importations, le
gouvernement a relancé la production agraire, notamment au sein
de coopératives agricoles. Le développement endogène, pilier de
l’économie bolivarienne, entends aussi réduire les
importations pour ce qui est des produits manufacturés. Notons
aussi le développement sans précédent au Venezuela de la Pétrochimie,
pour faire profiter l’appareil productif de l’industrie pétrolière.
De plus, pour lutter contre le fléau de la dépendance
aux importations, l’exécutif a promulgué le décret présidentiel
3898 qui oblige toutes les industries de bases (publiques ou privées)
à fournir en premier les entreprises de transformation nationales
et exporter uniquement l’excèdent. Les aberrations que
constituait l’importation massive de T-shirt en polyamide, ou de
casserole d’aluminium et leur vente à prix élevé n’auront
plus lieu d’être.
Le tissu productif du Venezuela a été renforcé
par la création de dizaines de milliers de coopératives et
d’entreprises de production sociale, qui en grande majorité
sont situées hors de l’économie pétrolière et ne sont pas liées
à l’industrie de base.
Enfin, la reprise en main des services de l’impôt
par le gouvernement bolivarien a fait de cette entité la
principale rentrée dans le budget de l’Etat avec le Pétrole,
alors qu’elle représentait 22% lors de l’installation au
pouvoir du Président Chavez.
Romain Migus
Albert Mondovi.
© CSP - Diffusion autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.
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