CUBA SOLIDARITY PROJECT
L'Empire et le mensonge
Fidel Castro
Photo CSP
11 septembre 2007
[Quarante-quatrièmes] Réflexions de Fidel Castro
C’est Reagan qui créa la Fondation nationale
cubano-américaine dont le rôle sinistre vis-à-vis du blocus et
du terrorisme contre Cuba apparaîtrait au grand jour quelques années
plus tard quand le gouvernement des Etats-Unis déclassa des
documents secrets, bien que toujours surchargés de ratures.
L’avoir su avant n’aurait pas changé notre conduite pour
autant.
Quand on apprit à Cuba, le 30 mars 1981, que
Reagan avait été victime d’un attentat – par une arme de
calibre 22 dont une balle se logea dans un poumon, lui
occasionnant des risques et des souffrances – je lui fis
parvenir un message pour condamner ce fait : je demandai à
notre ministre des Relations extérieures, Isidoro Malmierca, de
soutenir une conversation dans ce sens avec Wayne Smith, chef de
la Section des intérêts des Etats-Unis à La Havane. J’en cite
des extraits textuels :
« ISIDORO MALMIERCA. Je vous ai convoqué et
reçu à la demande expresse du président Fidel Castro, qui m’a
demandé de vous remercier des informations que vous avez offertes
au directeur Joaquín Más au sujet de l’attentat dont le président
Reagan a été victime. Mais je tiens aussi à vous dire, toujours
au nom du président Fidel Castro, combien nous regrettons ce fait
et à exprimer notre espoir, à former des vœux pour le prompt rétablissement
du président Reagan.
« WAYNE SMITH. Je vous remercie.
« ISIDORO MALMIERCA. Nous avons reçu des
informations sur les soins médicaux qu’il reçoit. Vous avez
aussi reçu au début des informations que les conséquences de
l’attentat étaient simples, mais il semble que ce soit plus
grave, qu’on l’a soumis à une intervention chirurgicale.
« WAYNE SMITH. Oui. Nous avions
l’impression qu’il avait déjà été opéré, mais la radio a
informé que l’opération vient de commencer. Il est probable
qu’il en sorte d’ici une heure. Une opération de trois
heures, ça n’a rien de simple, donc, surtout pour un septuagénaire.
On dit qu’il est hors de danger. J’interprète ceci comme quoi
il n’y aura pas de danger immédiat. Mais, chez un septuagénaire,
une opération de trois heures est quelque chose de sérieux. Mais
on dit que la situation n’est pas grave, qu’il est stable.
Nous espérons que tout ira bien. Je vous remercie de vos vœux,
ainsi que de l’intérêt et du message du président Fidel
Castro.
“ISIDORO MALMIERCA. A Washington aussi, M. Frechette
s’est adressé à la Section des intérêts de Cuba et nous a
fait parvenir des renseignements sur la situation. Il a expliqué
que vous aviez reçu aussi des informations. Parfait. Je vous répète
que le président Fidel Castro m’a chargé personnellement de
vous rencontrer et de vous exprimer nos vœux que le président
Reagan puisse se rétablir rapidement des conséquences de
l’attentat.
« WAYNE SMITH. Je vous remercie. Mon Dieu !
Que c’est dur ! Le président Kennedy a été assassiné à
Dallas, et il semble que le responsable de l’attentat contre
Reagan soit de Dallas. Il vit maintenant dans le Colorado, mais il
est de Dallas. Je ne sais si…
« ISIDORO MALMIERCA. J’ai lu dans des dépêches
qu’il est né près de Denver, à une trentaine de kilomètres.
« WAYNE SMITH. Je ne sais pas. L’un de mes consuls ici, de
la Section, m’a dit qu’il avait écouté à la radio que
c’est un type qui a fréquenté la même école que lui. Je ne
sais pas, peut-être a-t-il vécu quelques années à Dallas. Je
ne sais pas ce qu’a l’ambiance à Dallas pour…
« ISIDORO MALMIERCA. On dit que ce sont
trois frères, fils d’un pétrolier.
« WAYNE SMITH. Son papa, oui. C’est un
gars de vingt-deux ans, étudiant de Yale, mais qui venait
d’abandonner ses études. Peut-être un jeune frustré par un échec,
qui a agi sur un coup de tête. A vrai dire, je me réjouis que ce
soit un gars comme ça, et non un Portoricain, par exemple, ou
quelqu’un comme ça qui pourrait provoquer des conséquences
politiques.
« ISIDORO MALMIERCA. Oui, on pourrait spéculer
alors sur les motivations politiques.
« WAYNE SMITH. Oui, c’est incontestable,
ça pourrait encourager des interprétations politiques. Mais un
jeune Blanc du Colorado, du Texas, il est bien difficile de faire
des interprétations politiques.
“ISIDORO MALMIERCA. La police a même informé
que c’est quelqu’un qui a agi seul, sans lien avec aucun
groupe…
« WAYNE SMITH. Oui, ça doit être un fou ou
un fanatique pour s’approcher tant du président… En fait, il
a été capturé aussitôt. Il a sorti son pistolet et il a tiré…
« ISIDORO MALMIERCA. Braddy est mort ?
« WAYNE SMITH. Non.
« ISIDORO MALMIERCA. On a dit qu’il avait
été tué.
« WAYNE SMITH. Oui, certains rapports ont
parlé de sa mort, mais non, il est dans un état très grave,
mais il n’est pas mort. Je suppose que si ç’avait été une
balle calibre 45, il serait mort, mais avec un calibre 22, il a
certaines possibilités… Mais il semble avoir reçu la balle
dans la tête, et là évidemment… Tout ça ne présage rien de
bon, il n’y a guère d’espoir.
« ISIDORO MALMIERCA. Une balle dans la tête,
de n’importe quel calibre, c’est très grave.
« WAYNE SMITH. Braddy est dans un état très
grave. Il pourrait en réchapper, mais ce serait une vie végétative..
« ISIDORO MALMIERCA. Je regrette que notre
conversation ait été provoquée par un fait si regrettable.
« WAYNE SMITH. Je vous remercie de vos vœux.
J’enverrai aussitôt une dépêche à mon gouvernement pour
l’informer de notre conversation. Je vous prie de transmettre
mes remerciements au président Fidel Castro. »
Je n’ai aucun commentaire à faire. La version
de Malmierca, rédigée aussitôt après, parle d’elle-même.
Wayne Smith est aujourd’hui un opposant résolu du blocus et des
agressions contre Cuba.
Mais l’histoire de ma conduite envers le président
d’un pays qui, dès l’époque d’Eisenhower, a tramé des
centaines de plans pour m’assassiner ne conclut pas là.
Une information remise de manière absolument
confidentielle, à l’été 1984, à un fonctionnaire responsable
de la sécurité des représentants cubains devant l’ONU
alertait qu’un groupe d’extrême droite de Caroline du Nord préparait
un attentat contre le président Ronald Reagan. L’ayant appris,
j’ai décidé d’en informer immédiatement les autorités étasuniennes.
Notre fonctionnaire suggéra de le faire à travers Robert C.
Muller, chef de la sécurité de la mission des Etats-Unis devant
les Nations Unies, avec qui des contacts existaient en vue de la
protection des délégations cubaine qui visitaient
l’organisation internationale.
L’attentat devait se produire à une date très
proche, quand Reagan se rendrait en Caroline du Nord dans le cadre
de sa campagne de réélection à la présidence.
L’information que nous possédions était complète :
noms des comploteurs ; jour, heure et endroit où le crime
aurait lieu ; type d’armement aux mains des terroristes ;
où les armes étaient cachées ; lieu de réunion des
individus impliqués et bref récit de ce qui s’était dit à
cette réunion.
Notre fonctionnaire remit l’information à
Muller dans un édifice de la 37e rue et de la 3e avenue, à deux
rues de la mission cubaine.
Il lui transmit tous les détails connus alors, et
surtout le plus important : les noms des impliqués,
l’endroit, l’heure et le type d’armes qui seraient utilisées.
A la fin de la rencontre, il lui affirma avoir reçu
des instructions du gouvernement cubain de le faire d’urgence et
que s’il avait été choisi, c’est parce qu’on savait que
c’était un professionnel des questions de sécurité.
Muller lut l’information pour s’assurer que
rien n’avait été modifié et que tous les éléments
importants étaient signalés.
Quand il s’enquit de la source, on lui répondit
qu’elle était sûre. Il affirma que les services secrets
devraient forcément rencontrer les fonctionnaires cubains. On lui
répondit qu’il n’y avait pas d’inconvénients.
Les agents des services secrets rencontrèrent des
représentants cubains cette même après-midi, vers quatre heures
et demie.
L’entretien se déroula dans l’appartement
34-F, au septième étage de Ruppert Towers, un ensemble d’édifices
de la 92e rue, entre les 3e et 2e rues, dans la partie haute de
Manhattan.
Les agents étaient deux jeunes Blancs, cheveux
ras, en costume. Ils tenaient principalement à vérifier ce que
Muller leur avait transmis, puisqu’ils avaient avec eux une
copie de la dépêche que celui-ci leur avait envoyée. Nos
fonctionnaires vérifièrent la teneur de la dépêche et assurèrent
que rien n’y manquait.
Les agents des services secrets voulurent savoir
qui avait donné l’information et comment elle était arrivée
en nos mains. La réponse fut la même que celle qui avait été
donnée à Muller. Ils voulurent savoir si on pouvait leur en dire
davantage et on leur répondit que si quelque chose de nouveau
arrivait, on le leur ferait savoir aussitôt. Ils laissèrent
leurs cartes de visite, demandèrent qu’on leur téléphone
directement au cas où nous aurions d’autres informations, et précisèrent
que ce n’était plus la peine de passer par Muller.
Nous apprîmes le lundi suivant que le FBI avait
arrêté un groupe de gens en Caroline du Nord et que plusieurs
chefs d’accusation pesaient sur eux, dont aucun, bien entendu,
n’avait à avoir avec un attentat contre le président Reagan
qui se rendit dans cet Etat quelque temps après dans le cadre de
sa campagne de réélection présidentielle.
Quatre ou cinq jours après cette arrestation,
durant le même week-end, Muller téléphona à notre mission pour
inviter le fonctionnaire cubain à un déjeuner au restaurant des
délégués des Nations Unies. Là, il lui demanda tout d’abord
de transmettre au gouvernement cubain les remerciements du
gouvernement étasunien pour l’information fournie, et il
confirma que celui-ci avait agi contre le groupe en question. Un
combattant antiterroriste cubain avait sauvé la vie d’un président
des Etats-Unis !
Tel ou tel journal étasunien signale le journal
intime de plus de sept cents pages que Reagan rédigea, à partir
de son entrée à la Maison-Blanche et jusqu’à la remise du
pouvoir à son successeur Bush père, ces notes personnelles
indiquant censément que son gouvernement n’aurait pas été si
agressif contre Cuba.
Or, selon ce qu’on raconte, Robert McFarlane,
alors sous-secrétaire d’Etat adjoint d’Alexander Haig,
affirme dans ses Mémoires : « De toutes les
administrations ayant eu à voir avec Fidel Castro depuis 1959,
celle de Reagan semblait la moins capable de dialoguer avec le régime
communiste de Cuba. »
Peut-être Reagan avait-il senti quelque gratitude
tant de notre préoccupation au moment de l’attentat de 1981 que
pour l’alerte que lui sauva la vie face à un danger imminent et
voulut-il le faire savoir par Robert C. Muller interposé.
C’est en fait Reagan qui souscrivit le premier
accord migratoire avec Cuba, mais il ne pouvait échapper à son
environnement, au point que d’autres encore plus de droite que
lui souhaitaient l’éliminer physiquement, comme ils l’avaient
fait avec Kennedy après que celui-ci eut connu de près le
terrible risque de la guerre thermonucléaire. En pleine année électorale,
Reagan modifia sans aucun doute sa politique envers Cuba, ne
respecta pas l’accord souscrit qui fixait jusqu’à vingt mille
le nombre de visas que les USA devaient délivrer en vue d’une
émigration sûre, puisqu’il en délivra moins de mille, et
maintint la Loi d’ajustement cubain qui a coûté tant de vies
cubaines.
Un vrai chaos se déchaîna le 11 septembre 2001
dans le pays voisin. Ce jour-là, pendant très longtemps, les aéroports
refusèrent le droit d’atterrissage, si bien qu’un nombre
incalculable d’appareils de ligne durent continuer de voler.
Telles étaient les nouvelles que transmettaient les médias étasuniens.
On informait que des milliers de personnes avaient péri à New
York parmi les employés qui travaillaient dans les Tours
jumelles, les pompiers et les visiteurs. On parlait aussi d’un
avion de passagers qui s’était écrasé sur le Pentagone. Nous
offrîmes, le cas échéant, des dons de sang sûr en provenance
de donneurs habituels, une tradition de toujours de la Révolution
cubaine.
Ce jour-là, près de quinze mille étudiants et
diplômés universitaires avaient été convoqués à six heures
de l’après-midi pour la réouverture de l’école Salvador
Allende où 3 599 jeunes allaient entreprendre des études supérieures
pour devenir, selon des méthodes nouvelles et éprouvées,
professeurs dans l’enseignement primaire..
Six ans se sont écoulés depuis ce douloureux épisode.
On sait aujourd’hui que la désinformation a été délibérée.
Je ne me rappelle pas avoir entendu dire ce jour-là que les
sous-sols de ces tours, dont les étages étaient le siège de
nombreuses banques transnationales et sociétés, renfermaient
environ deux cents tonnes de lingots d’or. Les gardiens avaient
reçu l’ordre de tirer sans sommation contre quiconque tenterait
de pénétrer dans cette zone. Les calculs concernant les
structures d’acier, les impacts d’avion, les boîtes noires et
leur contenu, ne s’ajustaient pas aux vues de mathématiciens,
de sismologue, de spécialistes en information et de spécialistes
en démolition, etc., etc. Le plus dramatique, c’est qu’on ne
saura peut-être jamais ce qu’il s’est passé exactement. En
tout cas, que l’on sache, plusieurs personnes qui volaient de
New York à San Francisco ont téléphoné à des parents quand
l’appareil était déjà contrôlé par des individus qui
n’appartenaient pas à l’équipage.
Quand on analyse l’impact d’avions semblables
à ceux qui se sont précipités contre les tours et tombés par
accident dans des villes très peuplées, on conclut qu’aucun
appareil ne s’est écrasé sur le Pentagone et que seul un
projectile a pu provoquer l’orifice rond causé par le prétendu
avion. Aucun passager mort n’est jamais non plus apparu. Nul ne
doutait alors dans le monde que le Pentagone avait été attaqué.
On nous a trompés, tout comme le reste des habitants de la planète.
Parlant ce jour-là, 11 septembre, à la Cité des
sports, j’avais abordé entre autres points cette tragédie aux
Etats-Unis. Ne pouvant reproduire l’allocution complète, j’en
donne ici des extraits :
« […] Nous ne pensions pas annuler ce
meeting, et nous ne le pouvions pas, malgré la tension
internationale créée par les événements. Je suppose que
beaucoup de vous sont au courant, mais voilà en gros de quoi il
s’agit. Vers neuf heures du matin, un Boeing, un des très
grands, s’est écrasé directement contre l’une des deux célèbres
tours de New York, l’un des immeubles les plus hauts du monde.
Naturellement, cette tour a pris feu sous
l’impact du carburant de ce gros avion. Des scènes terribles se
sont déroulées. Dix-huit minutes plus tard, un autre avion, lui
aussi d’une compagnie étasunienne, s’est précipité
directement contre l’autre tour.
« Quelques minutes plus tard, un autre avion
s’est écrasé sur le Pentagone. D’autres nouvelles informent,
au milieu d’une certaine confusion, d’une bombe face au Département
d’Etat et d’autres faits alarmants. Bien sûr, je n’ai
mentionné que les plus importants.
« De toute évidence, le pays a été
victime d’une attaque violente et par surprise, inattendue,
inusitée, quelque chose de vraiment insolite qui a donné lieu à
des scènes impressionnantes, surtout lorsque les tours étaient
en feu et, ensuite, lorsqu’elles se sont écroulées avec leurs
cent étages sur des immeubles proches. On sait que des dizaines
de milliers de personnes y travaillaient dans ces bureaux de
nombreuses compagnies de différents pays.
« Il est logique que ces événements aient
provoqué une commotion aux Etats-Unis et dans le monde. Les
bourses ont commencé à s’effondrer. Etant donné
l’importance politique, économique, technologique des
Etats-Unis et leur pouvoir, le monde était aujourd’hui ébranlé
par ces événements qu’il a fallu suivre de près toute la
journée, alors que pour notre part nous prêtions attention aux
conditions et aux circonstances dans lesquelles allait se tenir ce
meeting.
« Par conséquent, je devais aborder deux
points : l’école et son énorme importance, et la
catastrophe politique et humaine qui s’est produite là-bas, spécialement
à New York.
« […] Aujourd’hui est un jour tragique
pour les Etats-Unis. Vous savez parfaitement que nous n’avons
jamais semé ici la haine du peuple étasunien. Cuba, justement
parce qu’elle se sent pleinement libre, qu’elle a une patrie
mais pas de maître, parce qu’elle est cultivée et n’a pas de
complexes, est peut-être le pays où l’on traite avec le plus
de respect les citoyens étasuniens. Nous n’avons jamais prêché
la moindre de haine nationale, ni rien de semblable au fanatisme.
Et si nous sommes si forts, c’est parce que notre conduite est
fondée sur des principes et des idées. Voilà pourquoi nous nous
traitons avec beaucoup de respect – et ils s’en rendent compte
– tous les citoyens étasuniens qui visitent notre pays.
« Nous n’oublions pas non plus le peuple
étasunien qui a mis fin, par son opposition, à la guerre génocide
du Vietnam. Nous n’oublions pas le peuple étasunien qui, à
plus de 80 p. 100, a appuyé le retour du petit Elian dans notre
pays. Nous n’oublions pas son idéalisme, même s’il est
souvent trompé, car, comme je l’ai souvent dit, pour pousser un
Etasunien à soutenir une cause injuste, une guerre injuste, il
faut d’abord le tromper, et la méthode classique utilisée dans
la politique internationale de cet énorme pays est de tromper
d’abord la population pour pouvoir compter ensuite sur son
appui. Lorsque l’inverse se produit et que le peuple découvre
une injustice, il s’oppose par tradition d’idéalisme à tout
ce qu’il avait appuyé, qui sont bien souvent des causes très
injustes, parce qu’il était convaincu de soutenir une cause
juste.
« C’est pourquoi – bien que nous ne
sachions pas le nombre exact de victimes – après avoir vu des
scènes de souffrance impressionnantes, nous avons ressenti une
douleur et une tristesse profondes à l’égard du peuple étasunien,
fidèles à la ligne que nous avons toujours suivie.
« Nous n’adulons pas les gouvernements,
nous ne cherchons pas à entrer dans les bonnes grâces de
personne, nous ne cherchons pas le pardon, mais nous n’avons pas
la moindre peur. La Révolution a prouvé dans son histoire
combien elle est capable de relever un défi, combien elle est
capable de lutter, combien elle est capable de résister autant
qu’il le faut, ce qui nous a converti en un peuple invincible.
Ce sont là nos principes, une Révolution basée sur des idées,
sur la persuasion et non sur la force. […]
« Telle a été notre réaction, et nous
avons voulu que notre peuple voie les scènes et la tragédie.
Nous n’avons pas hésité à exprimer publiquement nos
sentiments. J’ai ici une déclaration qui a été remise à la
presse internationale vers trois heures de l’après-midi, élaborée
aussitôt que les faits ont été connus, tandis que notre télévision
diffusait des images des événements. Elle sera communiquée à
notre peuple au journal télévisé du soir.
« Je devance le moment pour quelques minutes
afin de vous lire la Déclaration officielle du gouvernement de
Cuba face aux événements qui ont eu lieu aux Etats-Unis :
« "Le gouvernement de la République de
Cuba a connu avec douleur et tristesse les attaques violentes réalisées
ce matin par surprise contre des installations civiles et
officielles à New York et à Washington et qui ont causé de
nombreuses victimes. […]
« "On ne saurait oublier que notre
peuple a été victime, durant plus de quarante ans, d’action de
ce genre, encouragées depuis le territoire même des Etats-Unis.
« "Aussi bien pour des raisons
historiques que par des principes éthiques, le gouvernement de
notre pays rejette et condamne énergiquement les attaques perpétrées
contre ces installations et exprime ses condoléances les plus
sincères au peuple étasunien pour les pertes humaines,
douloureuses et injustifiables, qu’elles ont provoquées.
« "À cette heure amère pour le peuple
étasunien, notre peuple se solidarise avec lui et exprime sa
totale disposition à coopérer, dans la mesure de ses modestes
possibilités, avec les institutions sanitaires et avec toute
autre institution à caractère médical ou humanitaire de ce pays
aux soins et à la réhabilitation des victimes causées par les
faits de ce matin".
« […] Même si on ne sait pas encore si
les victimes sont au nombre de cinq, dix, quinze ou vingt mille
– on sait seulement qu’il y avait des centaines de passagers
dans les avions qui se sont écrasés contre les tours et contre
le Pentagone – nous avons offert ce que nous pouvions en cas de
besoin.
« Il s’agit d’un pays qui possède un
grand développement scientifique, médical, qui dispose de
ressources, mais il est possible qu’à un moment donné il ait
besoin de sang d’un groupe donné, de plasma, ou de tout autre
produit, ce que nous lui donnerions avec plaisir, ou alors d’un
appui médical ou de personnel paramédical, car nous savons que
de nombreux hôpitaux manquent de techniciens et de
professionnels. Bref, ce que nous voulions c’était exprimer
notre attitude et notre disposition face à ces événements
tragiques.
« […] Les détournements d’avions, une méthode
inventée contre Cuba, étaient devenus un véritable fléau
universel, et c’est nous qui avons réglé en fin de compte ce
problème quand, après de nombreux avertissements dans ce sens,
nous avons renvoyé aux Etats-Unis deux pirates de l’air. C’était
d’autant plus douloureux qu’il s’agissait de citoyens
cubains, mais nous l’avions averti publiquement et nous avons
tenu parole. Ensuite, les autorités de là-bas ne nous ont jamais
plus donné de leurs nouvelles, même pas pour leur famille. Ils
ont leur façon d’agir. Allez savoir… Je sais qu’ils ont été
condamnés à quarante ans de prison. En tout cas, c’est ça qui
a mis fin aux détournements d’avions.
« […] Aucun des problèmes actuels du
monde ne peut se régler par la force. Aucun pouvoir global, aucun
pouvoir technologique, aucun pouvoir militaire ne peut garantir
l’immunité totale contre des faits de cette nature, car ils
peuvent être perpétrés par des petits groupes, difficiles à découvrir
[…]
« Il est très important de savoir quelle
sera la réaction du gouvernement des Etats-Unis. Des jours
dangereux s’annoncent vraisemblablement pour le monde. Je ne
parle pas de Cuba. Cuba est le pays le plus tranquille au monde,
pour différentes raisons : notre politique, notre forme de
lutte, notre doctrine, notre morale et, aussi, compañeras et
compañeros, notre absence totale de crainte.
« Rien ne nous inquiète, rien ne nous
intimide. Il serait très difficile de monter une calomnie contre
Cuba, même pas celui qui l’inventerait y croirait. C’est très
difficile. Cuba n’est pas rien dans ce monde, elle jouit d’une
très grande position morale et d’une position politique très
solide.
« […] Les prochains jours seront d’une
grande tension, aux Etats-Unis et au dehors. Tout le monde
commencera à émettre des opinions.
« […] Nous suggérerions à ceux qui
dirigent le puissant empire de garder leur sérénité, d’agir
avec sang-froid, de ne pas se laisser emporter par des accès de
colère ou de haine, de ne pas se lancer à la chasse de gens en
larguant des bombes de partout. […]
« Je le répète : aucun des problèmes
du monde, dont le terrorisme, ne peut se régler par la force, et
chaque action de force, chaque recours irrationnel à la force, où
que ce soit, ne ferait que les aggraver. « La voie à suivre
n’est ni la force ni la guerre. Je le dis ici, fort de
l’autorité que me donne le fait d’avoir toujours parlé avec
honnêteté, de posséder des convictions solides et d’avoir vécu
l’expérience et les années de lutte qu’a connues Cuba. Seule
la raison, la politique intelligente consistant à chercher la
force du consensus et de l’opinion publique internationale
peuvent extirper ce problème. Je pense qu’un fait aussi
insolite devrait servir à favoriser la lutte internationale
contre le terrorisme. Mais celle-ci ne se gagne pas en éliminant
un terroriste par ci et un autre par là, en tuant de ci et de là,
en employant des méthodes similaires et en sacrifiant des vies
innocentes. Elle se gagne, entre autres, en mettant fin au
terrorisme d’Etat et à d’autres formes de tuer répugnantes,
en mettant fin aux génocides, en suivant loyalement une politique
de paix et de respect de normes morales et légales
imprescriptibles. Le monde ne pourra se sauver que s’il suit une
politique de paix et de coopération internationale.
« […] Nous avons largement prouvé que
nous pouvons survivre, vivre et aller de l’avant. Et tout ce que
nous avons vu ici aujourd’hui est l’expression d’un progrès
sans égal dans l’histoire. On ne progresse pas seulement en
produisant des voitures : on progresse en épanouissant les
intelligences, en apportant des connaissances, en créant de la
culture, en s’occupant des êtres humains comme il le mérite.
Tel est le secret de l’énorme force de notre Révolution.
« Le monde n’a pas de salut par d’autres
voies, et je parle ici de la violence. Qu’on cherche la paix
partout pour protéger les peuples contre le fléau du terrorisme,
soit, mais il est d’autres terribles fléaux : le sida, par
exemple. Ou celui qui tue des dizaines de millions d’enfants,
d’adolescents et de personnes dans le monde : la faim, les
maladies, le manque d’assistance médicale et de médicaments.
« Du point de vue politique, il existe des idées
absolutistes, une pensée unique que l’on essaie d’imposer au
monde et qui ne provoquent partout que la rébellion et
l’irritation.
« Le monde ne pourra se sauver – et cela
n’a plus rien à voir avec le terrorisme – si l’on continue
à développer et à appliquer cet ordre économique et social
injuste qui nous mène tout droit à la catastrophe à laquelle ne
pourraient pas échapper les 6,2 milliards d’habitants de la
planète, ni leurs enfants. Car notre planète est de plus en plus
détruite et poussée à la destruction, à la pauvreté, au chômage,
à la faim et au désespoir. Les masses l’ont démontré à
Seattle, à Québec, à Washington, à Gênes, des villes déjà
historiques.
« Les leaders les plus puissants de l’économie
et de la politique mondiale ne peuvent pratiquement plus se réunir.
Les gens en ont de moins en moins peur et se soulèvent partout,
comme on peut le constater. Je reviens de Durban, une ville
sud-africaine, et j’y ai vu des milliers de personnes qui
appartiennent à des organisations non gouvernementales. Le mécontentement
pousse comme des champignons dans le monde. […]
Quelle différence énorme entre la conduite du
gouvernement cubain et celle du gouvernement étasunien ! La
Révolution, qui se fonde sur la vérité ; l’Empire, qui
se fonde sur le mensonge !
Fidel Castro Ruz 11 septembre 2007
© CSP - Diffusion autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.
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