Opinion
Non à la
compensation biodiversité
Mardi 17 décembre 2013
Déclaration
internationale pour défendre les biens
communs et s'opposer aux mécanismes de
compensation biodiversité
En réaction au
Forum Mondial sur le Capital Naturel qui
s'est tenu à Édimbourg (Écosse), du 21
au 22 novembre 2013, 136 organisations
ont publié une déclaration pour
s'opposer au principe de compensation
biodiversité et ont organisé un
contre-forum sur les biens communs.
Alors que les
marchés du carbone ont montré leur
inefficacité à faire diminuer les
émissions de gaz à effet de serre, les
entreprises et les gouvernements
proposent désormais d'étendre ce type de
mécanisme à la biodiversité et aux
écosystèmes.
Le principe est
qu'une entreprise ayant un projet
entraînant une destruction ou une
dégradation d'un espace naturel puisse
payer un intermédiaire pour compenser
ses impacts en restaurant ou en
protégeant un autre espace. Or, comme
l'explique Hannah Mowat de FERN : « La
biodiversité n'est pas un produit de
supermarché que l'on peut acheter ou
échanger. Elle est liée aux paysages
humains et culturels et sa destruction à
un endroit ne peut être compensée par
une action plus loin ».
De plus, le risque
associé à ce type de mécanisme est
d'ouvrir un nouveau marché pour les
acteurs financiers qui peuvent se placer
dans la chaîne des intermédiaires, et
spéculer, comme l'explique Lucie Pinson,
chargée de campagne pour les Amis de la
Terre : « Avec les incertitudes
autour de la crise économique, les
banques cherchent de nouveaux
investissements : la crise écologique
s'accélérant, avec une demande en
ressources naturelles et en énergie
croissante, les banques voient dans les
mécanismes de compensation biodiversité
un nouveau marché florissant ».
Si les entreprises
soutiennent les mécanismes de
compensation, c'est également parce
qu'ils permettent d'éviter des
législations plus contraignantes ou de
saper la contestation locale contre un
projet comme l'explique Maxime Combes
d'Attac France : « L'extension des
mécanismes de compensation biodiversité
est clairement au cœur des projets de
gestion de la nature que veulent mettre
en œuvre des acteurs financiers pour
maintenir coûte que coûte un modèle
insoutenable. Le Parlement français, qui
sera saisi d'une loi biodiversité au
printemps 2014, devra choisir entre
ouvrir les vannes de la compensation
biodiversité ou alors renforcer les
cadres qui permettent de bloquer les
petits et grands projets inutiles
destructeurs de biodiversité et
d'écosystème ». Une dizaine
d'organisations françaises, notamment
des associations locales impliquées dans
la lutte contre des projets
controversés, sont ainsi signataires de
la déclaration.
L'extension des
mécanismes de compensation est un
phénomène mondial : « Au Brésil, le
gouvernement procède à une réforme des
politiques publiques pour permettre aux
entreprises de «compenser » l'impact
plutôt que de prévenir les dégâts. La
banque de développement brésilienne,
BNDES, subventionne les Etats pour
qu'ils adoptent des lois locales sur les
compensations carbone et biodiversité.
Bien que cela soit contesté par le
procureur public, ces politiques sont à
l'origine de violations dramatiques des
droits des peuples autochtones »,
explique Lucia Ortiz, des Amis de la
Terre Brésil.
Pour faire face, et
dénoncer, les mécanismes de compensation
biodiversité, les organisations
signataires de la déclaration proposent
de renforcer l'idée de bien commun comme
l'explique Nick Dearden, directeur du
Mouvement mondial pour le développement
et coorganisateur du Forum sur les Biens
Communs : « La nature est un bien
commun qui appartient à tous et dont
chacun est responsable. Elle doit être
gérée démocratiquement, en renforçant en
priorité les droits des communautés
locales qui en dépendent selon le
principe de bien commun et non de
marché. »
La déclaration
complète et la liste des signataires est
disponible à
http://no-biodiversity-offsets.makenoise.org
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