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Opinion
Gaza : un an après -
Video
Une conférence de Noam Chomsky (du 24 décembre 2009)
Noam Chomsky
on DemocracyNow.org, 24.12.2009
http://www.democracynow.org/blog/2009/12/24/noam_chomsky_gaza_one_year_later
Le 27
décembre 2008, Israël a lancé une de ses agressions parmi les
plus sanglantes depuis 1948, cette fois-là contre Gaza. Cet
assaut (qui s’est poursuivi durant trois semaines) a entraîné la
mort de mille quatre-cents Palestiniens (et de treize
Israéliens). Un an après, il n’y a eu pratiquement aucune
reconstruction et le siège contre Gaza se poursuit.
S’exprimant à Watertown (dans l’Etat du Massachusetts) le 6
décembre 2009, le linguiste et analyste social Noam Chomsky a
prononcé cette conférence portant le titre de « Gaza : un an
après ». Nous remercions ici Robbie Leppzer, qui a assuré
l’enregistrement de cette manifestation.
Watertown, Massachusetts, le 6 décembre 2009.
NOAM CHOMSKY: Well, let me begin
with two caveats, pitfalls that I think we should be
careful to avoid. It’s very important to have this
meeting about Gaza, one of the most disgraceful
situations in the world. But we should remember that
it’s only in US and Israeli policy that Gaza is
separated from the West Bank. They are a unity, one
unit, what’s left of Palestine, 22 percent of the
original mandate.
Now, it’s very important for the US
and Israel to separate the two and isolate them. For one
thing, that means if there ever is some kind of a
political settlement, the West Bank will be deprived of
any access to the outside world. It will be imprisoned.
It won’t have the sea port.
It’ll essentially be contained by
two enemies. So there is a strategic reason for the
longstanding and intense effort to distinguish Gaza and
the West Bank, to keep them apart, to ban transport, and
also kind of ideologically to make them seem as if
they’re two different places.
They aren’t, outside of US-Israeli
ideology. And we should be careful not to—to resist that,
I think.
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Noam Chomsky : Eh bien,
permettez-moi de commencer par deux mises en garde
contre deux chausse-trappes que nous devons éviter
absolument. Il est très important de tenir ce colloque
au sujet de Gaza, une des pires situations dans le
monde. Mais nous devons nous rappeler que ce n’est que
dans la politique américaine et israélienne que Gaza est
ainsi séparée de la Cisjordanie. Gaza et la Cisjordanie
forment une unité, l’unité de ce qu’il reste de la
Palestine, c’est-à-dire 22% de la Palestine historique.
Il faut savoir qu’il est très
important pour les Etats-Unis et pour Israël de les
séparer. Cela, pour une ‘bonne’ raison : cela signifie
que s’il y a un jour un semblant d’arrangement
politique, la Cisjordanie sera privée de tout accès au
monde extérieur. Elle sera emprisonnée ; elle n’aura
aucun débouché maritime.
Elle sera essentiellement coincée
entre deux territoires hostiles. Donc, il y a une raison
stratégique à ces efforts de longue haleine et intenses
pour distinguer Gaza de la Cisjordanie, les mettre
chacun d’un côté, d’interdire tout transit entre elles,
et aussi pour, en quelque sorte idéologiquement les
faire apparaître comme deux régions différentes.
Mais elles ne sont différentes que
dans l’idéologie américano-israélienne ! Aussi, je pense
que nous devons veiller à ne pas… Nous devons résister à
cette propagande.
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Another division that I think it’s
important to resist is between US and Israel. So there’s
a lot of—we constantly talk, rightly, about Israeli
crimes, but that’s highly misleading, because they are
US-Israeli crimes. There’s nothing that Israel does that
goes beyond what the United States authorizes and, in
fact, directly supports with economic, diplomatic,
military and also ideological support—that is, by
framing issues so that there is this First Amendment
exception that Nancy [Murray] mentioned. So these are
US-Israeli crimes. If we talk about Israel, we should
remember we’re talking about ourselves. It’s not like
talking about crimes of China. These are very important
to keep in mind.
Now, turning to Gaza and the West
Bank, the separation of Gaza and the West Bank is part
of a much more general policy: a policy of fragmentation
of the residue of Palestine, so that it cannot hope to
emerge as a viable entity. Separating Gaza from the West
Bank is one part of it. Gaza, as Nancy pointed out, has
been converted into a prison. The screws are being
steadily tightened so that it becomes a maximum-security
prison, something like Guantánamo. It’s kind of a little
odd, on the side, that there’s been so much horror in
the United States about Guantánamo. It’s not very
different from the maximum-security prisons that the
United States runs. And we’re unique in the world, in
the Western world, in having an incarceration system of
this kind. So, it’s not just becoming a prison. It’s
becoming something like a maximum-security prison, which
is basically a torture chamber. It’s under constant
siege, a very harsh and brutal siege. A siege is an act
of war. Of all countries in the world, Israel surely is
unusual in recognizing that. It twice launched a war on
the grounds that—’56 and ’67, on the grounds that its
access to the outside world was very partially
restricted.
That was considered a crime. And a
total siege is, of course, a much greater crime. So it’s
a major war crime that we’re carrying out.
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Une autre séparation contre
laquelle je pense qu’il est important que nous luttions,
c’est la séparation entre les Etats-Unis et Israël.
Ainsi, il y a beaucoup de – nous parlons constamment, à
juste titre, des crimes israéliens, mais cela est très
trompeur, car il s’agit de crime américano-israéliens.
Il n’y a rien qu’Israël puisse faire qui outrepasse ce
que les Etats-Unis l’autorisent à faire et que, de fait,
ils l’encouragent à faire à travers leur soutien
économique, diplomatique, militaire et aussi idéologique
– c’est-à-dire en présentant les choses afin de les
faire s’inscrire dans ce ‘First Amendment’ dérogatoire
que Nancy [Murray] a mentionné (dans son intervention).
Donc, ce sont des crimes américano-israéliens. Si nous
parlons d’Israël, nous devons nous souvenir que c’est de
nous même dont nous parlons. Nous ne parlons pas des
crimes de la Chine, là. Il est fondamental que nous
gardions cela à l’esprit.
Pour en revenir à Gaza et à la
Cisjordanie, leur séparation s’inscrit dans une
politique plus générale, une politique de fragmentation
du reliquat de la Palestine afin qu’il ne puisse plus
espérer émerger en tant qu’entité viable.
Séparer Gaza de la Cisjordanie fait
partie du plan. Gaza, comme l’a relevé Nancy, a été
transformée en prison. Les écrous sont resserrés sans
relâche afin qu’elle devienne une prison de haute
sécurité, une sorte de Guantanamo. C’est un peu étrange,
je le dis en passant, que ce qui se passe à Guantanamo
suscite autant de hauts-cris aux Etats-Unis, car ce qui
se passe à Guantanamo ne diffère pas énormément de ce
qui se passe dans les prisons à haute sécurité sur le
territoire américain. Et nous sommes uniques dans le
monde – dans le monde occidental, veux-je dire – à avoir
un système carcéral de ce type. Ainsi, Gaza n’est pas
simplement en train de devenir une prison ; elle est en
train de devenir une sorte de prison de haute sécurité,
c’est-à-dire, en fait, une chambre de torture. Gaza est
soumise à un siège militaire permanent : un siège est un
acte de guerre. Parmi tous les pays du monde, Israël
sort assurément du lot en le reconnaissant ouvertement.
Il a lancé des guerres, à deux reprises (en 1956 et en
1967), au motif que son accès au monde extérieur aurait
été partiellement restreint.
A l’époque, on considéra que
c’était un crime. Or, Uun siège total, bien entendu,
c’est un crime bien plus grave encore. C’est donc un
crime de guerre caractérisé que nous sommes en
train de perpétrer.
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Supplies, as you just heard, are
restricted so that you have bare survival. There’s
constant and systematic attacks on all the borders,
including the coastline, to drive the population inland.
On the borders, that takes away the limited arable land.
On the sea, what it has done is
drive the fishing fleet to a couple of kilometers from
the shore, where fishing is impossible because of the
conditions that Nancy described. After the destruction
of the sewage systems, the power systems, the other
infrastructure, fish can’t survive, and people can’t
survive near the sea, so that destroys the fishing
industry, and it contains Gaza even more narrowly.
Again, part of the policy of imprisonment. It sounds
like sadism, and it is. But it’s kind of rational
sadism. It’s achieving a well-understood and carefully
planned end of US and Israeli policy.
There are also regular atrocities,
special atrocities, just to keep showing who’s boss. So,
end of September, Israeli troops entered northern Gaza
and kidnapped five children, brought them over to
Israel, and they disappeared into the Israeli prison
system. Nobody knows too much about it. It includes
secret prisons, which occasionally surface. It’s
estimated that roughly a thousand people are
without—they’re, often for years, without any charge at
all, just hidden away somewhere. So these kids probably
joined that.
All of this happens with total
impunity, happens regularly with complete impunity.
That’s part of our ideological contribution to ensuring
the crushing of Palestinians.
That’s been going on for decades,
in fact, in Lebanon and in the high seas. Israel has
been kidnapping—hijacking boats on the way from Cyprus
to Lebanon, capturing or sometimes killing passengers,
taking them to Israel, keeping them in prisons,
sometimes for decades, sometimes as hostages for
eventual release, no charges. Often, we only barely know
where they are by occasional surfacing of stories about
secret prisons, which aren’t published in the United
States, though they are in Europe and in Israel.
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Les marchandises, comme cela vient
d’être exposé, sont très limitées, si bien que cela ne
permet que la seule survie. Il y a des attaques
constantes et systématiques sur toutes les frontières, y
compris la côte, afin de repousser la population vers
l’intérieur. Sur la périphérie, cela réduit les terres
arables, qui sont déjà limitées.
Du côté de la mer, ce que font les
Israéliens, c’est de restreindre les pêcheurs à deux ou
trois kilomètres de la côte, c’est-à-dire à une zone où
toute pêche est impossible pour les raisons que Nancy a
exposées. Après la destruction du système
d’assainissement des eaux usées et du réseau électrique,
autre infrastructure vitale, les poissons ne peuvent
survivre et les gens ne peuvent survivre au bord de la
mer : cela a pour effet de détruire l’industrie
piscicole et de contrôler la bande de Gaza encore plus
étroitement. On dirait du sadisme : ça en est ! Mais il
s’agit d’une variété rationnelle du sadisme, qui vise à
concrétiser un objectif politique américain et israélien
mûrement réfléchi est soigneusement planifié.
Et puis il y a, aussi, les
atrocités récurrentes, des atrocités spéciales,
simplement pour montrer qui est le patron. Ainsi, fin
septembre (2008), des troupes israéliennes ont pénétré
dans le nord de la bande de Gaza et elles ont kidnappé
cinq enfants, qu’elles ont emmené en Israël, et qui ont
disparu depuis lors dans le système carcéral israélien.
Personne ne sait exactement ce qu’ils sont devenus. Ce
système carcéral comporte des prisons secrètes, on en
parle, de temps à autre. L’on estime que, en gros, mille
personnes sont manquantes – elles sont simplement
incarcérées, souvent pour des années, sans aucun procès.
Ainsi, ces enfants ont probablement fini dans ces
prisons secrètes. Tout cela se produit en totale
impunité. Cela fait partie de notre contribution
idéologique à l’écrasement des Palestiniens.
Cela fait des décennies que cela
dure, en réalité, aussi bien au Liban qu’en haute-mer.
Israël n’a jamais cessé de kidnapper – de pirater – des
bateaux sur leur trajet entre Chypre et le Liban,
capturant et parfois tuant des passagers, les emmenant
en Israël et les y emprisonnant, parfois pour des
dizaines d’années, parfois en tant qu’otages destinés à
d’éventuels échanges de prisonniers, sans procès.
Souvent, ce n’est que parce que ressortent des
témoignages sur des prisons secrètes que l’on sait
simplement où ils se trouvent (des témoignages qui ne
sont pratiquement jamais publiés aux Etats-Unis, mais
seulement en Europe et en Israël).
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And this is, again, done with
complete impunity, because we permit it. We say we’re
not going to talk about it, so therefore impunity. This
is worth remembering when you read about what’s
considered now one of the primary barriers to
negotiations: the fate of an Israeli soldier, Gilad
Shalit, who was captured at the border on June
24th—25th, 2006. Well, capture of a soldier of an
attacking army is some sort of a crime, I suppose.
Doesn’t rank very high among crimes. And against the
background of constant hijacking of boats, kidnapping of
civilians, killing of civilians on the high seas in
Lebanon, it doesn’t rank very high. And the situation
was made even more dramatic by the fact that one day
before Corporal Shalit was captured on the border,
Israeli troops entered Gaza City, kidnapped two
civilians—a doctor and his brother—spirited them across
the border, and they, too, disappeared into the
US-backed Israeli secret prison system.
And nobody is talking about
negotiations to get them out. They’re Arabs, so they
have no human existence. So we don’t talk about them.
And, in fact, it was barely reported here, because it’s
insignificant. But that’s worth—Shalit ought to be
returned in a prisoner exchange. But that’s a toothpick
on a mountain, but the one that we talk about.
And other crimes just go on
regularly. Like a few days ago, you may have read that
Israel banned the shipment of cooking gas into Gaza.
Just an act of gratuitous cruelty. It means that—it’s
used for almost everything. So that’s gone. The water
system is under very severe attack. The International
Committee of the Red Cross and the UN Environmental
Protection Agency, which work there, estimate that, by
now, only maybe five to ten percent of the water, the
very limited water in the Strip, is usable. The
last—Israel has constantly attacked the water system.
The last invasion, US-backed Israeli invasion a year
ago, destroyed around thirty kilometers of pipes, other
equipment. Nothing is allowed back in to repair them.
So, by now, as Nancy said, children are dying of
diseases from poisoned water. And that’s going to
continue. The Red Cross estimates that if this
continues, it would—in the best of circumstances, unless
something is done about it, it may take centuries before
this region becomes viable, you know, before it’s
possible for life to exist there. Well, this is more
rational savagery.
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Là encore, en totale impunité,
uniquement parce que nous (les Américains) permettons
qu’il en soit ainsi. Nous disons que nous n’allons pas
discuter de ça. Donc : l’impunité. Il convient de nous
en souvenir lorsque nous lisons ce qui est actuellement
considéré être un des premiers obstacles à des
négociations : le sort d’un soldat israélien, Gilad
Shalit, qui a été capturé à la frontière le 24 ou le 25
juin 2006. Bon, capturer un soldat d’une armée
assaillante doit être un crime, pour d’aucuns,
j’imagine. Pas d’une gravité extrême, ce crime-là…
Surtout dans un contexte d’arraisonnements perpétuels de
bateaux civils, de kidnappings de citoyens,
d’assassinats de civils en haute-mer au large du Liban,
cela semble bien bénin. Et la situation a été rendue
encore plus dramatique par le fait qu’à la veille de la
capture de Shalit à la frontière, les troupes
israéliennes pénétraient dans Gaza, y kidnappaient deux
civils (un médecin et son frère), les exfiltraient en
Israël, après quoi ils disparurent eux aussi dans le
système carcéral secret israélien dont sont complices
les Etats-Unis.
Personne n’a évoqué de négociations
pour obtenir leur libération. Ce sont des Arabes, donc
ils n’ont pas d’existence humaine, donc on n’en parle
pas. Et defait, cela a été à peine mentionné dans les
médias, ici, aux Etats-Unis, parce que c’est jugé
insignifiant. Mais il y a encore pire : Shalit devrait
être libéré dans le cadre d’un échange de prisonniers.
Mais bon, c’est un cure-dent au sommet d’une montagne,
ça. Mais peu importe : de ça, on en parle…
Et les crimes continuent, avec la
même régularité lassante. Ainsi, il y a quelques jours,
vous avez sans doute lu qu’Israël a interdit
l’expédition par bateau de bouteilles de gaz vers la
bande de Gaza. Simple acte de cruauté gratuite. Cela
signifie que – mais, le gaz, il est utilisé pratiquement
pour tout. Donc, il n’y en a plus. Le réseau d’eau
potable est très gravement menacé. Le Comité
international de la Croix Rouge et l’Agence onusienne de
Protection de l’environnement, qui sont présents et
travaillent dans la bande de Gaza, estime
qu’actuellement peut-être seulement
de 5 à 10 % de l’eau, extrêmement rare dans la
bande de Gaza, sont utilisables. La dernière…
- de fait, Israël a toujours attaqué le système
d’adduction d’eau – la dernière invasion, il y a un an
de cela, a détruit près de trente kilomètres de
canalisations et d’autres équipements. Personne n’est
autorisé à aller les réparer. Ainsi, désormais, comme
l’a dit Nancy, des enfants meurent de maladies causées
par les eaux contaminées. La Croix Rouge estime que si
cette situation perdure sans que rien ne soit fait pour
y remédier, il risque de falloir plusieurs siècles avant
que cette région devienne viable. Oui : avant que la vie
puisse y exister. Eh bien, dites-moi : n’est-ce pas la
de la sauvagerie, et de la plus organisée qui soit ?
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A couple of months ago, I was out
in California, giving a fundraising talk for the Middle
East Children’s Alliance. It’s a marvelous organization
that’s been working in Gaza and other places for years.
Barbara Lubin, its director, had just come back from
Gaza, a very heroic woman. And she described—she talked,
as Nancy did, about what they found. One of the things
they did, the delegation, was to go around the schools
and just ask children, "If you had one request, what
could it be—would it be?" And they thought they might
direct their funding to that. And overwhelmingly, what
children said in the schools is that they would like—is
a drink of water in the morning. Well, that’s Gaza. And
they did manage to find mechanics in the Strip who were
able to construct small water purification devices, and
they’re trying now to fund enough water purification
made with local materials so that maybe children can
have a drink of water in the morning—their fondest wish.
Well, that’s what we’re doing. We’re doing. And we
should remember that.
There’s a purpose. The purpose was
explained right at the beginning of the occupation by
Moshe Dayan, who was the Minister of Defense in charge
of the Occupied Territories. In late 1967, he informed
his colleagues that we should tell the Palestinians in
the territories that we have nothing to offer them, they
will "live like dogs," and those who will leave will
leave, we’ll see where this ends up. And that’s the
policy. It’s quite rational. “Live like dogs," and we’ll
see what happens. So, yes, sadism, but rational sadism.
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Il y a, de cela, quelques mois,
j’étais en Californie pour une conférence destinée à
collecter des fonds pour la Middle East Children’s
Alliance. C’est une association étonnante, qui travaille
depuis des années à Gaza, mais pas seulement. Barbara
Lubin, sa présidente, revenait tout juste de Gaza, c’est
une femme vraiment héroïque. Et elle a décrit (elle est
intervenue, comme Nancy) ce que cette association a
constaté. Une des choses qu’a fait sa délégation, ça a
été de faire la tournée des écoles et de simplement
demander aux enfants : « Si vous aviez une seule
demande, que serait-elle ? » Ils pensaient qu’ils
pourraient consacrer leurs financements à ce besoin
fondamental. Et dans une majorité écrasante, ce que les
enfants des écoles de la bande de Gaza ont répondu,
c’est que ce qu’ils désireraient par-dessus tout,
c’était la possibilité de boire un verre d’eau
lorsqu’ils se réveillent, le matin. Voilà : c’est ça,
Gaza. Et ils ont réussi à trouver des mécaniciens, dans
la Bande de Gaza, capables de construire de petits
appareils pour purifier l’eau, avec des matériaux
locaux, afin que les enfants puissent boire un verre
d’eau potable le matin, leur vœu le plus cher. Voilà,
c’est le résultat de ce que nous autres, les Américains,
nous faisons. C’est ça, que nous faisons : nous devons
ne jamais l’oublier.
Cela a un but. Ce but a été
expliqué dès le début de l’occupation par Moshe Dayan,
qui était à l’époque le ministre de la Défense chargé
des Territoires occupés. A la fin de 1967, il avait
informé ses collègues : « Nous devons dire aux
Palestiniens dans les territoires que nous n’avons rien
à leur offrir. Ils vivront « comme des chiens » et ceux
qui partiront partiront, nous verrons où tout cela
finira ». Et telle est la politique (d’Israël). Elle est
tout à fait rationnelle. « Ils vivront comme des
chiens » et nous verrons ce qui arrivera. Oui, c’est
bien du sadisme. Mais du sadisme rationnel.
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And things are not dramatically
different in the West Bank. Somewhat, but not much.
First of all, everything turning the West Bank—just
about everything that’s going on there is in violation
of international law. Gross violation. There’s a lot of
talk here about expansion of the settlements. That’s
completely diversionary. It has almost nothing to do
with the issues. I mean, even if there was no further
expansion of the settlements, they already destroyed the
possibilities of a viable Palestinian existence. Every
one of them is illegal, and known to be. There isn’t any
controversy about it.
In late 1967, Israel was informed
by its highest legal authorities. The main one, Theodor
Meron, is a very respected international lawyer, a judge
in the criminal courts, the International
Criminal—International Tribunals, and he informed the
government of what, in fact, is transparent, that
transferring population to occupied territories is in
gross violation of the Geneva Conventions. It’s the
foundations of international humanitarian law. The
attorney general affirmed his conclusion. A couple of
years ago, as you know, it was reaffirmed by the
International Court of Justice.
Moshe Dayan, who was in charge,
recognized that. In late 1967, he said, "Yes, it’s true.
Everything we’re doing is in violation of international
law, but that’s often done, so we’ll dismiss it." And
he’s right. As long as the godfather says it’s fine, you
can dismiss it.
So, yes, we’ll go on carrying out
criminal acts, and we’ll debate some minor crime. You
know, like maybe expanding—we’ll debate expanding
settlements to allow natural growth. That’ll divert
attention from the real issue, and we’ll be able to
believe that our government is somehow acting humanely
in an effort to achieve peace.
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La situation n’est pas très
différente en Cisjordanie. Elle diffère un peu, mais pas
énormément. Tout d’abord, tout ce qui se passe en
Cisjordanie, exactement comme tout ce qui se passe à
Gaza, s’y passe en violation du droit international. En
violation grossière. Il y a beaucoup de discours, ici,
au sujet de l’expansion des colonies. Cela n’est rien
d’autre qu’une immense diversion. Cela n’a pratiquement
rien à voir avec les vraies questions. Je veux dire,
même s’il n’y avait pas de poursuite de l’expansion des
colonies, celles-ci ont d’ores et déjà détruit toute
possibilité d’une existence viable pour la Palestine.
Chacune de ces colonies est illégale, et tout le monde
le sait. Personne ne le conteste.
A la fin 1967, Israël avait ét
informé par les plus hautes autorités judiciaires. Le
principal de ces magistrats, Theodor Meron, est un
juriste international très respecté, il est juge de
tribunaux pénaux internationaux, et il a informé le
gouvernement israélien du fait en réalité transparent
que le transfert de populations vers des territoires
occupés en est violation flagrante des Conventions de
Genève. Le procureur général avait confirmé sa
conclusion. Comme vous le savez, cela a été confirmé, il
y a de cela quelques années, par la Cour Internationale
de Justice.
Moshe Dayan, qui était aux
responsabilités, l’a reconnu lui-même. A la fin 1967, il
a dit : « Oui, c’est vrai. Tout ce que nous faisons est
en violation du droit international, mais cela se fait
souvent, aussi nous fermons les yeux ». Et il avait
raison. Aussi longtemps que le Parrain dit que c’est
d’accord, vous pouvez fermer les yeux…
Donc, oui, nous allons continuer
nos agissements criminels, et nous parlerons de quelque
délit mineur. Vous savez, par exemple, comme l’expansion
des colonies afin de permettre leur croissance
(démographique) naturelle. Cela détournera l’attention
des gens du problème réel, et nous pourrons continuer à
croire que notre gouvernement se comporte peu ou prou de
manière humaine et fait des efforts pour réaliser la
paix.
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That expansion of the settlements,
which is the big issue that we’re supposed to be excited
about, even a ten-month alleged suspension, which
Hillary Clinton praised as “unprecedented generosity,”
all of that—even that little toothpick is a fraud. When
Obama announced that he wanted a termination of
expansion of the settlements, he was just quoting George
W. Bush—that’s in the—who had said exactly the same
thing. And, in fact, it’s in the so-called Road Map, the
official—the officially agreed framework for policy.
When that’s ever mentioned, it’s rarely pointed out that
Israel did accept the Road Map formally, but immediately
added fourteen reservations, which completely
eviscerated it. So it rejected the Road Map, with US
acquiescence, so therefore, as Dayan said, well, yes,
fine, we’ll just dismiss it. But that’s in the Road Map.
Obama repeated it, just as Bush did.
But he repeated it with the usual
wink. When asked, his spokesperson said that the US
opposition to the expansion was purely symbolic. He
would not go even as far as Bush No.1, who imposed very
mild sanctions for expansion of settlements. But Obama
made clear, no, we’re not going to do that; these are
just symbolic statements, so this minor diversionary
operation can continue with effective US support. Well,
so it’s all illegal. We permit it, so therefore it’s
fine. It’s authorized.
And it expands the principle of
fragmentation, which is the core of US-Israeli strategic
policy. So, separate Gaza from the West Bank. In the
West Bank itself, the program is for Israel to take
wherever is valuable and break up the rest into unviable
cantons. What’s valuable is, first of all, the water
resources. It’s a pretty arid region, but there is an
aquifer. There’s water, and it runs on the West Bank, on
the Palestinian side of the international border. So,
Israel has to annex that. And that’s also some of the
most arable land, and it’s also the nice suburbs. It’s
the pleasant suburbs of Tel Aviv and Jerusalem, kind of
like Lexington, where I live, relative to Boston. Nice
place to live. So that all happens to be in the West
Bank, so we have to annex that.
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L’expansion des colonies, qui est
la grosse question au sujet de laquelle nous sommes
censés nous exciter, et même son soi-disant gel de dix
mois, qu’Hillary a encensé comme étant d’une
« générosité sans précédent », tout cela – même ce
minuscule cure-dent -, c’est du pipo. Quant Obama a
annoncé qu’il voulait la fin de l’expansion des
colonies, il ne faisait que citer George W. Bush – c’est
dans la… - , qui avait dit exactement la même chose. Et,
de fait, c’est dans l’ainsi dénommée Feuille de route,
le cadre politique officiellement retenu. Si encore il y
est fait allusion, il est rarement souligné qu’Israël a
accepté cette Feuille de route de manière formelle, mais
qu’il a immédiatement ajouté quatorze réserves qui l’ont
immédiatement totalement vidée de sens. Ainsi, Israël a
rejeté la Feuille de route, avec l’agrément des
Etats-Unis, et par conséquent, comme l’avait dit Dayan,
eh bien, c’est super, nous allons simplement l’ignorer.
Mais ce point figure bien dans la Feuille de route.
Obama l’a répété, comme Bush l’avait fait.
Mais il l’a répété avec son clin
d’œil habituel. Interrogé à ce sujet, son porte-parole a
déclaré que l’opposition américaine à l’expansion des
colonies était purement symbolique. Obama n’irait même
pas aussi loin que l’avait fait Bush Ier, qui avait
imposé des sanctions (bien que particulièrement douces)
au motif de la poursuite de l’expansion des colonies.
Mais Obama a été très clair : non, nous n’allons pas
exiger ça concrètement ; ce ne sont que des déclarations
purement symboliques, par conséquent cette opération de
diversion peut continuer avec le soutien effectif des
Etats-Unis. Résumons : tout cela est illégal. Mais nous
le permettons, donc c’est parfait. C’est autorisé.
Et cela introduit le principe de la
fragmentation, qui est le noyau dur de la stratégie
politique américano-israélienne. Ainsi, OK : séparez
Gaza de la Cisjordanie. En Cisjordanie même, le
programme israélien consiste à s’emparer de tout ce qui
vaut le coup et de casser le reste pour en faire des
cantons non-viables. Ce qui vaut le coup, avant tout, ce
sont les ressources hydriques. C’est une région
particulièrement aride, mais il y a une grande nappe
phréatique. Il y a de l’eau, et cette eau se trouve en
Cisjordanie, du côté palestinien de la frontière
internationale. Donc, il faut qu’Israël annexe ça. Et il
y a aussi certaines des terres les plus fertiles, et il
y a aussi des banlieues très agréables. Ce sont les
banlieues chic de Tel Aviv et de Jérusalem, qui
ressemblent un peu Lexington, où j’habite, par rapport à
Boston. Un endroit très agréable à habiter. Donc, si ce
genre d’endroit se trouve par hasard situé en
Cisjordanie, nous devons nous faire un plaisir de
l’annexer.
|
And there’s a wall, as you know,
snaking through the West Bank. It should properly be
called the “annexation wall,” because the plan is to
annex everything that’s inside it, incorporate it within
Israel, and that’s with a polite smile from the
godfather, so therefore that’s OK. It’s interesting, in
the commemorations of November 9th, the fall of Berlin
Wall, Angela Merkel, the German chancellor, made an
impassioned speech about how we have to bring down all
the walls that divide us. But not the one cutting
through the West Bank, which is about twice as high as
the Berlin Wall and far longer and simply stealing land
from defenseless people, thanks to the leader of the
free world, and us, because we’re allowing it.
So, take over everything that’s
valuable, kind of near the border. Take over the Jordan
Valley on the other side. That’s about a third of the
West Bank. And the Palestinians are being kept out of it
by one means or another, or driven out. It’s being
settled. That imprisons what’s left. And what’s left is
divided by carefully planned settlement salients, which
cut through to break it up into parts. So, there’s one
going east of what’s called Jerusalem, greatly expanded
region, “Greater Jerusalem,” expands almost all the way
to Jericho. There’s another—essentially bisects the West
Bank. There’s another to the north, including the town
of Ari’el. Another one north of that goes to Kedumim.
And so, it essentially breaks the region up. There’s
technically contiguity way over through the desert to
the east, but it’s essentially unviable.
And what remains is broken up by
hundreds of checkpoints, which are there primarily for
harassment. They’re moved, so you never know exactly
where they’re going to be. But it means, for example,
that if you want to visit your cousin two miles away,
you know, may take you five hours to get there, if you
ever manage. And an ambulance may take, say, two hours
to get from one spot to a hospital a couple of miles
away, because it has to go through checkpoints, and the
patient has to be carried over, you know, a big barrier,
put in another one on the other side, and so on.
These are essentially techniques of
harassment. They have no security purpose, even a remote
one. But they are perfectly rational to ensure that the
population will “live like dogs," and if they want to
leave, that’s fine, they’ll leave.
|
Ah, et puis, il y a aussi un mur,
comme vous le savez, qui serpente à travers la
Cisjordanie. On devrait l’appeler le « mur d’annexion »,
car il est fait pour annexer tout ce qu’il englobe, à
l’incorporer au territoire israélien, cela, avec le
sourire débonnaire du Parrain américain. Donc, par
conséquent, rien à dire : c’est OK. C’est curieux : lors
des commémorations du 9 novembre, date de la chute du
Mur de Berlin, Angela Merkel, la Chancelière allemande,
a prononcé un discours enflammé disant que nous devons
abattre tous les murs qui nous séparent. Mais pas celui
qui saucissonne la Cisjordanie, qui est deux fois plus
haut que celui de Berlin et bien plus long et qui vole
purement et simplement les terres de personnes sans
défense grâce au chef du monde libre et donc grâce à
nous, parce que nous autorisons cela.
Aussi, prenez tout ce qui vaut le
coup, comme près de la frontière. Prenez la Vallée du
Jourdain, de l’autre côté ; cela représente à peu-près
le tiers de la Cisjordanie. Et les Palestiniens en sont
exlus par toutes sortes de moyens, ou bien ils en sont
chassés. Cette vallée est en train d’être colonisée.
Cela incarcère ce qui est laissé de côté. Et ce qui est
laissé de côté est divisé par des avants-postes de
colonies savamment calculés, qui s’avancent afin de le
scinder en plusieurs parties. Ainsi, il y a une avancée
qui continue à s’étendre à l’est de ce que l’on appelle
le Grand Jérusalem, qui a été considérablement agrandi,
qui s’étend pratiquement jusqu’à Jericho. Il y en a une
autre qui, essentiellement, coupe en deux la
Cisjordanie. Et puis il y en a une autre, au nord, qui
comporte la ville d’Ari’el. Une autre, au nord d’Ariel,
s’étend jusqu’à Kedumim. Ainsi, cela fait éclater toute
la région. Il existerait une voie techniquement continue
permettant de passer à travers le désert, à l’est, mais
elle est pratiquement impraticable.
Et ce qui demeure du réseau routier
est entrecoupé par des centaines de checkpoints, dont la
raison d’être fondamentale est le harcèlement des
Palestiniens. Ces checkpoints sont mobiles, si bien que
vous ne pouvez jamais savoir où, exactement, ils seront
situés. Mais cela signifie que, par exemple, si vous
voulez aller rendre visite à votre cousin, à quelques
kilomètres, cela risque de vous prendre cinq heures,
encore faut-il que vous soyez à même d’entreprendre ce
déplacement. Et une ambulance peut prendre, disons, deux
heures pour aller d’un endroit donné jusqu’à un hôpital
éloigné de quelques kilomètres, parce qu’elle devra
franchir des check-points israéliens, et le patient doit
être transporté, vous savez, par-dessus une haute
barrière, installé dans une autre ambulance, de l’autre
côté, et ainsi de suite.
Ce sont essentiellement là des
méthodes de harcèlement. Elles n’ont aucune motivation
sécuritaire, aussi tirée par les cheveux pourrait-elle
être. Mais ces techniques sont parfaitement
rationnelles, qui visent à s’assurer du fait que la
population « vivra comme des chiens » et que, si les
Palestiniens veulent partir, eh bien, c’est parfait :
qu’ils partent…
|
That’s aside from the actions in
what’s called Jerusalem, the vastly expanded region
around what used to be Jerusalem. There, the actions are
doubly illegal. They’re not only in violation of
international law, they’re also in violation of explicit
Security Council resolutions barring any modification of
the status of Jerusalem. Actually, the US signed those,
joined in those resolutions back in the late '60s and
for several years afterwards. So, they're doubly
illegal, and they continue. I mean, that’s—there’s—you
read every day in the papers about new buildings taking
over Palestinian homes.
There’s now—it was just reported
that the last year Israel radically accelerated its
withdrawal of resident status for inhabitants of
Jerusalem for whom the courts decided that the center of
their life was somewhere else. In that case, you can
have your residents removed, if you’re a Palestinian.
There’s no case on record that I know of of an Israeli
who had citizenship reduced because the center of their
life is in Los Angeles or in New York, for example. So,
it’s just another racist law designed to rid the region
of the sort of rabble, vermin, that are in the way.
We’re kind of familiar with that in American history. It
resonates. That’s why we’re here, basically, because,
yeah, it’s what we did while in the conquest of the
national territory, except that the US was much more
violent, exterminated the indigenous population. But
it’s a familiar pattern. I suspect it’s part of the
reason for the residual sympathy for Israel’s
activities, strikes a kind of a chord in our own
national history, maybe one we don’t like to look at
much.
Expropriation continues steadily.
By now, rough estimates, about a third of the West Bank
has been expropriated, converted into state land. Yossi
Sarid mentioned recently that this means that Israel can
continue settlement for a hundred years without
expropriating anything any further. Well, that’s what
continues.
|
Cela, à côté des exactions dans ce
que l’on appelle Jérusalem, cette région très étendue
autour de ce que l’on s’accordait naguère à appeler
Jérusalem. Là, les actions des Israéliens sont
doublement illégales. Non seulement elles violent le
droit international, mais elles violent également des
résolutions explicites du Conseil de Sécurité qui
considèrent nulle et non advenue toute modification du
statut de Jérusalem. En réalité, les Etats-Unis les ont
signées, ces résolutions s’ajoutant à celles qui avaient
été signées à la fin des années 1960 et tout au long des
années suivantes. Ainsi, les agissements israéliens sont
doublement illégaux, mais ils continuent. Je veux dire
qu’il y a… - tous les jours, vous pouvez lire, dans les
journaux, que de nouveaux immeubles sont construits
après la démolition de maisons palestiniennes.
Actuellement – on vient juste
d’indiquer que l’année dernière, Israël a accéléré
radicalement son retrait du statut de résident aux
habitants de Jérusalem dont les tribunaux ont décidé que
leur vie se déroulait ailleurs. Dans ce cas, on peut
vous retirer votre carte de résident, si vous êtes
palestinien. Il n’existe aucun cas, à ma connaissance,
d’Israélien qui se serait vu retirer sa nationalité au
motif que le centre de sa vie est Los Angeles ou New
York, par exemple. Il s’agit donc d’une énième loi
raciste visant à débarrasser la région de cette
populace, de cette vermine qui se trouve sur le chemin
d’Israël. Cela nous dit quelque chose, historiquement, à
nous, les Américains. Cela fait tilt, chez nous. C’est
pour ça que nous sommes ici, en Amérique, parce que,
yep, c’est ce que nous avons fait durant la conquête de
notre territoire national, si ce n’est que les
Etats-Unis ont été beaucoup plus violents, puisqu’ils
ont totalement exterminé la population indigène. Mais
c’est un modus operandi que nous connaissons bien. Je
soupçonne que c’est d’ailleurs pour partie une des
raisons qui explique ce qui peut rester chez nous de
sympathie pour les agissements israéliens, c’est parce
que ceux-ci touchent une corde sensible dans notre
propre histoire nationale, peut-être une corde que nous
n’aimons pas trop regarder.
Les expropriations se poursuivent,
inexorablement. Actuellement, en gros un tiers de la
Cisjordanie a été exproprié et converti en terres
israéliennes d’Etat. Yossi Sarid a mentionné, récemment,
que cela signifie qu’Israël peut continuer à construire
des colonies durant un siècle sans avoir à exproprier de
nouvelles terres. Eh bien, c’est pourtant ce qu’Israël
continue à faire…
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Senator Kerry has an interesting
stand on this. He’s very close to Obama. He’s become
more or less his foreign policy kind of emissary. He
gave the most important speech in the administration, of
the Obama administration’s policy—policies. It was a
speech to the Brookings Institution a couple months ago.
Obama—it took the standard position. Party line is the
United States is an honest broker, trying desperately to
bring peace to these two difficult antagonists. But he
said that—so he repeated that. That’s normal. But then
he added that for a long time Israel has been seeking a
legitimate partner for peace, and it’s never had one. So
it’s kind of, you know, devastated. Who are we going
to—who can we negotiate with? But Kerry said that now,
finally, Israel may have a legitimate partner for peace.
And he gave his evidence.
[audience member reports audio
problem] Can’t hear you. You can’t hear me? Oh, OK,
should have told me a little earlier. How’s this? Is it
any better? No? Any better? No? Yes or no? Can you hear
what they’re saying? How about that? Oh, OK. Trouble is
you can’t speak close to a mic, because you get
feedback. Well, I’ll try. Sorry you missed all those
words of wisdom. But I’ll have to leave it to you to
make them up.
I was talking about Senator Kerry
and his formulation of the Obama administration
position. He gave a talk a few months ago in which he
said that the US, of course, has always been an honest
broker seeking peace. That’s true by definition, you
don’t need any factual evidence relating to that. And
now—and Israel has always been desperately seeking a
legitimate partner, and finally it may have had one.
What was interesting is he gave—may have one. He gave
his evidence. His evidence was that during the
US-Israeli attack on Gaza—which he didn’t, of course,
describe it that way—during the US-Israeli attack on
Gaza, there were no protests on the West Bank. It was
quiet. Of course, that’s the other half of Palestine,
but they didn’t do anything about it. And he explained
why. He said the reason is that the US has established
an army, a mercenary army, headed by US General Dayton,
trained with the assistance of Jordan and Israel, and
the army is able to suppress any sign of resistance to
what the US and Israel are doing in Gaza. So,
this—things are really looking up. There’s a possibility
that there might be a legitimate partner, controlled by
a paramilitary force that is under our command. I should
mention that the Dayton Army is under State Department
control, meaning at least some kinds of weak
restrictions on human rights and other conditionalities.
But people in the West—who know the West Bank say that
there’s a much more a savage force which is under CIA
control, general intelligence, and that’s subject to
nothing. That’s standard all over the world.
|
Le Sénateur Kerry a une position
intéressante à ce sujet. Il est très proche d’Obama. Il
est devenu plus ou moins pour lui une sorte d’envoyé
spécial en matière de politique étrangère. Il a prononcé
le discours le plus important de tout le gouvernement au
sujet de la politique – des politiques – de
l’administration Obama. Ce discours, il l’a prononcé à
la Brookings Institution, il y a de cela environ deux
mois. Il a exposé la position standard d’Obama. La ligne
du parti, c’est que les Etats-Unis sont un courtier
honnête qui essaie désespérément d’apporter la paix à
ces deux antagonistes capricieux. Mais Obama avait dit
cela, donc Kerry a répété ça ; c’est normal. Mais voilà
qu’il a ajouté que depuis longtemps Israël aurait
recherché un partenaire de paix légitime, mais qu’il
n’en avait jamais trouvé. Alors Israël est, comment
dire, plus ou moins désemparé. Avec qui allons-nous,
avec qui pouvons-nous négocier ? Mais Kerry a ajouté
qu’aujourd’hui, enfin, Israël a peut-être un partenaire
de paix légitime. Et il a apporté ce qui en était, à ses
yeux, la preuve.
[L’auditoire fait état de problèmes avec la sono]. Je ne vous
entends pas. Vous m’entendez ? OK… OK… Vous auriez dû
m’avertir plus tôt. Et là, c’est un peu mieux ? Mais
Kerry a dit qu’aujourd’hui, enfin, Israël avait
peut-être un partenaire de paix légitime. Et il en a
apporté ce qui était, à ses yeux, la preuve.
[Un auditeur fait
état d’un problème de sono]. Je ne vous entends pas…
vous ne m’entendez pas non plus ? Ah, OK, OK… vous
auriez dû me le dire un peu avant… Et là, c’est mieux ?
Non ? C’est mieux ? Non ? Alors, c’est mieux, ou pas ?
Pouvez-vous entendre ce que je dis, là ? Et là ? Ah, OK…
Le problème, c’est qu’en parlant devant un micro, vous
avez du feedback. Bon, je vais essayer. Désolé que vous
ayez manqué toutes ces bonnes paroles. Mais je vais
devoir vous laisser les interpréter par vous-mêmes.
Donc, je parlais du Sénateur Kerry
et de sa formulation de la position de l’administration
Obama. Kerry a prononcé une conférence, il y a deux mois
de cela, au cours de laquelle il a dit que les
Etats-Unis, bien entendu, ont toujours été un honnête
courtier recherchant la paix. C’est vrai par définition
et nul n’est besoin de preuves factuelles à ce sujet. Et
maintenant – il a ajouté qu’Israël a toujours
désespérément recherché un partenaire légitime et
qu’enfin, il en avait peut-être trouvé un. Ce qu’il y
avait d’intéressant, c’est le fait qu’il ait dit
« peut-être » trouvé un. Il a fait état de sa preuve. Sa
preuve c’était que durant l’agression
américano-israélienne contre Gaza – qu’il n’a bien
entendu pas présentée de cette manière ! – il n’y a pas
eu de manifestations de protestations en Cisjordanie. La
Cisjordanie était restée calme. Bien sûr, c’est l’autre
moitié de la Palestine, mais les gens n’ont rien fait à
ce sujet. Et il en a expliqué la raison : selon lui, la
raison, c’est que les Etats-Unis ont créé une armée, une
armée de mercenaires, commandée par le général américain
Dayton et entraînée avec l’aide de la Jordanie et
d’Israël, et que cette armée est à même de supprimer
toute velléité de résistance à ce que les Etats-Unis et
Israël font à Gaza. Ainsi, là, on y voit plus clair… Il
y a une possibilité qu’il puisse y avoir un partenaire
légitime, contrôlé par une force paramilitaire qui se
trouve placée sous notre commandement… Je dois
mentionner que l’Armée de Dayton est sous le contrôle du
Département d’Etat, ce qui signifie qu’il existe au
minimum certaines restrictions aussi faibles
soient-elles en matière de droits de l’homme, ainsi que
d’autres conditionnalités. Mais certains, en Occident,
qui connaissent la Cisjordanie, disent qu’il y a une
autre force, bien plus sauvage, qui est sous le contrôle
de la CIA, le service de renseignement général, et que
celui-ci n’est assujetti à aucune restriction. Et cela
vaut pour le monde entier.
|
So we have military forces that can
keep the population quiet. There’s a collaborationist
elite living in Ramallah. It’s kind of like, you know,
Tel Aviv, Paris, New York, a lot of money flowing in
from the European Union, a cultural life, people live
pretty well. A few miles away in the villages, life’s
entirely different. But this is the model, the perfect
model of a neocolonial society. That’s what the US—and
the US has a plenty of experience with this. This is the
model that was crafted in the Philippines a century ago,
after the US conquered the Philippines, you know, to
uplift them and Christianize them and so on, all the
most noble motives, killing a couple hundred thousand.
There was a problem what you do with them. So, a new
model of control was developed, which was a real break
from the European imperial pattern, and it’s pretty much
what I describe.
There’s a military force, the
Philippine constabulary, but it has to have a
collaborationist elite. The nationalist movement was
broken up by various devices, subversion, spreading of
rumors, all sorts of other things. And the population
was put under very tight surveillance and control, using
the highest technology of the day. This is a century
ago, so that meant telephone, radio and so on. And they
had extremely tight surveillance of the population, knew
where everybody was and so on. Those techniques were
later developed, applied in other US domains, in Haiti,
Dominican Republic, Nicaragua and so on. And they blew
back to the United States very quickly. In fact, Woodrow
Wilson applied them in the United States in his—during
the First World War. And we’re familiar with them today,
and even more so elsewhere, like Britain.
In the West Bank, which is, as
Nancy pointed out, an experimental region, the biometric
controls are extremely sophisticated. So there’s
identification of every person by any kind of measure
you can think of, all on their identity cards. Pretty
soon they’ll be in chips put into their brains or
something. There’s talk of extending these measures to
Israel. And there, it’s arousing a lot of protest, but
in the West Bank, no, no protest. We just do that. So
this is a familiar technique, and it works.
The Philippines are still under
that control. It’s a hundred years. And that’s one of
the reasons why the Philippines, the one American colony
in Southeast Asia, hasn’t joined the exciting economic
developments of the past twenty years. It’s not one of
the Southeast Asian—East Asian tigers. So, that’s a
model, which can be followed and which might work, if we
allow it.
|
Donc, nous disposons de forces
armées à même de faire se tenir à carreau le peuple.
C’est une élite de collabos, qui vit à Ramallah. C’est
un peu, vous savez, comme à Tel Aviv, à Paris ou
à New York : il y a un tas de fric qui afflue de l’Union
européenne, une vie culturelle, et des gens qui vivent
dans une grande aisance. A quelques kilomètres de
Ramallah, dans les villages, changement total de décor.
Mais tel est le modèle, le modèle parfait d’une société
néocoloniale. C’est ce dont les Etats-Unis ont une riche
expérience. C’est le modèle qui a été inventé, voici de
cela un siècle, aux Philippines, après que les
Etats-Unis en eurent fait la conquête, vous savez,
soi-disant pour les civiliser, les christianiser et
patati et patata, tous les motifs les plus moraux qui
soient, tout en massacrant quelques centaines de
milliers de Philippins. Qu’allait-on en faire, c’était
un problème… Aussi, un nouveau modèle de contrôle a été
mis au point, qui constituait une réelle rupture par
rapport au modèle impérial européen, et c’est exactement
ce que je suis en train de vous décrire.
Il y a une armée, la gendarmerie
philippine, mais celle-ci est obligatoirement placée
sous les ordres d’une élite collaboratrice. Le mouvement
nationaliste philippin a été brisé par divers moyens, la
subversion, la diffusion de rumeurs, toutes sortes de
choses. Et la population avait été mise sous
surveillance et contrôle étroits au moyen des
technologies les plus sophistiquées du temps. Cela se
passait il y a un siècle ; il s’agissait de la radio, du
téléphone, etc. Et ils avaient un contrôle extrêmement
étroit sur le peuple, ils savaient où était tout le
monde, et ainsi de suite. Ces techniques furent
développées par la suite et appliquées dans d’autres
domaines impériaux des Etats-Unis, à Haïti, dans la
République dominicaine, au Nicaragua, etc. De fait,
Woodrow Wilson a appliqué ces méthodes aux Etats-Unis
mêmes durant la Première guerre mondiale. Et nous y
sommes habitués, aujourd’hui, et il en va de même
ailleurs qu’aux Etats-Unis, comme par exemple en
Grande-Bretagne.
En Cisjordanie, qui est, comme l’a
mentionné Nancy, une région d’expérimentation, les
contrôles biométriques sont extrêmement sophistiqués.
Ainsi, il y a identification de chaque personne par tous
les types de mesures que vous pouvez imaginer,
lesquelles sont toutes utilisées dans leur carte
d’identité. Très bientôt, ces mesures anthropométriques
seront effectuées par des puces que l’on installera dans
leur cerveau, ou quelque chose de ce genre… L’on parle
d’une extension de ces mesures à Israël. Et là-bas, cela
suscite énormément de protestations. Mais en
Cisjordanie ? Non… Rien : aucune protestation. On fait
ça, c’est tout. C’est une technique qui nous est
familière, et ça marche…
Les Philippines sont toujours sous
sous ce même type de contrôle. Cela fait un siècle que
cela dure. Et c’est une des raisons pour lesquelles les
Philippines, la seule colonie américaine en Asie du
Sud-Est, n’a jamais été à la hauteur du développement
économique fantastique que cette région du monde a connu
au cours des vingt années écoulées. Elles ne font pas
partie des Tigres de l’Asie du Sud-Est. Donc, c’est un
modèle, qui peut être suivi et qui peut marcher, pour
peu que nous soyons d’accord, nous, les Américains…
|
During the—there are, of course,
pretexts for all of this. Whatever a state does, there’s
a pretext: security. Whatever you do, it’s in
self-defense, kind of by definition. And as usual, in
this case, the pretext doesn’t stand up to a moment’s
scrutiny. So, take, say, the annexation wall. I mean,
the reason that’s offered is defense, you know,
security. I mean, if the concern were security, we know
exactly what would be done. The wall would be built on
the international border. It could be made impregnable,
you know, patrolled on both sides, a mile high, totally
secure, and that would give security. But, of course, if
the purpose is what it actually is, namely to steal land
and resources, then it can’t be built on the
international border, where it might furthermore
inconvenience Israelis, instead of just inconveniencing
and, in fact, stealing from Palestinians.
And the same is true of the attack
on Gaza. It’s almost universally accepted here, and in
the West, generally, that Israel had a right of
self-defense and therefore was justified in attacking
Gaza, even though the attack was maybe disproportionate.
That’s accepted, for example, by the Goldstone report.
The Goldstone report is very valuable account of the
atrocities that were carried out in the course of the
war, but they’re regarded as disproportionate actions in
a legitimate war of self-defense.
Well, if you think about it for a
minute, there is indeed a right of self-defense. Sure,
everyone agrees to that. But there is no right of
self-defense by force. That has to be argued. And there
is extensive international law and just common sense on
this. You do not have the right to use force in
self-defense, unless you have exhausted peaceful means.
Well, in this case, there definitely were peaceful
means. The US and Israel knew it. And they chose not to
even attempt them, because they wanted a war. They
wanted to attack.
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Il y a, bien sûr, divers prétextes
pour tenter de justifier tout cela. Quoi que ce soit que
fasse un Etat, il y a toujours un prétexte : la
sécurité. Quoi que vous fassiez, c’est de l’autodéfense,
pour ainsi dire par définition. Et comme d’habitude,
dans ce cas, ce prétexte ne résiste pas à une seconde
d’examen critique. Prenons, par exemple, le mur
d’annexion. Je veux dire que la raison avancée pour le
justifier, c’est justement, vous savez, la fameuse
sécurité. Je veux dire, soyons sérieux : si la
préoccupation véritable était la sécurité, nous savons
précisément ce qu’il faudrait faire. Ce mur devrait être
érigé sur le tracé de la frontière internationale. Il
pourrait être rendu totalement infranchissable, vous
savez, avec des patrouilles des deux côtés, faire quatre
kilomètres de hauteur, être totalement sécurisé, et
alors là, oui, vous auriez la sécurité. Mais, bien sûr,
si l’idée est ce qu’ell est effectivement, à savoir
voler des terres et des ressources hydriques, alors il
ne peut pas être érigé sur le tracé de la frontière
internationale, où il risque, de surcroît, de gêner les
Israéliens, au lieu de ne gêner que les seuls
Palestiniens et, de fait, de les voler.
Et cela vaut aussi pour l’agression
contre Gaza. Il est presque universellement admis ici
aux Etats-Unis, et en Occident, de manière générale,
qu’Israël avait un droit à l’autodéfense et que par
conséquent il était justifié à attaquer Gaza, même si
cette attaque s’est avérée disproportionnée. Cela est
reconnu, par exemple, par le rapport Goldstone. Ce
rapport est un récit très précieux des atrocités
perpétrées durant cette guerre, mais c’est dans le cadre
d’une guerre légitime d’autodéfense que ces actions ont
été jugées comme disproportionnellement violentes.
Bon, si vous prenez une minute pour
y réfléchir, il y a, bien entendu, ce qu’on appelle le
droit à l’autodéfense. Et, bien sûr, tout le monde le
reconnaît. Mais il n’existe pas de droit à l’autodéfense
par le recours à la force. Il convient de le rappeler.
Et le droit international est très riche d’arguments à
ce sujet, ainsi d’ailleurs que le simple bon sens. Vous
n’avez pas le droit de recourir à la force pour vous
défendre vous-même avant d’avoir épuisé tous les moyens
pacifiques pour ce faire. Eh bien, dans le cas d’espèce,
il y avait assurément des moyens pacifiques. Les
Etats-Unis et Israël le savaient. Et ils ont choisi de
ne même pas essayer d’y recourir, parce qu’ils voulaient
une guerre. Ils voulaient attaquer Gaza.
|
The peaceful means were obvious,
and not controversial. There had been a ceasefire
initiated the preceding June, June 2008. Israel
concedes, officially, that during the ceasefire, there
was not a single Hamas rocket fired. Sderot was quiet.
The ceasefire was broken on November 4th, when, using
the cover of the US election, Israel invaded the Gaza
Strip, killed half-a-dozen Hamas activists. And yeah,
then rockets started firing. In the following month,
Hamas offered repeatedly to reinstate the ceasefire.
Israel acknowledged it. Cabinet discussed it, decided
not to accept it. OK. No right of use of force in
self-defense. It evaporates. That’s quite apart from the
conditions of international law, which I won’t even go
into, which are pretty explicit on this, all violated.
So, the attack itself was a criminal act. The US and
Israel are guilty of outright aggression. And if they
fired one bullet, it was a crime. And if they carried
out the atrocities as they did, it was a crime. And if
you look, case by case, they’re just—there’s virtually
no justification for the claim of security.
And, in fact, that—I won’t go into
the history here, but it goes back, at the very least,
until February 1971. This has kind of been washed out of
history, because it doesn’t look nice for us. But in
February 1971, President Sadat of Egypt offered Israel a
full peace treaty, nothing for the Palestinians—just
mentioned as refugees—on condition that Israel withdraw
from the Occupied Territories. Now, all that he cared
about was withdrawal from Egyptian territory. So, in
effect, it was an offer of a full peace treaty with all
the appropriate guarantees and so on, in return for
withdrawal from conquered Egyptian territory. One year
later, Jordan made the same offer with regard to the
West Bank: full peace treaty if Israel withdraws from
the West Bank.
Well, at that point, the security
problem was over, if Israel wanted it to be over. If
they had accepted those peace treaties, the major Arab
state, Egypt, would be out of the conflict, and Jordan,
minor Arab state on its other border, would be out of
the conflict. OK, end of security problems. There was no
Palestinian security problems to speak of at the time,
and such as there were, could easily have been
controlled. But Israel made a decision, fateful
decision, to choose expansion over security, at that
time expansion into northeast Sinai, where they were
planning to build a huge city, Yamit, and a lot of
settlements.
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Les moyens pacifiques étaient
évidents, et non controversés. Il y avait un
cessez-le-feu, instauré en juin 2008. Israël concède
officiellement que durant ce cessez-le-feu, pas le
moindre missile n’a été tiré par le Hamas. Le
cessez-le-feu a été rompu le 4 novembre lorsque, se
servant de la couverture des élections américaines,
Israël a envahi la bande de Gaza, tuant une
demi-douzaine d’activistes du Hamas. Alors là, oui : les
roquettes ont commencé à pleuvoir. Au cours du mois
suivant, le Hamas a proposé à plusieurs reprises de
réinstaurer le cessez-le-feu. Israël l’a reconnu. Le
conseil des ministres israélien en a débattu, et il a
décidé de refuser. Très bien. Pas de droit d’utiliser la
violence armée dans le cadre de l’autodéfense. Mais on
s’en fout. C’est totalement à côté des stipulations du
droit international, que je ne développerai pas ici, qui
sont tout à fait explicites à ce sujet, et qui ont
toutes été violées (par Israël). Donc, l’attaque
israélienne en elle-même était un acte criminel. Les
Etats-Unis et Israël sont coupables d’avoir commis une
agression éhontée. Et s’ils n’avaient tiré ne serait-ce
qu’une seule balle, cela aurait déjà été un crime. Et si
vous regardez, cas par cas, il n’y a virtuellement
aucune justification à cette invocation de la sécurité.
Et de fait, cela remonte (je ne remonterai pas dans
l’historique ici, mais cela remonte) au minimum
minimorum au mois de février 1971. Cela a été comme qui
dirait sorti de l’histoire, parce que cela n’est pas
joli-joli pour nous. Mais en février 1971, le président
égyptien Sadate a offert à Israël un traité de paix
totale, avec rien pour les Palestiniens – tout juste
mentionnés sous le nom de réfugiés – à l’unique
acondition qu’Israël se retire des Territoires occupés.
Eh bien, tout ce dont Israël s’est fendu, c’est de se
retirer du territoire égyptien. Ainsi donc, en fait, on
a eu une offre de traité de paix totale avec toutes
garanties requises, mais cela, en échange du retrait
israélien des territoires égyptiens conquis. Un an
après, la Jordanie faisait la même offre, au sujet cette
fois-ci de la Cisjordanie : un traité de paix totale à
condition qu’Israël se retire de la Cisjordanie.
Bien, arrivés là, le problème de la
sécurité aurait été résolu, pour peu qu’Israël voulût
qu’il le fût. Si les Israéliens avaient accepté ces
traités de paix, le plus important des pays arabes, dont
l’Egypte, aurait été à l’extérieur du conflit et la
Jordanie, petit pays arabe sur son autre frontière,
aurait été sortie du conflit aussi. OK : exit les
problèmes de sécurité. Il n’y avait pas de problème de
sécurité avec les Palestiniens à l’époque, pour ainsi
dire, et ceux qui existaient auraient pu aisément être
contrôlés. Mais Israël prit une décision, une décision
funeste : celle de choisir l’expansion au détriment de
la sécurité. A l’époque, il s’agissait d’expansion dans
le nord-est du Sinaï, où les Israéliens envisageaient de
construire une énorme ville, Yamit, et un tas de
colonies…
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The real question is, what’s the
godfather going to say? Well, there was debate in
Washington. There was an internal controversy. Henry
Kissinger won out. His position, as he says, was what he
called “stalemate”: we should have no negotiations, just
force. And so, Israel was able to reject the peace
offer. I won’t go into the consequences, but it meant an
awful war, a lot of suffering and constant security
problems.
And if you look from then through
now, it’s pretty much the same. I mean, Israel could
have security right now. The Arab League has long
endorsed the international consensus on a two-state
settlement. In fact, they initiated it, the major Arab
states in January 1976, when they introduced a
resolution at the Security Council calling for a full
peace treaty on the international border. It was vetoed
by the United States. And a US veto is a double veto. It
doesn’t happen, and it’s out of history. So we don’t
talk about that. And so it continues. The Arab states
have reiterated, in more developed form, a peace
agreement, full peace agreement. The Organization of
Islamic States, which includes Iran, has accepted it.
Hamas has accepted it. In fact, anybody relevant has
accepted it, with the exception of the United States and
Israel. So, yes, there are real security problems, but
not justifiable ones.
Well, that’s—among all the
reports—[audio problem] yeah, hope this is a little
better. Among all the reports—there were a number of
reports that came out about Gaza. The Goldstone report
is an extensive one. Amnesty International published
several, Human Rights Watch. They are very revealing. In
my opinion, the most revealing of all of them is an—at
least the most important for us, is an Amnesty
International report, which really broke new ground for
human rights reports. It went through the weaponry that
had been used in the assault against Gaza, you know, a
lot of high-tech, destructive, murderous weaponry. It
traced it to its source, which was mostly back to us.
And it called for an arms embargo. Amnesty International
called for an arms embargo on both sides, which means
essentially on Israel. That’s talking to us. That’s
saying we ought to join in an arms embargo and stop
sending arms in violation of international law and
indeed in violation of US law. We should stop violating
US law and sending arms to a country that’s using them
for aggression and violence and destruction. Well, you
know, that’s a policy that Americans ought to follow.
Let’s follow US law. Let’s try that for a change and
stop sending arms to Israel. Well, I think adhering to
the Amnesty international plea would be—make a lot of
sense. I believe this is the—there have been occasional
remarks saying that—[audio problem] no good? Oh, I’m
sorry. I’ll try to talk—
There have been occasional reports
from Human Rights Watch and others saying, you know,
some arms shouldn’t be sent to a country that’s
used—carrying out regular torture and so on. But this is
the first call that I know of by a human rights group
for a total arms embargo to an aggressive and violent
state. And the call is directed to us. We’re the ones
providing the overwhelming bulk of the arms, and are
continuing to do it. And I think we should listen to
that call. That also suggests something about tactics.
If we want to act in ways which are going to change
policy, not just make us feel good, but change policy,
the tactics should be directed through Washington.
Unless Washington changes its position, there isn’t
going to be any peaceful settlement.
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La vraie question est celle-ci :
que va dire le Parrain américain ? Eh bien, à
Washington, il y a eu débat. Il y a eu une controverse
interne. Henry Kissinger a eu le dessus. Sa position,
comme il dit, fut ce qu’il a appelé l’ « enlisement » :
nous ne devons avoir aucune négociation, seulement le
recours à la force armée. Ainsi, Israël fut à même de
rejeter l’offre de paix. Je n’examinerai pas ici les
conséquences de cette attitude, mais cela signifia une
guerre horrible, énormément de souffrances et des
problèmes de sécurité constants.
Et si vous passez d’alors à
aujourd’hui, c’est carrément la même chose. Je veux dire
qu’Israël pourrait avoir la sécurité, aujourd’hui même.
La Ligue Arabe a fait sien depuis longtemps le consensus
international sur une solution à deux Etats. De fait, ce
sont les principaux pays arabes qui en ont été à
l’initiative, en janvier 1976, quand ils ont proposé un
projet de résolution au Conseil de Sécurité prônant un
traité de paix exhaustif au sujet des frontières
internationales. Les Etats-Unis y opposèrent leur veto.
Or, un veto US, c’est un double veto = le truc ne se
passe pas + personne n’en parle plus ! Donc, nous n’en
parlons pas. Et donc, ça continue. Les pays arabes ont
réitéré, sous une forme plus élaborée, un traité de
paix, de paix totale. L’Organisation des Etats
islamiques, qui comporte l’Iran, a accepté ce projet. Le
Hamas aussi. De fait, tous les partenaires concernés
l’ont accepté, à l’exception des Etats-Unis et d’Israël.
Donc : oui, il y a de réels problèmes de sécurité, mais
ces problèmes de sécurité ne sont pas justifiables.
Eh bien, parmi tous les rapports
[problème de sono], oui, j’espère que c’est un peu mieux ? Parmi
tous les rapports – il y a eu un certain nombre de
rapports qui ont été publiés à propos de Gaza – le
rapport Goldstone est un rapport que l’on peut qualifier
d’exhaustif. Amnesty International en a publié
plusieurs, de même qu’Human Rights Watch. Ces rapports
sont très révélateurs. A mon avis, le plus révélateur de
tous est un rapport d’Amnesty International qui a
apporté de nouvelles bases pour des rapports ultérieurs
consacrés aux droits humains. Il a passé en revue toutes
les armes qui ont été utilisées au cours de l’assaut
contre la bande de Gaza, vous savez, un tas d’armes
high-tech extrêmement destructrices et meurtrières. Et
ce rapport en a appelé à un embargo sur les armes.
Amnesty International en a appelé à un embargo pour les
armes destinées aux deux parties, ce qui signifie
essentiellement à Israël. Cela devrait nous parler. Cela
nous dit que nous devrions nous joindre à un embargo sur
les armes et cesser d’envoyer des armes en Israël comme
nous le faisons, en violation de la loi internationale
et, de fait, en violation de la loi américaine. Nous
devons cesser d’envoyer des armes dans un pays qui
utilise ces armes pour ses agressions, ses violences et
ses destructions. Eh bien, vous savez, c’est une
politique que les Américains feraient bien d’adopter.
Respectons la loi américaine. Essayons, pour une fois,
de cesser d’expédier des armes en Israël. Vous voyez, je
pense que le fait d’adhérer au plaidoyer international
d’Amnesty serait quelque chose de vraiment sensé. Je
pense que c’est là – il y a eu plusieurs observations
occasionnelles qui l’ont souligné –
[problème audio] ;
c’est pas bon ? Oh, je suis désolé, je vais essayer de
parler…
Il y a eu plusieurs rapports
occasionnels d’Human Rights Watch et d’autres
organisations disant, vous savez, que certaines armes ne
devraient pas être envoyées dans un pays qui a utilisé
la torture systématique, etc. Mais c’est le premier
appel, à ma connaissance, où un groupe de défense des
droits humains préconise un embargo total sur les armes
destinées à un pays agressif et violent. Et c’est à
nous, directement, que cet appel s’adresse. Car c’est
nous qui fournissons la quasi-totalité de l’arsenal et
nous continuons à le faire. Et je pense que nous
devrions entendre cet appel. Cela suggère aussi quelque
chose en matière de tactique. Si nous voulons agir de
manières susceptibles d’entraîner un changement de
politique, et non pas seulement de sorte à nous sentir
bien, mais effectivement de faire changer de politique,
cette tactique doit être dirigée vers l’exécutif, à
Washington. En effet, tant que Washington n’aura pas
modifié sa position, il n’y aura pas de règlement
pacifique.
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And there are good historical
analogies that we can use to kind of sharpen up our
thinking about this. It’s pretty common to make
analogies between Israel and South Africa. Most of those
analogies are pretty dubious. There are some
similarities, but enormous differences. One fundamental
difference is that the white nationalists in South
Africa needed the black population. That was the source
of their labor and sustenance, so they didn’t want them
to "live like dogs" and flee the country. They wanted
them to stay there and be a subordinate population.
That’s quite different in the case of Israel. They don’t
want the Palestinians. They want them out, away
somewhere, like the US attitude toward the indigenous
population here—just either die or disappear. And that’s
a serious disanalogy. But there are some—even though the
analogies are weak, we can learn something from the
history. And the history is worth thinking about.
By the early 1960s, South Africa
was becoming a pariah state. There were talk of
sanctions, and boycotts hadn’t been implemented yet.
There were negative votes in the United Nations. There
were sharp attacks. And the South Africans were aware of
it. They did pretty much the kind of thing that Israel
is doing today. [audio problem] No good? Their
action—why don’t I just hold it, OK? This going to work?
I’ve been a technophobe all my life, and the more
experience I have, the more I hate it. OK.
South Africa was reacting at that
time very much the way Israel is doing now. The whole
world hates us. They’re, you know, just racist. They
don’t understand how wonderful we are. We have to have
better information and educational campaigns to explain
to them how what we’re doing is exactly right and to the
benefit of the black population and so on. They were
doing all those things, but they knew pretty well
they’re not going to work, just as Israel ought to
understand that the comparable efforts are not going to
work. They’re going to continue being—turning into a
pariah state. But the South African foreign minister,
about fifty years ago, spoke to his—to the US
ambassador, and he said something quite perceptive and
relevant. He told the US ambassador that, "Yes,
overwhelmingly they’re voting against us in the United
Nations and so on. But in the United Nations, there’s
only one vote: yours. And as long as you’re backing us,
it doesn’t matter what the rest of the world says." Now
that’s a pretty accurate perception. That’s what it
means to have overwhelming global dominance of a kind
that’s never existed in history. And he was right. And
if you look at the history of what followed, it
demonstrated it.
Through the ’60s and the ’70s,
South Africa became more and more a pariah nation. The
United States and Britain kept supporting it. By 1980 or
so, boycott, sanctions and so on were beginning. US
corporations were beginning to refuse to invest.
Congress began passing legislation. But the US continued
to violate it. The Reagan administration violated
congressional legislation, and overwhelming global
opinion, to continue supporting South African apartheid.
And that was one of the most violent and brutal periods.
In the 1980s, with US support, South Africa was able to
kill an estimated million-and-a-half people and cause
about $60 billion of damage just in neighboring
countries, putting aside what it was doing inside South
Africa, with constant US support. Went on through the
’80s.
|
Il y a de bonnes analogies
historiques dont nous pourrions nous servir pour en
quelque sorte aiguiser notre réflexion à ce sujet. Il
est très commun de faire des analogies entre Israël et
l’Afrique du Sud. La plupart de ces analogies sont
plutôt douteuses. Il y a certaines similarités, mais il
y a aussi d’énormes différences. Une différence
fondamentale, c’est le fait que les nationalistes
blancs, en Afrique du Sud, avaient besoin de la
population noire. Celle-ci était la source de leur force
de travail et de leur subsistance, si bien qu’ils ne
voulaient pas que les Noirs « vivent comme des chiens »
et quittent le pays. Ils voulaient qu’ils restent et
qu’ils soient une population subalterne. C’est
totalement différent de ce qui se passe en Israël. En
Israël, ils ne veulent pas des Palestiniens. Ils les
veulent dehors, loin, quelque part, comme l’attitude
américaine envers la population indigène, ici, aux
Etats-Unis – tout simplement un choix entre « crève ! »
et « disparais ! ». Et c’est là une sérieuse
disanalogie. Mais même si les analogies sont faibles,
nous pouvons retirer quelque chose de l’histoire. Et
l’histoire est quelque chose qu’il vaut la peine de
méditer.
Au début des années 1960, l’Afrique
du Sud était en train de devenir un pays paria. L’on
parlait de sanctions et des boycotts avaient été mis en
œuvre. Il y avait des votes négatifs aux Nations Unies.
Il y avait des attaques très dures. Et les Sud-Africains
en étaient conscients. Ils ont fait exactement ce que
les Israéliens sont en train de faire aujourd’hui.
[problème de sono] Ah bon, c’est pas bon ? Leur action a
consisté à dire – et pourquoi que je ne le tiendrais
pas, tout simplement, ce micro, OK ? Vous croyez que ça
va marcher ? Bon, j’ai été technophobe toute ma vie, et
plus j’ai d’expérience, plus je hais la technique. Bon…
OK…
A l’époque, l’Afrique du Sud
réagissait tout à fait à la manière dont Israël réagit
aujourd’hui. Le monde entier nous hait. Vous savez : ce
sont des racistes, tout simplement. Ils ne comprennent
pas à quel point nous sommes des gens merveilleux. Nous
devons avoir des campagnes d’information et d’éducation
plus performantes afin de leur expliquer que ce que nous
faisons est tout ce qu’il y a de plus juste, que c’est
au bénéfice de la population noire, etc. Tout ça, ils le
faisaient aussi, mais ils savaient parfaitement que ça
ne marcherait pas, exactement de la même manière
qu’Israël devrait comprendre que ses efforts du même
tonneau ne marcheront jamais. Ils vont continuer à être,
à devenir, plutôt, un pays paria. Mais le ministre
sud-africain des Affaires étrangères, il y a de cela
environ cinquante ans, a parlé à son – à l’ambassadeur
des Etats-Unis, et il lui a dit quelque chose de tout à
fait sensé et pertinent. Il lui a dit ceci : « Oui, ils
votent à une écrasante majorité contre nous aux Nations
Unies, etc. Mais, aux Nations Unies, il n’y a qu’un seul
vote, et ce vote, c’est le vôtre… Aussi longtemps que
vous nous soutiendrez, peu importe ce que dit le reste
du monde ». Voilà une perception des choses
particulièrement perspicace. Voilà, en effet, ce que
cela signifie que de disposer d’une domination mondiale
d’un genre n’ayant encore jamais existé dans l’Histoire.
Et il avait raison. Et si vous étudiez l’histoire de ce
qui s’est produit après, vous constaterez que cela l’a
démontré.
Durant les années 1960 et 1970,
l’Afrique du Sud est de plus en plus devenue un pays
paria. Les Etats-Unis et l’Angleterre ont continué à la
soutenir. Autour de 1980, le boycott et les sanctions
commencèrent. Les firmes américaines commencèrent à
refuser d’investir dans ce pays. Mais les Etats-Unis
continuaient à violer l’embargo. L’administration Reagan
violait la législation du Congrès et une opinion
publique quasi unanime pour continuer à soutenir
l’apartheid sud-africain. Et ce fut une des périodes les
plus violentes et les plus brutales. Durant les années
1980, grâce au soutien des Etats-Unis, l’Afrique du Sud
fut à même de tuer, estime-t-on, environ un million et
demi de personnes et de provoquer environ 60 milliards
de dollars de dégâts simplement dans ses pays voisins,
pour ne pas mentionner ce qu’elle faisait chez elle avec
le soutien constant des Etats-Unis. Cela s’est poursuivi
durant les années 1980.
|
In 1988, at that time, you couldn’t
find anybody defending apartheid—you know, mayors,
corporations, Congress, whatever. In 1988, the US
formally identified the African National Congress,
Mandela’s ANC, as one of the "more notorious terrorist
groups" in the world. That was 1988. You’ll be pleased
to know, if you don’t already, that Mandela was taken
off the terrorist list a couple of months ago, so we no
longer have to be terrified of him.
Around 1989, for reasons which are
not entirely known—we don’t have internal documents for
that period—US policy shifted, and it moved towards
ending apartheid and instituting a regime which sort of
maintains the social and economic structure of the
apartheid regime, but without total exclusion of blacks.
So, if you go to, say, Cape Town and Johannesburg, you
can see black faces in the limousines, even though
for—and other signs of improvement. That was a major
achievement, getting rid of apartheid. But the
fundamental structure was maintained. However, apartheid
was ended. Mandela was let out of prison. He was given a
couple of years of instruction in democracy and freedom
and so on. And then he was allowed to appear. And the
US, the godfather, changed its position, and it ended.
If you go back to 1988, it looked like one of the worst
periods in South African history. People were desperate,
giving up.
And that’s happened elsewhere. So,
the South African minister was correct. And it’s
happened in other cases, too. I have no time to go
through them, but there are other cases where just a
slight shift in US policy terminated violent, murderous
aggression, in fact near-genocidal aggression. And it
could happen in this case, too. But something is going
to have to press it, and that’s going to have to come
from inside. It’s not going to come from the rest of the
world. And I think that’s—these are lessons that we
ought to keep in mind when we think about, first of all,
our own responsibilities and also the kinds of tactical
moves that would be appropriate.
Thanks.
|
En 1988, vous ne trouviez plus
personne qui soutînt l’apartheid, ni maires, ni
syndicats, ni membres du Congrès, personne. En 1988, les
Etats-Unis ont formellement reconnu l’African National
Congress de Mandela comme l’un des « groupes terroristes
les plus notoires » dans le monde. C’était en 1988. Vous
aurez le plaisir d’apprendre, si vous ne le saviez pas,
que Mandela a été rayé de la liste des terroristes il y
a de cela seulement quelques mois, si bien que nous
n’avons plus motif à être terrifiés par lui…
Autour de 1989, pour des raisons
qui ne sont pas toutes élucidées – nous ne disposons pas
de documents internes pour ce faire -, la politique
américaine a changé et elle s’est orientée vers la
suppression de l’apartheid et l’institution d’un régime
qui maintienne peu ou prou la structure sociale et
économique du régime d’apartheid, mis à part l’exclusion
totale des Noirs. Ainsi, si vous allez, disons, au Cap
et à Johannesbourg, vous verrez des Noirs dans des
limousines, même si cela ne signifie pas grand-chose –
et d’autres signes d’amélioration. Mais la structure
fondamentale a été maintenue. Toutefois, l’apartheid a
pris fin. Mandela est sorti de prison. Il a reçu
quelques années de formation en matière de démocratie et
de liberté, etc. Et on lui a donné l’autorisation
d’apparaître en public. Et les Etats-Unis, le Parrain, a
changé de position, et l’apartheid a pris fin. Si vous
remontez en 1988, cela ressemblait à l’une des pires
périodes de toute l’histoire sud-africaine. Les gens
étaient désespérés, ils baissaient les bras. Et cela
s’est passé ainsi ailleurs. Donc, ce ministre
sud-africain, que j’ai cité, avait raison. Je n’ai pas
le temps de les examiner ici devant vous, mais il y a
d’autres cas où une simple légère inflexion dans la
politique américaine a mis fin à une agression violente
quasi génocidaire. Et cela pourrait se produire
également dans le cas qui nous occupe aujourd’hui. Mais
il faut que quelque chose y incite, et cela doit venir
de l’intérieur des Etats-Unis. Cela ne viendra pas du
reste du monde. Et je pense que c’est là une leçon – que
ce sont là des leçons – que nous devons conserver à
l’esprit lorsque nous pensons, avant tout, à nos propres
responsabilités, ainsi qu’aux genres d’actions tactiques
qui pourraient être appropriées.
Je vous remercie.
|
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
Les traductions de Marcel Charbonnier
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