Communiqué
La France en guerre : l’UPR pose 4
questions-clés au gouvernement français
sur son action militaire en Irak
UPR
Photo:
D.R.
Jeudi 23 octobre 2014
L’UPR partage le
sentiment d’horreur qu’inspirent
unanimement les meurtres, les
persécutions et les destructions de
masse que les troupes du prétendu « État
islamique » commettent au
Moyen-Orient, en particulier en Irak,
non seulement
à l’encontre des chrétiens, mais
aussi à l’encontre des musulmans.
Nous condamnons ces forfaits avec la
plus grande fermeté et considérons qu’il
appartient à l’Organisation des Nations
Unies de prendre les mesures qui
s’imposent pour les faire cesser et
châtier les coupables, notamment dans le
cadre du chapitre 7 de la Charte de
l’ONU.
En revanche, l’UPR s’interroge sur
les actions conduites par l’aviation
française, qui a procédé à deux
nouvelles frappes en Irak, les
19 et
22 octobre, alors que le contexte et
les conditions de cette intervention
militaire demeurent toujours aussi
obscurs.
La difficulté d’accéder à une
information impartiale et vérifiée est
due au fait que les organes de presse
français n’ont pas dépêché de
journalistes sur place, et qu’ils s’en
remettent donc aux sources émanant
principalement de médias étrangers, du
Département d’État américain, du
Pentagone et des ministères français des
Affaires étrangère et de la Défense.
En outre, la
prétendue « opposition » à
François Hollande, UMP et
FN en tête, soutient comme un seul
homme le principe de frappes françaises
en Irak, ce qui tend à accréditer la
version officielle des événements auprès
du public, telle qu’elle est présentée
par le gouvernement.
L’UPR observe d’ailleurs que le
« débat » sur l’intervention en Irak,
sans vote, qui s’est tenu à l’Assemblée
nationale le 24 septembre dernier s’est
davantage apparenté à une formalité
consensuelle qu’à un réel débat précis
sur le fond.
L’UPR note ainsi,
avec beaucoup de préoccupation, que la
« lutte contre le terrorisme », –
constamment invoquée pour justifier des
interventions militaires sans fin et
dans un nombre croissant de pays -,
permet au gouvernement de ne jamais
« déclarer la guerre », acte qui
requiert l’autorisation du Parlement
en vertu de l’article 35 de la
Constitution. L’absence d’autorisation
et de vote par le Parlement, dans le cas
de l’Irak comme dans celui de nombreux
autres conflits où la France est
impliquée, empêche ainsi la
représentation nationale de jouer son
rôle normal de contre-pouvoir vigilant
sur la question cruciale de la guerre et
de la paix.
En un mot, le gouvernement français,
obéissant aux injonctions de Washington,
fait la guerre sans le dire, sans en
justifier précisément le bien-fondé
auprès du peuple français, sans élucider
les nombreuses zones d’ombre et les
mystères qui entourent toutes ces
opérations, et sans en expliquer les
conséquences à court, moyen et long
terme.
Dans ces conditions, qui vident de
sens notre démocratie, l’UPR estime de
la plus haute urgence que le
gouvernement français réponde à quatre
questions simples :
- 1°)
Pourquoi la France est-elle
intervenue en Irak dans le cadre
d’une coalition internationale qui
mène des bombardements
illégaux en Syrie, c’est-à-dire sans
autorisation du gouvernement syrien
ni du Conseil de Sécurité
des Nations Unies ?
La France n’a pas à intervenir dans
une coalition dont une partie ne
respecte pas le droit international en
intervenant illégalement en Syrie. Il
existe, en outre, le risque que les
forces françaises qui interviennent en
Irak, se retrouvent entraînées à
intervenir en Syrie, ce qui violerait le
droit international.
Laurent Fabius a, d’ailleurs, d’ores
et déjà déclaré qu’il ne voit pas «
d’empêchement juridique à ce que les
attaques de [l'EI] fassent l’objet de
réactions aussi bien en Irak qu’en
Syrie ».
- 2°) Le
gouvernement français peut-il
exposer précisément et publiquement,
– comme le gouvernement allemand a
commencé de le faire avec timidité
-, les informations dont il dispose
concernant les financements du
prétendu « État islamique », en
particulier sur les puissances qui
ont rendu son avènement et ses
conquêtes possibles ?
Comme l’ont souligné plusieurs
observateurs, l’EI n’a pas pu se
développer seul, sans financement, ni
acquérir seul la puissance qu’on lui
connaît aujourd’hui.
Le
ministre allemand de l’Aide au
développement, Gerd Müller, a
d’ailleurs reconnu que l’EI avait
bénéficié de financements issus du
Qatar. L’Arabie
saoudite a également été mise en
cause. Des rumeurs insistantes circulent
aussi dans les services de renseignement
sur la facilité suspecte avec laquelle
les tueurs de l’EI obtiennent des armes
occidentales.
Plus étonnant encore, la presse a
indiqué dernièrement que l’EI s’était
emparé d’avions de combat et était
capable de les faire voler. Or cela
nécessite un puissant concours – dont
l’origine reste bien mystérieuse – en
termes de compétences très pointues de
pilotage, de logistique et de moyens
financiers.
- 3°) Le
gouvernement français peut-il
indiquer précisément si, comme le
gouvernement américain, il a
participé à l’équipement ou à
l’entraînement de groupes armés
maintenant affiliés à l’EI, et si
oui, pourquoi et dans quelle
mesure ?
Plusieurs médias étrangers (voir
ici et
ici) ont
révélé que les États-Unis ont entraîné,
dans une base secrète en Jordanie, des
éléments armés qui servent désormais
l’EI.
L’UPR avait déjà rappelé ce fait dans
son
communiqué dénonçant la responsabilité
écrasante de Washington dans les
persécutions endurées par les chrétiens
d’Orient. François Hollande a,
lui-même,
reconnu en août dernier que la France a
armé des « rebelles »
syriens,
dont certains ont même été entraînés par
des instructeurs français.
- 4°) Le
gouvernement français peut-il
clarifier les zones d’ombre qui
entourent la mort d’Hervé Gourdel et
répondre à la version qui circule
dans une partie de la presse
algérienne selon laquelle le groupe
armé en cause – Jund al-Khilafa –
serait une
poignée de ravisseurs payés pour
enlever puis assassiner un Français
en se réclamant, comme par hasard,
de l’EI ?
De nombreuses zones d’ombre entourent
l’enlèvement et l’assassinat du Français
Hervé Gourdel (voir
ici ou
ici), dont la
version officielle fait l’objet d’un
profond questionnement dans la presse
algérienne (voir
ici ou
ici). Ces
doutes ne sont pas sans rappeler ceux
qui planent sur la vidéo de l’exécution
de l’otage américain, James Foley, en
août 2014, exécution qui pourrait être
une mise en scène d’après de nombreux
organes de presse dans le monde (voir
ici,
ici ou
ici).
L’UPR signale que l’assassinat
d’Hervé Gourdel, par la vive émotion
qu’il a créée,
a fait massivement basculer l’opinion
publique française en faveur d’une
intervention armée en Irak, alors
qu’elle était jusqu’alors très divisée.
L’UPR note également que l’enlèvement
de notre compatriote s’est produit deux
jours avant le débat à l’Assemblée
nationale sur l’intervention en Irak,
débat qui s’est déroulé dans
l’incertitude du sort de l’otage. La
presse a indiqué par la suite que c’est
ce jour-là précisément, le 24 septembre,
qu’Hervé Gourdel aurait été exécuté.
Aucun enlèvement, aucune
décapitation, aucun assassinat
d’Occidental n’a, d’ailleurs, plus eu
lieu depuis le début de l’engagement de
la « coalition internationale »
en Irak.
Dans l’attente des
réponses à ces 4 questions-clés, l’UPR :
1°) réaffirme sa
totale opposition à la participation de
la France à la coalition internationale
en Irak, qui ne comprend en réalité
que les États-Unis d’Amérique et leurs
obligés, et dont plusieurs membres ont,
de façon avérée, participé au
financement, à l’équipement ou à
l’entraînement de l’EI ; L’UPR rappelle
qu’en soutenant l’EI directement ou
indirectement ces pays ont déstabilisé
l’Irak et donc violé le droit
international.
2°) renouvelle la
demande qu’elle a déjà formulée dans un
communiqué précédent d’envoi de
casques bleus de l’ONU dans les zones où
l’EI sévit.
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