Communiqué
L’UPR rappelle à MM. Valls et Fabius que
le principe
même de la « construction
européenne » est celui
d’un « apartheid
» planétaire
UPR
Photo:
D.R.
Mercredi 21 janvier 2015
Depuis quelques heures, le microcosme
politique et médiatique français ne
bruisse que de la dernière déclaration
du Premier ministre qui a déploré
l’existence, selon lui, d’un «
apartheid territorial, social, ethnique
» en France.
Les dirigeants politiques de
plusieurs formations, notamment du PS,
ont critiqué cette expression en
estimant que, si l’on pouvait certes
parler de « ségrégation », il était
abusif d’employer le terme
« d’apartheid » puisque cette politique
sud-africaine, officiellement mise en
œuvre après la Seconde Guerre mondiale,
supposerait qu’il existe un support
juridique à la discrimination.
Le ministre des affaires étrangères
Laurent Fabius
a ainsi déclaré sur RTL que
« Manuel Valls a voulu dire qu’il y a
une ségrégation. L’apartheid,
juridiquement, ça voulait dire que les
Noirs n’avaient pas les mêmes droits que
les Blancs. En France, il n’y a pas de
ségrégation juridique. ».
L’UPR renvoie dos à dos MM. Valls et
Fabius, ainsi que
les dirigeants de l’UMP et de l’UDI qui
ont eu des vapeurs en entendant le mot
« d’apartheid ».
L’UPR rappelle en effet à tous ces
Tartuffes de l’européisme, droite et
gauche confondues, que la politique
stratégique qu’ils appliquent à la
France depuis plusieurs décennies, qui
vise à faire disparaître la France dans
un État-continent, est en réalité fondée
sur des présupposés qu’ils se gardent
bien de regarder en face. Ils nous
assurent que notre avenir passerait par
une fusion avec l’Estonie, la Slovaquie,
l’Angleterre, la Bulgarie ou les
Pays-Bas ; dans ce but, ils nous coupent
progressivement de nos amitiés
traditionnelles avec les pays de la
Francophonie, du monde slave, du monde
arabe et musulman, de la Chine, de
l’Amérique Latine…Mais pourquoi ?
L’UPR note que l’un des
arguments favoris des européistes pour
justifier ce choix stratégique, consiste
régulièrement à faire peur aux Français
en brandissant les menaces que les
autres parties du monde (Russie, Chine,
Inde, monde musulman, etc.) feraient
peser sur eux.
Un clip vidéo conçu et financé
récemment par la Commission européenne
pour promouvoir l’élargissement de l’UE
a provoqué un scandale international et
a dû être retiré précipitamment,
justement sous l’accusation de racisme.
Elle mettait en effet en scène le viol
symbolique d’une femme blanche –
symbolisant l’Europe – par un Chinois,
un Indien et un Latino-Américain.
De nombreuses protestations, émanant
notamment des ambassades des pays visés,
jetèrent à cette occasion une lumière
crue sur le raisonnement raciste
latent inhérent au principe même de la
prétendue « construction européenne »
(
https://www.upr.fr/actualite/europe/le-choc-des-civilisations-prone-dans-un-clip-de-la-commission-europeenne
)
La quintessence même de la «
construction européenne » revient ainsi
à bâtir une sorte « d’apartheid
planétaire » honteux. Il n’ose certes
pas dire son nom, mais il existe
pourtant bel et bien, que ce soit aux
plans juridique, économique, commercial,
monétaire, diplomatique, militaire, etc.
(cf. par exemple la conférence donnée
par François ASSELINEAU à l’université
Libre de Belgique le 16 mai 2013 à
Bruxelles à partir de 21’47’’ :
https://www.youtube.com/watch?v=jXjnlLRM8LY
)
La déclaration du Premier ministre et
les remous qu’elle provoque conduisent
l’UPR à rappeler que l’idée même
des « États-Unis d’Europe », lancée par
Victor Hugo il y a 165 ans au Congrès de
la Paix du 21 août 1849, fut fondée, dès
l’origine, sur un racisme répugnant et
une volonté de domination mondiale
partagée avec les États-Unis d’Amérique.
Dans son discours – régulièrement
célébré par les actuels dirigeants
français de droite et de gauche ! (voir
https://www.upr.fr/non-classe/chanter-les-louanges-de-victor-hugo
) -, Victor Hugo annonçait en effet que
les « États-Unis d’Europe »
permettraient de « tendre la main
aux États-Unis d’Amérique » afin d’«
élargir sans cesse le groupe civilisé
» et de « donner le bon exemple
aux peuples encore barbares » par
un grand élan colonisateur : « Oui,
la face du monde serait changée ! Au
lieu de se déchirer entre soi, on se
répandrait pacifiquement sur l’univers !
Au lieu de faire des révolutions, on
ferait des colonies ! Au lieu d’apporter
la barbarie à la civilisation, on
apporterait la civilisation à la
barbarie ! ». Ainsi, « l’Asie
serait rendue à la civilisation,
l’Afrique serait rendue à l’homme ».
(cf.
https://www.upr.fr/dossiers-de-fond/victor-hugo-et-l-europe
)
L’UPR souligne que, de nos jours, les
partisans de la prétendue « construction
européenne » continuent, au fond, à
raisonner plus ou moins consciemment
comme Victor Hugo il y a 165 ans :
- Ils affirment en effet
constamment que nous partagerions
les « mêmes valeurs » que les
États-Unis d’Amérique, alors que ce
pays pratiquait encore juridiquement
l’apartheid dans les années 1960,
que la ségrégation raciale y exerce
toujours des ravages en 2015, qu’il
utilise le privilège monétaire du
dollar pour piller sans vergogne les
ressources des pays pauvres du sud,
et qu’il entretient une armée
surpuissante qui lui permet d’être
le seul pays au monde
continuellement en guerre depuis
1941 ;
- Plus généralement, la politique
de « construction européenne »
revient à enfermer la France dans un
périmètre géographique factice, dont
la seule justification est
implicitement ségrégationniste et
racialiste. En vertu de
quoi, par exemple, notre pays
verse-t-il, par l’intermédiaire des
circuits de financement européen,
entre 80 et 200 fois plus d’aide par
habitant à Malte, à Chypre ou à la
Lettonie qu’au Maroc, à la Tunisie
ou au Mali ?
Ces choix politiques et financiers
sont triplement scandaleux :
– d’abord parce que la France a des
responsabilités historiques et est
beaucoup plus proche, à bien des égards,
des pays francophones du Maghreb ou
d’Afrique, que des pays baltes ou
d’Europe de l’est ;
– ensuite parce que les pays du
Maghreb ou d’Afrique sont beaucoup plus
nécessiteux d’aide financière que les
pays d’Europe de l’est ;
– enfin parce que les fonds versés
par la France à l’UE proviennent
notamment de recettes de droits de
douane et de TVA, acquittés par tous les
résidents en France, et notamment par
des centaines de milliers de
ressortissants des pays du Sud.
APARTHEID =
« EUROPEANS ONLY »
A gauche : scène de rue en
Afrique du sud en 1960, du temps de
l’apartheid. La ségrégation raciale
conduisait à séparer les espaces
publics entre ceux réservés aux
Blancs et ceux réservés aux
« Coloured » (Noirs, Indiens,
métis…). Comme le montre ce cliché,
l’expression « Europeans only »
était fréquemment utilisée comme
euphémisme à la place de « White
only ».
A droite : formalités de
police des frontières à l’aéroport
de Stockholm (Suède) en 2010.
Comme dans tous les aéroports des
pays membres de l’UE, le public est
séparé entre « Europeans only » et
les autres. Qu’on le veuille ou pas,
le concept même de « construction
européenne » – et son corollaire la
« citoyenneté européenne » – sont
inspirés de la même pensée
ségrégationniste que celle de
l’apartheid. La théorie du « Choc
des Civilisations » est assimilable
à un apartheid planétaire.
Seule sur toute la scène
politique française, l’UPR dénonce le
principe même de la construction
européenne comme étant fondé sur une
vision désuète, implicitement racialiste,
anxiogène et guerrière de l’univers.
Seule l’UPR souligne
l’incohérence et l’inconscience qu’il y
a à afficher des valeurs républicaines
d’égalité et de prétendre lutter contre
l’apartheid en France, tout en
approuvant, au niveau planétaire, les
inégalités et l’apartheid implicites
inhérents au prétendu « monde
multipolaire » que l’on veut nous
imposer.
Seule l’UPR souligne que ce
projet de « construction européenne »
est destiné à devenir un ensemble
euro-atlantiste piloté par les
Anglo-Saxons et placé sous la direction
de Washington si les projets de traités
TAFTA et autres vont jusqu’à leur terme
logique.
Seule l’UPR souligne que ce
projet de « construction européenne »
s’inscrit ainsi dans la théorie du
« Choc des Civilisations », chère aux
Docteurs Folamour du Pentagone et du
Département d’État américain.
Dès sa Charte fondatrice adoptée le
25 mars 2007, l’UPR a « affirmé
solennellement qu’en ce XXIe siècle qui
voit le triomphe des échanges et des
communications d’un bout à l’autre du
globe, la seule instance internationale
légitime est plus que jamais
l’Organisation des Nations Unies, dont
le principe éthique suprême est de
traiter tous les peuples et toutes les
nations sur un strict pied d’égalité.
L’idée même de construire, de gré ou de
force, un empire européen – ou
euro-atlantique – qui inclurait
certaines nations et en exclurait toutes
les autres constitue une erreur tragique
et un contresens historique majeur, dont
les conséquences sur la paix mondiale
pourraient être redoutables.
C’est pourquoi l’UPR
entend promouvoir les coopérations
internationales de toute nature avec
tous les États de la planète, sans
procéder à une quelconque distinction,
moralement et éthiquement suspecte, en
fonction de leur appartenance ou non au
continent européen. L’UPR
rappelle à ce propos que les définitions
des continents sont de pures conventions
géographiques, qui ne correspondent
nullement aux affinités et aux échanges
entre les États du globe. » (cf.
https://www.upr.fr/charte-fondatrice
)
L’UPR n’a ainsi pas attendu
Manuel Valls pour dénoncer l’existence
d’un « apartheid ». Mais l’UPR le place
au vrai niveau qui est le sien : le
niveau planétaire.
Et cet apartheid-là, Manuel
Valls et tous les partisans de la
prétendue « construction européenne »,
consciemment ou inconsciemment,
l’approuvent.
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