Communiqué
Jérusalem, capitale exclusive
d’Israël :
à chacun son « évidence »
UJFP
Vendredi 15 décembre 2017
Plus c’est gros, plus ça passe… La
reconnaissance unilatérale de Jérusalem
comme capitale exclusive d’Israël par
l’administration Trump relèverait du bon
sens. Il s’agirait de « reconnaître
l’évidence », comme l’a tranquillement
affirmé le président étasunien. N’est-ce
pas à Jérusalem que se concentrent les
lieux du pouvoir israélien, de la
Knesset à la résidence du Premier
ministre ? Allons, officialisons les
choses ! Ni plus ni moins ! Et qui sait,
peut-être que tout cela produira un
électrochoc positif et ressuscitera le
processus de paix devenu moribond !
Les autorités israéliennes doivent boire
du petit lait. Leur rhétorique du fait
accompli visant à diluer leur violente
politique de colonisation et de
dépossession des Palestinien-ne-s vient
de trouver l’écho politique le plus
favorable. La loi du plus fort a fini
par porter ses fruits. Les éléments de
langage utilisés par D. Trump, sa
narration visant à limiter les effets
désastreux de cette reconnaissance en en
faisant même une chance pour la paix,
son silence assourdissant quant aux
revendications politiques des
Palestinien-ne-s sur Al Qods –
Jérusalem… Tout cela est repris par des
officines sionistes un peu partout dans
le monde pour que d’autres gouvernements
emboîtent le pas de celui des
États-Unis.
La réaction
dithyrambique du CRIF à l’annonce de la
reconnaissance de Jérusalem ne s’est pas
faite attendre. Se sentant pousser des
ailes, sa direction a lourdement insisté
auprès d’E. Macron pour que lui aussi
« reconnaisse l’évidence ». A cette fin,
elle mobilise l’histoire biblique à
plein régime. Les liens religieux
millénaires des Juifs avec la ville sont
utilisés pour justifier l’invisibilisation
et la négation des droits des
Palestinien-ne-s. Même son de cloche du
côté du Consistoire qui a salué la
« reconnaissance d’une vérité historique
et du lien plurimillénaire du peuple
juif avec la ville sainte. [1] »
Les offensives diplomatiques
palestiniennes visant à faire valoir
leurs droits politiques sur la ville
sont autant de menaces qu’il convient de
neutraliser pour F. Kalifat,
l’inénarrable président du CRIF : « (la
reconnaissance de D. Trump) est la
meilleure des réponses aux tentatives de
falsification historique menée
inlassablement par les pays arabes et
les palestiniens à l’Unesco et à l’ONU
sur le statut de Jérusalem [2] ».
On croit rêver…
Les habitant-e-s
palestinien-ne-s de Jérusalem – ceux qui
ont pu rester après les vagues
d’expulsion de 1948 et de 1967 et qui
sont la cible depuis des années de
politiques et réglementations
discriminatoires – sont les grands
absents de la nouvelle séquence
politique amorcée par la reconnaisse
étasunienne. Que va-t-il advenir de ces
« résident-e-s palestinien-ne-s » sans
aucun droit politique dans la ville
annexée, et dont l’annexion vient de
regagner en légitimité ? Sous l’ivresse
de l’impunité qu’elles ne manqueront pas
de ressentir, les autorités israéliennes
vont-elles accélérer les démolitions des
quartiers arabes et l’épuration ethnique
déjà à l’œuvre ? Ce n’est pas un hasard
si ses partisans essaient de toutes
leurs forces de détourner l’attention de
cette situation en brandissant
l’argument d’un nouveau départ des
négociations de paix. L’argument est
périlleux, tant il dégouline de mauvaise
foi : le statu quo sur Jérusalem n’a pas
permis d’obtenir la paix ; peut-être que
la reconnaissance de la réalité sur le
terrain le permettra. Comme si c’était
le manque de légitimité de l’emprise
totale des Israéliens sur Jérusalem qui
empêchait tout progrès en la matière !
Pourtant, pendant
que se donnent à voir ces obscènes
manœuvres d’équilibristes, qui plus est
au nom de la paix, des Palestinien-ne-s
meurent et les blessé-e-s se comptent
par milliers [3].
A Jérusalem et en Cisjordanie, en
conséquence de la répression violente
des protestions et du renforcement du
contrôle militaire. A Gaza, bombardée,
encore et encore. La colère gronde et
grandit dans les pays musulmans à mesure
que le contrôle israélien se resserre
autour d’Al-Aqsa, renforçant toujours un
peu plus le risque de transformer une
situation coloniale en un conflit
religieux opposant Juifs et Musulmans.
Tout cela était prévisible, il ne
pouvait en être autrement. D. Trump, B.
Netanyahu, leurs alliés du CRIF, tous le
savent pertinemment. Et s’en moquent
éperdument. Derrière ces éléments de
langage pernicieux et narrations
mensongères se cachent toujours plus de
vies perdues palestiniennes. Et que font
les dirigeants européens, à part
rappeler solennellement leur attachement
à une solution négociée et appeler B.
Netanyahu à la retenue, à faire un
« geste pour la paix » en gelant la
colonisation ? Rien. Ou plutôt si, ils
cautionnent : une fois encore, aucune
sanction n’est à l’ordre du jour.
Une paix juste
ne sera jamais atteinte par le maintien
du régime d’apartheid, ni par
l’écrasement mémoriel des
Palestinien-ne-s.
L’UJFP condamne les
falsificateurs d’histoire et les
pompiers pyromanes. Il est temps de leur
rappeler qu’ils ont du sang sur les
mains, eux et ceux qui ne font que
regretter.
Le Bureau national
de l’UJFP, le 15 décembre 2017
[1] https://www.la-croix.com/Religion/Judaisme/Jerusalem-Crif-Consistoire-soutiennent-Donald-Trump-2017-12-07-1200897791
[2] http://www.crif.org/fr/communiquedepresse/crif-jerusalem-capitale-disrael-communique-de-presse-du-crif
[3] https://french.palinfo.com/news/2017/12/12/1795-Palestiniens-bless-s-depuis-la-D-claration-de-Trump
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