Communiqué
A propos de la plainte de la LDH contre
deux militants montpellierains
UJFP
Lundi 13 avril 2015
Ce texte a été écrit quand nous avons
su qu’une plainte était déposée contre
Saadia et Husein. En le publiant, nous
espérons toujours que le bon sens
l’emportera et que la LDH retirera sa
plainte.
L’UJFP, une des principales
associations du judaïsme laïque français
organisé, est par nature même
extrêmement sensible au racisme sous
toutes ses formes, et notamment dans son
versant antisémite. Elle cherche de par
son action à défaire les amalgames, à
les déconstruire, plutôt qu’à les
encourager. Pour nous, juif n’égale pas
sioniste et antisionisme n’égale pas
antisémitisme même si certains cumulent
tranquillement.
Nous considérons donc avec attention
et précaution le genre d’affaire qui met
en jeu ce type d’amalgame surtout pris
dans un contexte qui instrumentalise
l’antisémitisme pour de funestes causes,
comme celle du soutien inconditionnel à
la politique d’Israël ou de la
désignation des musulmans comme
coupables de racisme voire de terrorisme
dès lors qu’il s’agit de critiquer
Israël.
En ce sens le fait que deux militants
de BDS 34 aient pu partager, l’été
dernier pendant l’offensive meurtrière
sur Gaza, un post sur leur page facebook
sans avoir la vigilance nécessaire pour
vérifier le texte violemment antisémite
associé à une photo faisant elle-même un
rapprochement pour le moins fort
discutable entre sionisme et nazisme,
est un acte grave, à ne pas minimiser.
Dès qu’ils ont été alertés par
d’autres militants avertis par la LDH
locale, et qu’ils ont compris ce qu’ils
avaient partagé, ils se sont excusés et
ont immédiatement retiré ce post qu’ils
trouvaient détestable de leur facebook.
Qu’ils n’aient pas communiqué
publiquement et clairement sur leur
erreur en était une autre.
Le contexte du moment ne peut servir
d’excuse, mais la raison peut entendre
une explication. Les réseaux sociaux
étaient envahis cet été de textes et
d’images de toute nature sur la tragédie
que vivait la population gazaouie, faire
suivre rapidement une image sans
vérifier le texte complet qui
l’accompagne, en général seules les
trois premières lignes sont visibles,
pouvait se produire sans être la marque
d’une adhésion à des thèses nazies qu’on
n’avait pas lues. Les militants de BDS
comme tous ceux du mouvement de
solidarité étaient alors accaparés à
l’organisation des manifestations
quotidiennes pour la solidarité avec
Gaza en opposition avec le gouvernement
français, et la lutte pour que le
massacre s’arrête. Ils ont sans doute
pensé que leur bonne foi, leur
éloignement personnel de tout racisme,
et le retrait immédiat du FB
suffisaient. Malheureusement dans les
périodes empoisonnées comme celles que
nous vivons cela ne suffit pas.
A partir de là commence une autre
histoire, qui ressemble elle aussi,
encore, à une instrumentalisation. Un
autre élément de contexte très local
doit ici être apporté, qui ne se trouve
pas sur FB lui, c’est celui de la guerre
locale menée par certains représentants
associatifs contre BDS 34 et bien
au-delà pour délégitimer la campagne BDS
France. Guerre de pouvoir local mais
guerre politique aussi contre une
campagne de dimension internationale, la
seule qui soit parvenue à inquiéter
réellement le régime israélien depuis
2000. Faut-il rappeler que la campagne
BDS répond à un appel de toute la
société civile palestinienne, syndicats
et partis politiques inclus, pour lutter
contre le régime d’apartheid subi par le
peuple palestinien ? Faut-il rappeler
que la Charte de la campagne BDS France
exclut clairement et catégoriquement
tout racisme et tout boycott visant des
personnes en raison de leur appartenance
religieuse ou de leur nationalité ? Le
BDS vise les institutions d’un régime,
et cela jusqu’à ce que ce régime cesse.
Exactement comme en Afrique du Sud,
c’était le régime d’Apartheid qui était
boycotté jusqu’à ce qu’il cesse.
Que la LDH locale n’ait jamais accepté
de rencontrer les deux incriminés, ni de
discuter avec la campagne BDS 34,
qu’elle n’ait jamais demandé ou proposé
une communication publique sur cette
erreur, qu’elle ait campé sur une seule
et catégorique exigence, l’exclusion
immédiate et inconditionnelle des deux
militants sinon elle attaquait en
justice, qu’elle se soit portée partie
civile contre eux, refusant de prendre
acte du retrait immédiat, des nombreux
témoignages des militants de diverses
associations membres, relève nous
semble-t-il d’un acharnement qui vise
bien au-delà des faits et des personnes.
Nous espérons à ce propos que bien
entendu la LDH a déposé une plainte
contre x contre les véritables auteurs
du texte antisémite publié, et le site
source. Mais elle semble avoir choisi de
ne pas communiquer à ce sujet.
Qu’aujourd’hui une autre section
locale de la LDH puisse mettre en
circulation un montage répugnant, issu
d’un site sioniste « cool Israël »,
qu’ils indiquent avoir été publié sur le
site de BDS 34, mais sans doute ont-ils
eux aussi omis de vérifier leurs
sources, nous conforte dans la pénible
sensation qu’aucune bienveillance n’a
présidé à l’approche de militants pour
une cause en principe commune, qu’aucune
prise en compte des dangers qu’un tel
acharnement fait peser sur un outil
précieux de la solidarité avec la
Palestine. Nous ne pouvons en effet
imaginer que ce puisse être le but
recherché par la LDH. Que les deux
responsables du post aient depuis
communiqué très clairement sur leur
erreur ne suffit d’ailleurs toujours
pas. [*]
Aujourd’hui la LICRA s’associe à la
plainte de la LDH dans les termes les
plus odieux. Ceci achève de nous
convaincre que s’il devait se tenir il
s’agirait d’un mauvais procès, dans un
combat douteux.
Notre section locale milite
activement depuis des années dans la
campagne BDS et notamment avec les deux
militants accusés de façon ignominieuse,
des représentants nationaux de l’Ujfp
ont milité avec eux, tous reconnaissent
le sérieux et la rigueur de leur
engagement, nous les soutiendrons et ne
les laisserons pas seuls. Reste à
espérer que la LDH nationale accepte
d’envisager l’ensemble de ce contexte,
et entame un dialogue constructif avec
des militants, certes capables comme
nous tous de faire une erreur, mais de
bonne foi, et qui luttent eux aussi
depuis des années avec toute leur
énergie pour plus de justice et plus de
droit.
Le Bureau national de l’UJFP, le 7
avril 2015
Post-scriptum :
Nous avons demandé à rencontrer le
Président de la LDH à ce propos et au
sujet d’autres affaires en cours il y a
deux semaines. A ce jour le secrétariat
de la LDH nous en a confirmé au
téléphone la réception mais n’est pas en
mesure de nous dire si la rencontre
pourra avoir lieu.
Par ailleurs nous publions
le communiqué du 6 avril cosigné par BDS
France 34 et d’autres organisations.
[*] DECLARATION
DE SAADIA BEN FAKHA ET HUSEIN ABUZAID
(diffusée à la presse le 19 mars)
Jusqu’au mercredi 18 mars après-midi
nous ignorions – officiellement - que
c’était la LDH Montpellier qui avait
porté plainte contre Saadia. D’autant
qu’au départ nous étions deux personnes
visées par Sophie Mazas, la présidente
de la LDH Montpellier : Saadia Ben Fakha,
porte-parole du comité BDSFrance34 et
Husein Abuzaid, également porte-parole
du même comité et président de
l’association des Palestiniens du
Languedoc-Roussillon.
Le 6 août vers 20h nous avons été
successivement contactés au téléphone
par un ami commun, suite à un appel
téléphonique de la présidente de la LDH
Montpellier, qui l’a informé de la
présence sur notre page FB à l’endroit
d’une photo (ci-dessous) d’un texte
totalement inadmissible.
Nous avions
effectivement partagé la photo
ci-dessous qui est discutable mais n’a
rien d’antisémite. Rappelons si besoin
que les célèbres journalistes israéliens
M. Warschawski et G. Levy (Haaretz) ont
caractérisé de « fasciste » le
gouvernement Netanyahou cet été.
Cette photo n’était accompagnée d’aucun
commentaire visible et nous l’avons l’un
et l’autre partagée sans cliquer sur la
photo. Ce manque de vigilance est la
seule « faute » que nous avons commise,
bien involontairement.
Quelle n’a pas
été notre (mauvaise) surprise quand nous
avons cliqué sur la photo et découvert
le texte qui lui était attaché :
« Les nazis et les sionistes sont deux
revers de la même médaille, ce que fait
le sionisme l’a déjà fait le Nazisme au
millimètre près ; c’est la même école »
« Ce que faisait Hitler aux juifs était
fait exprès pour que le monde sympathise
avec eux et leur donne tous les droits,
jusqu’aujourd’hui ils nous sortent cette
histoire d’Hitler (Shoa) ils ont tout eu
à cause d’Hitler » « Ce que faisait
Hitler aux juifs était voulu et
prémédité pour un but bien précis, une
tactique propre aux juifs comme le grand
mensonge du 11 septembre et bien
d’autres...
Ils ont sacrifiés quelques juifs pour
avoir tout ce qu’ils ont aujourd’hui,
Hitler a participé à la colonisation de
la Palestine, il faisait partie du
plan » « La relation d’Hitler avec la
famille Rotchild cette famille juive et
satanique qui possède toutes les terres
de la Palestine et qui est l’une des
plus puissantes familles au monde ».
L’un et l’autre avons évidemment trouvé
ce texte complotiste, antisémite,
négationniste et totalement ahurissant.
Nous avons immédiatement effacé de
notre mur la photo et le texte qui lui
était attaché. Il ne s’est pas écoulé
15mn entre le moment où nous avons
découvert ce texte et sa destruction.
C’est dire combien nous sommes à mille
lieux des idées qui y étaient exprimées.
Ces explications ont été fournies sur
les listes BDS et à la quinzaine
d’associations, partis et syndicats
partenaires du comité BDS France 34.
Elles ont été communiquées oralement par
plusieurs personnes à la présidente de
la LDH qui a pu constater par elle-même
la disparition immédiate de la photo et
du texte. C’est la raison pour laquelle
nous ne comprenons pas aujourd’hui
l’acharnement à vouloir faire juger et
condamner l’une de nous deux : Saadia
Ben Fakha, en hypertrophiant un accident
involontaire. Le comité BDSFrance34
existe depuis 6 ans. Il a joué un rôle
déterminant dans la lutte victorieuse de
la Coalition contre Agrexco, il continue
à avoir une activité intense et un
parcours « sans faute ». Husein en est
membre depuis sa création et Saadia
depuis 2012.
Nous allons expliquer cela à la police
et leur remettre une vingtaine de
témoignages, dont ceux de juifs, de
l’Union Juive Française pour la Paix
(UJFP) y compris celui de leur
Co-président, qui attestent que les
accusations gravissimes portées contre
nous sont totalement infondées.
http://www.bdsfrance.org/index.php?option=com_content&view=article&id=3565%3Adeclaration-de-saadia-ben-fakha-et-husein-abuzaid-du-comite-bds-34&catid=49%3Aactualites&Itemid=1&lang=fr
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