Communiqué
Le bureau exécutif du Mrap dénonce le
PIR comme « antisémite » : Analyse d’une
stratégie
PIR
Mercredi 29 avril 2015
Récemment, le Bureau exécutif du MRAP
s’en est pris au PIR, qu’il accuse
d’antisémitisme. Selon ce communiqué[1],
la dénonciation du philosémitisme de
l’État français par le PIR[2]
reviendrait à hiérarchiser les victimes
du racisme et à valider la thèse d’une
emprise juive sur la France. Ainsi, le
PIR, selon la pensée ubuesque du MRAP,
serait coupable de promouvoir ce que
précisément il dénonce chez l’État : la
hierarchisation des racismes.
Ce communiqué a été très vite relayé
par l’organisation sioniste BNVCA,
connue surtout pour son obsession à
poursuivre en justice la campagne de
boycott d’Israël par BDS. Celle-ci en a
profité pour réclamer l’interdiction du
PIR. Il a aussi été relayé par des
antifascistes de carnaval[3] qui, à
l’instar du BE du MRAP et autres
antiracistes fossilisés, certains
ouvertement islamophobes, ne frémissent
pas à l’idée d’être les idiots utiles du
néo-conservatisme à la française.
Bien que les dernières
déclarations[4] de Gilles Clavreul, le nouveau
délégué interministériel à la
lutte contre le racisme et
l’antisémitisme, confirment
notre thèse sur le
philosémitisme d’État,
nous ne ferons rien ici pour
démonter les accusations de la
direction du Mrap et laissons à
nos lecteurs la liberté de nous
interpréter. Nos mots sont
pesés. Lorsque nous les rendons
publics, nous les assumons
entièrement. Aussi sommes-nous
étonnés que l’association
antiraciste ne nous ait pas
encore traduits en justice car,
comme elle ne l’ignore pas,
l’antisémitisme est un délit,
pas une opinion.
En attendant notre
convocation devant un tribunal,
nous nous permettons de livrer
les véritables motifs de cette
charge aussi grossière que
pathétique. En effet, sous ses
airs faussement angéliques,
l’association poursuit des
objectifs bien moins avouables
qu’il n’y paraît.
Le communiqué du MRAP ne fait
que révéler ce que nous savions
déjà : l’un des derniers
bastions du vieil antiracisme
moral craque de toute part et
glisse à son tour vers le
national-républicanisme.
Celui-ci a renoncé depuis
longtemps à lutter contre le
racisme d’État pour se consacrer
à des passions nouvelles :
liquider l’héritage du regretté
Mouloud Aounit qui avait fait de
l’islamophobie son cheval de
bataille, et lutter contre le
« racisme anti-blanc » (une idée
jusque-là cantonnée à
l’extrême-droite).
En vérité, le grand regret du
Mrap, c’est la fin de
l’antiracisme paternaliste des
années Mitterrand si cher à la
gauche institutionnelle. Un
antiracisme stérile où
l’indigène, infantilisé et
éperdu de reconnaissance pour
ses protecteurs, savait demeurer
à sa place de figurant. Dès lors
que les victimes deviennent
actrices de leur destin et
l’expriment de manière autonome,
l’antiracisme officiel panique.
Le communiqué traduit ainsi
une réaction aux recompositions
en cours dans le champ de
l’antiracisme, où les
renoncements du Mrap au combat
contre l’islamophobie et ses
compromissions avérées avec le
racisme institutionnel ont été
débordés par l’antiracisme
politique des indigènes et de
leurs alliés. Que ce soit après
les manifestations contre
l’exposition Exhibit B ou encore
dans les conférences
internationales contre
l’islamophobie (décembre 2013 et
2014) et le meeting contre
l’islamophobie du 6 mars 2015,
le MRAP s’est retrouvé du
mauvais côté de la barrière.
Nous savons que le PIR n’est
pas la véritable cible des
attaques. En vérité, ce que
l’actuelle direction du Mrap –
en quête du monopole perdu de
l’antiracisme – escompte, c’est
casser les nouvelles et fragiles
solidarités militantes qui se
tissent entre les associations
musulmanes comme PSM, l’UOIF,
les associations luttant contre
l’islamophobie comme le CCIF ou
MTE, les mouvements politiques
comme le PIR, et la gauche
radicale et antiraciste. En
d’autres termes, sous ce
prétexte – le
pseudo-antisémitisme du PIR,
dont la démonstration ferait le
bonheur de beaucoup – il fait ce
que Caroline Fourest a déjà
tenté de faire à l’occasion du
meeting du 6 mars, quand elle
avait stigmatisé l’alliance avec
des « communautaristes »,
des « sexistes » : briser un
front de lutte qui menace son
pré-carré.
Mais, s’il justifie contre
nous des appels à la répression,
c’est bien lui, par l’entremise
des luttes politiques, qui
risque de finir dans les
oubliettes de l’histoire.
Heureusement pour nous, le Mrap
n’est pas constitué que de sa
seule direction. Un autre Mrap
est-il encore possible ?
Le PIR
Le 27 avril 2015
[1]
http://www.mrap.fr/ab-non-au-philosemitisme-d2019etat-bb-un-slogan-indigne-1
[2]
http://indigenes-republique.fr/racisme-s-et-philosemitisme-detat-ou-comment-politiser-lantiracisme-en-france-3/
[3]
http://luftmenschen.over-blog.com/article-les-effroyables-imposteurs-du-12-janvier-125634240.html
[4] « Tous
les racismes sont condamnables,
mais le racisme anti-Arabe et
anti-Noir n’a pas les mêmes
ressorts que l’antisémitisme
dans sa violence. Il faut être
capable de dire la particularité
de l’antisémitisme »,
libération, le 16 avril 2015
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