Communiqué - Mouvement de la Paix
Accords
militaires Franco-britanniques:
quand la France et la Grande-Bretagne rament à contre-sens au
mépris de la sécurité de la planète
Vendredi 5 novembre 2010 Le président français
Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron
ont annoncé mardi 2 novembre à Londres la signature de deux
traités de coopération militaire.
« A l’aube du 21ème
siècle, il faut de nouvelles idées. (…) Il faut provoquer des
changements. (…) il faut une vision et une grande ambition »
ont-ils indiqué en ouverture de leur conférence de presse.
Pourtant, leurs annonces s’inscrivent dans des conceptions bien
anciennes de la sécurité.
Si l’argument principal avancé est le coût,
il n’en demeure pas moins qu’il faut s’interroger sur la
finalité de tels traités.
En effet les deux traités signés portent
sur la création d’un corps expéditionnaire commun de plusieurs
milliers d’hommes, la construction d’un centre de simulation des
armes nucléaires, le lancement de nouveaux programmes de
missiles ainsi que la fabrication de drones européens.
Pour quoi faire ?
Pour le Mouvement de la Paix, cet accord
annoncé comme historique comporte deux traités anachroniques, à
contre-sens du contexte international, marqué par l’inefficacité
et le rejet massif de solutions purement militaires, ainsi que
par la dynamique planétaire en faveur de l’abolition des armes
nucléaires.
Cette manière dominatrice de concevoir la
sécurité de la Planète, s’appuie sur une arrogance à l’égard du
monde, qui ne manquera pas d’isoler encore un peu plus la France
et la Grande-Bretagne sur la scène internationale. Au contraire,
les pays européens auraient un rôle majeur à jouer pour bâtir la
paix par la construction d’un monde plus juste, moins
discriminant, plus démocratique.
En poursuivant dans la voie d’armes toujours
plus sophistiquées, la France et la Grande-Bretagne tournent le
dos à cette aspiration majoritaire des peuples de résoudre
autrement que par la guerre et par la force les problèmes du
monde.
Aucun des deux pays n’est menacé sur son
territoire. Quelle menace clairement identifiée justifie donc un
corps expéditionnaire commun, si ce n’est l’objectif politique
d’être des gendarmes du monde ? A quelques jours du sommet de
L’Otan à Lisbonne qui doit valider le nouveau concept
stratégique de l’alliance, Paris et Londres confirment leur
vision d’une alliance atlantique à forte vocation politique, en
concurrence directe avec l’Onu.
Alors que les puissances nucléaires (dont la
France et la Grande-Bretagne) se sont engagées, lors de la
Conférence d’examen du Traité de non-prolifération nucléaire, en
mai dernier à l’Onu, à présenter en 2014 un rapport sur leurs
engagements en matière de désarmement, voilà qu’elles annoncent
une mesure de prolifération verticale par la création d’un
centre d’expérimentation commune à Valduc (Côte d’Or) et à
Aldermaston (Grande-Bretagne).
Le Mouvement de la Paix considère au
contraire que la France et la Grande-Bretagne auraient tout à
gagner à agir ensemble pour mettre en œuvre les engagements du
TNP, accepter les contrôles de l’AIEA imposés à tous les pays
non dotés d’armes nucléaires, et agir pour une zone exempte
d’armes de destruction massives au Moyen-Orient.
Oui, il y a du nouveau à inventer au 21ème
siècle. Notre planète dispose de suffisamment de richesses pour
permettre à tous d’y vivre décemment et dignement, en
intelligence et en coopération avec ses voisins. « Une grande
vision et une grande ambition » seraient l’action résolue de la
France et de la Grande-Bretagne pour répondre aux objectifs du
Millénaire pour le développement ainsi que des initiatives pour
la prochaine conférence de Cancun sur le Climat.
Les sommes colossales consacrées aux projets
militaires communs y seraient bien plus utiles pour prévenir les
guerres et construire la paix.
Pour Le Mouvement de la Paix, l’enjeu est le
dépassement de la vieille culture de guerre – héritage d’un
passé de dominations, d’obscurantisme et d’ignorance – par une
culture de la paix, du quartier à la planète, comme un ensemble
de valeurs, d’attitudes, de comportements et de modes de vie qui
rejettent la violence et préviennent les conflits en s’attaquant
à leurs causes profondes et en résolvant les problèmes par la
voie du dialogue et de la négociation entre les personnes, les
groupes et les nations.
Oui, les peuples du monde ont à inventer les
formes et les chemins de civilisations de paix.
A l’opposé de ces enjeux, Nicolas Sarkozy et
David Cameron ont endossé les habits étroits de fantassins
désuets.
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