Communiqué
Irak : Perpétrer des Crimes contre
l'humanité au nom d'une prétendue «Lutte
contre le terrorisme»
GICJ

Photo: "Terrorists" according to
al-Maliki
Vendredi 24 janvier 2014
Communiqué de Presse du Genève Centre
International pour la Justice (GICJ)
(traduction française- janvier 2014)*
Le Genève Centre International pour
la Justice (GICJ) a envoyé une
nouvelle requête urgente et plusieurs
lettres au Haut-Commissaire de l’ONU
pour les Droits Humains en raison de la
terrifiante détérioration de la
situation des droits humanitaires et
humains en Irak à la fin de l'année 2013
et au commencement de 2014. Dans l’appel
mentionné ci-dessus, GICJ a
souligné les opérations militaires de
grandes envergures menées par les forces
gouvernementales dans la province d’Anbar
depuis le 22 Décembre 2013. Alors que
les personnes du monde entier ont
normalement célébrés la nouvelle année
avec des feux d’artifices, les familles
Iraquiennes étaient soumises et visées
par de vrais tirs de l’armée militaire.
Les prétendues «attaques
anti-terroristes » menées par les
forces gouvernementales irakiennes dans
la province d’Anbar seraient supposées
repousser les terroristes qui sont
censés être cachés dans le désert et
être effectués loin des régions
urbaines. En revanche, ces forces visent
les quartiers résidentiels avec de
l'artillerie lourde, des chars et par
voie aérienne dans la région d’Anbar.
Ces attaques ont entrainé beaucoup de
morts et de blessés et ont aussi détruit
des biens publics et privés, notamment
des écoles et des hôpitaux.
Depuis le début de ce mois, Janvier
2014, les forces gouvernementales ont
entouré les villes dans la province d’Anbar,
les plus grandes d'entre elles sont
Fallujah et Ramadi. Les attaques faites
au hasard par des tirs de mortiers ont
été lancées contre des quartiers civils,
interrompant tout ravitaillement pour
les résidents qui aujourd’hui sont en
véritable danger pour leur survie. De
nombreux cas ont été documentés
comprenant des coups de feu et des
exécutions contre des civils par les
forces militaires et les milices
soutenues par le gouvernement.
Cette soi-disant « agression
anti-terroriste » se produit sous
prétexte que ces villes ont été
infiltrées par Al-Qaida, bien que les
citoyens eux-mêmes aient à plusieurs
reprises clairement réfutés ces
allégations. Vu l’état de siège,
d'innombrables personnes ont fui les
villes dans la crainte d'une attaque
imminente sur la ville de Fallujah par
les forces gouvernementales, qui sont
connues pour leur cruauté et leur
brutalité impitoyable contre les civils.
Ainsi, en dépit de la requête du Conseil
de Sécurité des Nations Unies dans sa
déclaration présidentielle du 10 janvier
2014 et des dispositions claires des
lois humanitaires internationales pour
la protection des blessés et des
accidentés, les forces gouvernementales
d’al-Maliki continuent de violer les
principes fondamentaux de la communauté
internationale.
Le GICJ conclut que les forces d’al-Maliki
commettent clairement des crimes contre
l’humanité dans la province d’Anbar. En
plus de cela, GICJ constate que tous les
éléments pour les accuser de génocide
dans les actions et la politique d’al-Maliki
peuvent être prouvés.
La Convention des Nations unies sur
la prévention et la répression du
génocide (CPPCG) le définit dans
l'article 2 comme «N’importe quel
acte commis dans l'intention de
détruire, totalement ou en partie, un
groupe national, ethnique, racial ou
religieux, tel que : tuer des membres du
groupe; causer des lésions corporelles
graves ou nuire mentalement aux membres
du groupe; infliger délibérément au
groupe des conditions de vie, calculées
à entraîner sa destruction physique
totale ou partielle » (…).
Al-Maliki a prouvé dans ses paroles et
ses actes qu’il conduit une politique
sectaire en ciblant un groupe religieux
spécifique en Iraq qui correspond
parfaitement à la définition légale et
juridique du génocide dans ces
intentions et actions.
La situation actuelle est en train
d’atteindre un niveau dangereux et
préoccupant ciblant directement des
villes avec une population dense comme
Saqlawiya, Karma et Khalidiya, outre
Ramadi and Fallujah qui sont déjà en
état de siège et bombardées par
l’artillerie et des avions militaires.
Le GICJ appelle les Nations unies et la
Communauté Internationale à agir
rapidement pour mettre fin à ces
attaques aveugles et brutales, qui
violent clairement les lois
internationales. En outre, tous les
États doivent impérativement cesser de
fournir des armes et leur soutien
technique aux forces d'al-Maliki.
Tout en condamnant les terroristes et
tous les actes terroristes, le GICJ
estime que le prétexte utilisé pour la
lutte contre le terrorisme ne doit pas
être continuellement abusé et
réinterprété par al-Maliki pour
affaiblir et combattre les différents
organes publics et privés qui dénoncent
les violations des droits humains, la
corruption et sa politique sectaire.
Contexte
Depuis la fin de 2012, de nombreuses
protestations et manifestations
pacifiques ont été organisées dans tout
le pays contre la politique sectaire du
gouvernement et pour contrer les
violations permanentes des droits de
l’homme commis par les forces d’al-Maliki,
sous prétexte de la «sécurité
nationale». Les protestations se
sont également concentrées sur les abus
de pouvoir dévastateurs dans l'intérieur
du pays et sur le système judiciaire
profondément corrompu dans lequel les
détenus sont souvent condamnés avec
comme seule base de témoignages des
informateurs secrets où par des aveux
extorqués sous la torture .
Toutes les critiques émises contre le
gouvernement peuvent être une
menace de mort.
Au lieu de répondre aux demandes des
manifestants et d'améliorer la situation
des droits humains, les mesures de
répression contre les manifestants sont
devenues de plus en plus draconiennes au
fil du temps. Comme le GICJ l’a
répété à plusieurs reprises, la
justification officielle du gouvernement
pour l’usage abusif de la force a
toujours été la « sécurité
nationale » et la lutte contre le
terrorisme. Sous prétexte que des
terroristes se cachaient parmi les
manifestants, les forces de l’ordre ont
imposés de lourdes restrictions de
mouvement et la prise d’assaut des
différentes manifestations même si
c’était bien connu que de nombreux
dirigeants de ces manifestations
pacifiques étaient les mêmes qui avait
combattu et vaincu Al-Qaeda durant les
dernières années. Cependant, très vite,
il est devenu clair que la proclamation
de « lutte contre le terrorisme »
était surement un prétexte pour le
Premier Ministre Al- Maliki d’éradiquer
ces principaux opposants au
gouvernement.
Afin d'avoir une justification
officielle pour agir contre ces
différents soulèvements, le gouvernement
a déclaré que les terroristes se
cachaient parmi les protestataires et
que les manifestations étaient
infiltrées par Al-Qaeda. Ces
revendications ne se sont jamais
révélées vraies.
Comme preuve que ces justifications
officielles sont mensongères, la liste
des noms publiés après la prise du camp
de protestation étaient inclus seulement
les personnes ayant un casier
judiciaire. Même les enfants désarmés et
les handicapés blessés et tués ont été
attaqués par l’armée.
En Décembre 2013, apparemment pour
démontrer son pouvoir en vue de sa
popularité décroissante avant les
prochaines élections en Avril, le
Premier ministre Al-Maliki a ensuite
augmenté le niveau déjà élevé de la
pression sur les manifestants.
Développements au début de l'année
2013/2014
Le 22 Décembre 2013, les troupes de
l'armée sont entrées dans la province d'Anbar,
qui a une vaste superficie (presque
comme la taille de la Suisse), où
l'on dit que certains camps d'Al-Qaïda
sont situés dans le désert. Sur la base
du fait que la majorité de la population
de la région a toujours été le plus en
opposition à Al-Qaeda, comme elle
l'avait été contre l’occupation,
plusieurs chefs de tribus ont aussi
exprimé leur volonté de soutenir cette
lutte. A la veille du 1er Janvier 2014,
les 600.000 habitants de Fallujah, l'une
des principales villes d'Anbar, se sont
retrouvés encerclé par les forces
gouvernementales. Les zones
résidentielles ont été attaquées par
l’armée militaire. Cette fois-ci, il a
été annoncé que ces attaques avaient été
causées vu qu’Al-Qaïda et ISIL (Etat
Islamique en Iraq et au Levant)
avaient saisis la ville. En effet,
certains combattants portant des signes
distinctifs de ces deux organisations
ont été observés mettant des postes de
police et des bâtiments gouvernementaux
en feu, mais ces combattants ont
rencontrés une forte résistance de la
part des habitants de ces zones
résidentielles locales. En plus, les
témoins ont mentionnés que ces
infiltrés, ces combattants terroristes
seraient apparus soudainement à la venue
de l'armée et des véhicules militaires
modernes qui sont connus pour être
importés et utilisés par les forces
d'al-Maliki . Beaucoup de nos contacts à
Fallujah et à Bagdad estiment que ces
différents groupes de miliciens
dissimulés sous une fausse identité sont
affiliés au parti d’al-Maliki afin de
fournir le prétexte nécessaire pour une
attaque et pour gagner le support
militaire des pays occidentaux.
En date du 6 Janvier, les principaux
postes de contrôle de l’Est, du Nord et
du Sud ont été fermés et l'armée a
refusé de permettre la libre circulation
et de faire entrer ou sortir des
médicaments, de la nourriture. Même le
Croissant Rouge irakien avait
interdiction d’y accéder. Les familles
voulant fuir avaient une extrême
difficulté à quitter la ville. Ces
sanctions ont été imposées bien que les
habitants de Fallujah ont publiquement
affirmés à plusieurs reprises que la
ville n'avait pas été assiégée par les
terroristes.
Les informations officielles que le
gouvernement d’al-Maliki a communiquées
contre ces attaques terroristes ont
amené le soutien immédiat des Etats-Unis
ainsi que de l’Iran. La Russie a aussi
annoncé son soutien. Toutefois, d'autres
voix, comme le responsable législateur,
Struan Stevenson , membre conservateur
du Parlement Européen , Président de la
délégation du Parlement Européen pour
les relations avec l'Irak, a mis en
garde dans une lettre ouverte publiée le
4 Janvier 2014 que «l'Irak est en
train de chuter rapidement vers la
guerre civile et le génocide » .
Selon son estimation, l’assaut contre
les terroristes présumés d'Al-Qaïda dans
les 6 provinces irakiennes n’est pas
moins qu’une couverture pour anéantir
les différents partis qui s’opposent à
la politique de plus en plus sectaire du
Premier ministre Nouri al-Maliki.
Al-Maliki insiste une fois de plus à
contrer toutes les manifestations qui se
dérouleront et à utiliser la force
contre toutes les villes qui feront
résistance à sa politique. La permanente
utilisation de l'armée contre des villes
à haute densité de population ne peut
que conduire à une autre catastrophe
humanitaire.
De nombreux habitants essaient de fuir,
non par peur des terroristes, mais par
crainte des forces gouvernementales.
Plus de cent personnes ont déjà perdu la
vie lors d’attaques terrestres et
aériennes qui ciblent principalement les
zones résidentielles de la périphérie de
la ville.
Tel que le 17 Janvier, 2014 les
habitants de Fallujah sont dans la peur
constante d'une attaque imminente et
d’une escalade plus grave de la
situation. On peut déjà trouver des
camps de réfugiés à l'extérieur de
Fallujah qui sont devenus des
emplacements de combats continus
laissant ceux qui ont fui dans des zones
de conflit avec aucune autre option pour
échapper à ces attaques.
Les gens sur le terrain disent que cette
terrible effusion de sang pourra cesser
que lorsque Al-Maliki démissionnera. Le
GICJ incite vivement les
organismes respectifs des Nations unies
et le Haut-Commissariat des Nations
Unies aux droits de l'homme à tout
mettre en leur pouvoir pour empêcher une
nouvelle escalade de violence et de
mettre fin aux homicides illégaux de
civils en Irak.
Les brutales attaques militaires contre
les civils par les forces d'al-Maliki,
sous prétexte de lutte contre le
terrorisme, est en violation grave avec
les droits humains fondamentaux. Le
droit à la vie est le droit suprême pour
lequel aucune dérogation n'est permise,
même dans les cas de danger public.
La communauté internationale doit mettre
un terme à ce bain de sang et aider à
mettre al-Maliki et tous les
responsables devant une cour de justice.
*http://www.gicj.org/anbar_under_siege/Traduction%20Francaise-Press%20release-Fallujah.pdf
En Anglais et autres langues:
http://www.gicj.org/index.php?option=com_content&task=view&id=348&Itemid=41
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