Communiqué
Nobel 2018 : les droits des femmes et
des peuples opprimés à l’honneur
EÉLV
Samedi 6 octobre 2018
En décernant le prix Nobel de la Paix
2018 au gynécologue congolais Denis
Mukwege et à la militante irakienne
yézidie Nadia Murad, le Comité Nobel
fait le choix de dénoncer le viol comme
arme de guerre. Un choix très politique
et nécessaire, qui fait écho aux combats
féministes de long cours et soutenu par
les écologistes.
Si le viol est une arme pour asservir
les terrains visés ou occupés, l’omerta
sur ces pratiques est un outil pour nier
le contrôle du corps des femmes. Depuis
plusieurs années, historien·ne·s et
militant·e·s féministes appellent à
prendre conscience du caractère
stratégique des viols en temps de guerre
et alertent la communauté internationale
sur ce fléau.
L’an dernier, Denis
Mukwege appelait à travers une tribune
l’Europe à réagir et à prendre des
sanctions drastiques, rappelant que dans
la lutte contre les mines antipersonnel
et les armes chimiques, la communauté
internationale avait su renforcer les
normes au travers de moyens légaux et
institutionnels. Après le prix Sakharov
en 2014, ce Nobel vient renforcer son
discours et rappeler que, en temps de
guerre comme en d’autres, les femmes
sont souvent les premières victimes des
bourreaux et des tactiques des
prédateurs militaires.
Nadia Murad,
survivante de l’esclavage sexuel
perpétré contre les femmes yézidies par
le groupe Etat islamique, a obtenu le
prix Sakharov « pour la liberté de
l’esprit » en 2016. Incarnant la lutte
yézidie, c’est au nom de tous les
sévices subis par sa communauté que
cette femme au courage incroyable a
accueilli ce prix. En lui décernant ce
Nobel, c’est aussi sur les luttes des
peuples opprimés que le Comité met
l’accent et apporte éclairage
international et soutien.
Ce prix vient
rappeler à l’Europe son devoir envers
l’humanité et ses engagements pour les
droits des femmes à travers le monde. De
la seconde guerre mondiale aux milices
de Daesh, le corps des femmes est
toujours un outil stratégique à
profaner, violenter, coloniser. Il est
temps de reconnaître ces exactions pour
ce qu’elles sont, à savoir des armes de
destruction durables, et d’en interdire
tout recours, au nom des droits humains.
Julien Bayou et
Sandra Regol, porte-parole
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