Communiqué
Crimes et Démantélement
Collectif pour la Syrie
Vendredi 26 juin 2015
« La violence est le dernier
retranchement de l’incompétence » (I.Asimov)
C’est l’heure de gloire posthume de Sir
Mark Sykes et de Monsieur François
George-Picot. Dans nos « grandes
démocraties », les politologues
autoproclamés, les apprentis experts en
turqueries, les soi-disant islamologues,
les réactionnaires amoureux des «
révolutions » arabes sont penchés sur
les cartes du Grand Moyen-Orient, où
l’Amérique avait entrepris jadis
d’imposer sa « démocratie » au nom de la
lutte contre le terrorisme. Ces
dilettantes apprécient en connaisseurs
la dislocation d’un monde qu’ils
exècrent et le démantèlement de ses
Etats, l’un après l’autre, ne voyant
rien d’extraordinaire à cette cascade de
« révolutions » qu’ils persistent à
qualifier de « démocratiques », éludant
toutes les interrogations gênantes.
- Par quel prodige les wahhabites
obscurantistes du Qatar et de l’Arabie,
les islamistes turcs ont-ils développé
une vocation révolutionnaire dont le
djihadisme et le terrorisme sont les
deux mamelles ?
- Suite à quel cheminement spirituel les
nouveaux croisés ou les cow-boys de
l’Axe du Bien en sont-ils arrivés à
s’unir dans une alliance aussi
audacieuse avec les parrains de ce
djihad ?
- Comment la patrie des droits de
l’homme peut-elle afficher une telle
symbiose avec des partenaires aussi
réfractaires aux droits de la femme ?
- Comment le bastion de la laïcité dure
et pure, où l’on traque la moindre ombre
de crèche, de croix ou d’oremus, fait-il
bon ménage avec des fanatiques religieux
qui coupent les têtes au nom de Dieu?
L’Amérique omniprésente dans cette
stratégie du chaos ? Quelle Amérique ?
La France complice et actrice ? Mais
comment oser insinuer une telle
monstruosité, alors qu’elle a sauvé le
Mali des terroristes après avoir apporté
la « démocratie » en Libye ?
Où est le borgne qui éclairera les
aveugles ? Le monde arabe n’en finit
plus de se disloquer : l’Irak, le
Soudan, la Somalie, la Libye, le Yémen,
mais également la Tunisie et l’Egypte
qui tentent d’échapper aux griffes du
djihadisme, et puis la Syrie qui vit
depuis plus de quatre ans un véritable
martyre, sous les coups conjugués de
plus de quatre-vingt-dix Etats.
La patrie de l’arabisme est en grand
danger face à une ronde infernale
unissant main dans la main des myriades
de djihadistes qui imposent l’enfer aux
populations sous prétexte de gagner au
plus vite le paradis, des terroristes
implacables présentés comme des modérés
faisant du bon boulot et des conseillers
cagoulés de provenances diverses. Ces
opposants « démocratiques » jouissent du
soutien multiforme des régimes
islamistes d’Ankara, de Riyad et de Doha
et de l’appui actif des Occidentaux qui
leur accordent l’impunité, sans oublier
Israël qui soigne les blessés et donne
un coup de main à l’occasion.
Cette troupe barbare patronnée par
l’étranger et reconnue comme
représentative par les « Amis de la
Syrie » (grâce auxquels celle-ci n’a
plus besoin d’ennemis) trouve un prompt
renfort auprès des transfuges cyniques
qui ont fait fortune grâce au pouvoir
qu’ils honnissent à présent, des
opportunistes de tout poil, des
arrivistes qui se croient déjà
ministres. George Bush lui-même,
reconverti depuis son passage à la
retraite dans la peinture de petits
moutons idiots, refait surface pour
préconiser des frappes terrestres sur la
Syrie.
Il faut compter aussi avec la
désinformation prodiguée par les médias,
avec les manipulateurs, avec des
intellectuels qui affirment dormir en
paix à l’ombre des drapeaux du djihad,
des gourous qui recherchent dans le
chaos une audience qui leur fait défaut
par ailleurs, des politiques qui
répètent en chœur ce que leurs chefs de
file disent en solo.
Il n’est pourtant pas besoin d’être
grand observateur pour constater que le
scénario du démantèlement, sur des bases
ethniques et/ou confessionnelles, est à
l’ordre du jour, en Syrie, comme en
Irak, en Libye ou ailleurs. Que les
Etatsnations à forte identité et à
vieille histoire sont visés en priorité,
en vue d’un éventuel dépeçage. Que
d’autres entités semblent se dessiner
peu à peu, à coups de nettoyage
ethnique, de déplacement ou d’échange de
populations, voire de déportation pure
et simple, et d’immigrations de type «
sioniste ». Un tel redécoupage
banaliserait la transformation d’Israël
en « Etat juif », tout en lui
garantissant la suprématie stratégique
face à des entités croupions.
Les infrastructures (écoles, hôpitaux,
routes, usines, conduites d’eau,
oléoducs, lignes électriques), les
maisons, mais aussi les églises, les
mosquées, sont toutes ciblées. Pour ceux
qui n’auraient pas compris de quoi il
s’agit, le patrimoine historique et
religieux est détruit systématiquement,
les pièces et œuvres d’art pillées, la
mémoire détruite.
Les massacres, les destructions
massives, les rapts, les viols, les
ventes aux enchères de jeunes filles,
voire de petites filles en vue de
mariages de jouissance, les tortures,
les exécutions sommaires, les bombes
aveugles, les attentats suicides, les
exactions de toutes sortes perpétrées
par des mercenaires
cruels et sauvages, tel est le lot
quotidien d’un peuple confronté aux «
révolutionnaires modérés » à aspirations
démocratiques.
La manipulation médiatique bat son
plein, appuyée par le mensonge d’Etat,
l’intimidation et le lavage de cerveau
quotidien : tout est bon pour casser la
Syrie résistante, abattre Bachar al
Assad, président dont la légitimité fait
peutêtre rêver certains de ses ennemis.
Dame Bêtise est omniprésente. A qui
profitent donc ces « printemps arabes »
? Certains de ces arrogants émirs,
princes, rois et sultans devraient
regarder de près les cartes nouvelles en
circulation : loin de devenir de
majestueux empires, leurs pays seront
passés eux aussi à la moulinette
Sykes-Picot.
Bonnes vacances aux dirigeants des «
grandes démocraties ». Et qu’ils évitent
de se raser, car ils pourraient
s’effrayer de l’image sinistre que leur
renvoie le miroir.
Ne serait-il pas grand temps que les
consciences se réveillent face à la
destruction volontaire, systématique et
obstinée d’un pays souverain, d’une
société tolérante et
multiconfessionnelle, du seul Etat laïc
de la région, dont le seul défaut est de
vouloir conduire lui-même ses affaires,
conformément aux principes de base de la
légalité internationale, tels qu’ils
sont gravés dans le marbre de la Charte
des Nations-Unies…
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