Communiqué
Paquet climat-énergie 2030 :
une contre-révolution énergétique
attac
Mercredi 22 janvier 2014
Ce 22 janvier, la Commission européenne
a rendu publiques une série de
propositions portant sur le futur
paquet-climat énergie 2030 de l’Union
européenne (UE), le marché carbone
européen et les hydrocarbures non
conventionnels qui sapent toute
possibilité de véritable transition
énergétique. L’UE s’enferre dans un
modèle énergétique insoutenable alors
qu’elle devrait s’orienter vers une
économie post-fossile et post-fissile.
Appelées à devenir la position de
négociation de l’UE pour la conférence
internationale sur le climat de Paris en
décembre 2015, les propositions que la
Commission européenne a rendues
publiques ce 22 janvier hypothèquent
gravement tout accord à la hauteur des
enjeux en 2015. Inflexible, la
Commission refuse de s’engager sur un
objectif de réduction d’émissions plus
ambitieux pour 2020 comme l’exigent
pourtant les recommandations des
scientifiques du climat, entérinant la
perte de plusieurs années décisives dans
la lutte contre les dérèglements
climatiques. En se limitant à un
objectif de 40 % de réductions
d’émissions par rapport à 1990 et d’ici
2030, la Commission européenne repousse
à l’après 2030 l’essentiel des efforts à
réaliser d’ici à 2050 pour respecter
l’objectif de 80 % à 95 % de réductions
d’émissions et avoir une chance
raisonnable de rester en deçà des 2 °C
d’augmentation des températures
mondiales d’ici la fin du siècle. Quitte
à se demander si ce n’est pas tout
simplement cet objectif maximal des 2 °C
qui vient d’être abandonné.
Plus grave, les lobbies des énergies
fossiles et nucléaires ont obtenu gain
de cause par l’abandon de toute ambition
significative d’amélioration de
l’efficacité énergétique et du
déploiement des énergies renouvelables
en Europe. Sans clef de répartition
nationale contraignante, le maigre
objectif de 27 % d’énergies
renouvelables en Europe d’ici 2030
laisse les mains libres au Royaume-Uni
et à la Pologne sur les hydrocarbures de
schiste et (avec la France) sur le
nucléaire. Des pays qui n’ont pas limité
leur lobbying en ce sens ces dernières
semaines. En outre tout objectif
d’efficacité énergétique et de
renforcement de la directive sur la
qualité des carburants est abandonné. La
Commission obéit également aux
desiderata des industriels des énergies
fossiles qui avaient expressément exigé
en octobre dernier une pause dans le
développement des énergies
renouvelables. De quoi encourager la
baisse des investissements dans les
énergies renouvelables constatées en
2013 (moins 12 % à l’échelle mondiale).
Les États pourront satisfaire leurs
faibles objectifs de réduction
d’émissions en augmentant la part du gaz
et/ou du nucléaire dans leur mix
énergétique et/ou en utilisant largement
les largesses du marché européen du
carbone et des mécanismes de
compensation qui lui sont associés. En
la matière, la « réforme structurelle »
du marché du carbone annoncée par la
Commission européenne se limite à des
mesurettes qui ne seront pas effectives
avant 2021 et qui ne s’attaquent à
aucune des défaillances majeures de ce
marché [1] :
excédent de permis d’émission, absence
d’un véritable prix plancher,
distribution gratuite d’une part
conséquente des permis [2]
subventionnant les industries les plus
polluantes, taux de réduction
d’émissions trop faibles, etc. Le marché
du carbone reste clairement une entrave
à toute politique de transition
énergétique alliant des objectifs de
sobriété et d’efficacité énergétique aux
objectifs de réduction d’émissions.
Pour couronner le tout, la Commission
européenne abandonne tout objectif de
directive contraignante encadrant et
limitant l’extraction d’hydrocarbures
non conventionnels sur le sol européen,
au profit de bien trop faibles
recommandations non contraignantes. Les
exigences des lobbies industriels et de
certains gouvernements auront été
privilégiés au détriment des exigences
des populations qui ne cessent
d’exprimer leur rejet de tels
mega-projets industriels [3].
C’est au sein de ces mobilisations
citoyennes contre l’expansion de la
frontière des énergies fossiles, et plus
généralement au sein des luttes contre
tous les grands projets inutiles et des
expériences alternatives pour la
transition écologique ancrées sur les
territoires, que nous trouverons
l’énergie citoyenne pour nous opposer à
cet agenda climaticide et construire une
alternative soutenable, juste et
démocratique.
Notes:
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