Communiqué ATTAC France
Négociations
climat à Bangkok
A l'inertie criminelle des Etats,
opposons une transition
Mardi 11 septembre
2012
écologique juste et démocratique
Attac
France a été invitée à Bangkok
(Thaïlande) pour participer à plusieurs
rencontres convoquées par les mouvements
sociaux asiatiques à l'occasion de la
dernière session de négociations de
l'ONU sur le climat (30 août-5
septembre).
L'ONU
et bon nombre d'Etats, au premier rang
desquels l'Union Européenne (UE),
s'étaient réjouis des résultats, de la
dernière Conférence des Parties (COP) de
Durban, qu'Attac avait vivement dénoncés1.
Le «
package de Durban
»
reposait sur la confirmation d'une
seconde période d'engagements de
réduction des émissions dans le cadre du
protocole de Kyoto, l'ouverture d'un
nouveau processus de négociations
incluant l'ensemble des pays et la mise
en place du Fonds Vert pour le Climat.
Ces quelques jours de négociations à
Bangkok démontrent la véritable teneur
de l'accord de Durban.
La
seconde période d'engagements dans le
cadre du protocole de Kyoto est un
simple écran de fumée. Durban n'avait
fait que «
prendre note
» des
options sur la table renvoyant à la
prochaine COP de Doha (Qatar – novembre
2012) toute décision. En plus des
Etats-Unis, qui ne sont pas signataires
de Kyoto, le Canada, la Russie et le
Japon ne veulent pas de cette seconde
période d'engagements. Plus grave, les
engagements aujourd'hui sur la table ne
prévoient que 13% de réduction des
émissions de gaz à effet de serre en
2020 par rapport à 1990, ce qui pourrait
aboutir à une augmentation de 4 à 6
degrés de la température globale d'ici
2100. L'UE, de son côté, reste sur sa
promesse de réduction de 20% de ses
émissions et refuse d'aller au-delà ce
qui revient à des réductions d'émissions
légèrement inférieures pour la deuxième
période (1,5 % par an) que pour la
première période (1,6% par an). Un
comble.
Ce
processus de négociations engageant tous
les Etats de la planète, est l'objet
d'une attaque sans précédent remettant
en question tous les principes qui sont
au coeur des négociations climatiques
depuis vingt ans. Quand on est un pays
qui ne veut pas s'engager sur des
réductions d'émissions de façon
contraignante (Etats-Unis, mais
également la Chine), on réclame de ce
nouvel accord qu'il soit «
flexible
» et «
dynamique
». «
Flexible
» pour abandonner en rase campagne
l'objectif maximum de 2°C de
réchauffement2.
«
Dynamique
» pour
éviter tout engagement juridiquement
contraignant et s'assurer que les
promesses des pays ne soient pas fixées
en fonction des exigences climatiques
établies par la science et en fonction
du principe de «
responsabilités communes mais
différenciées
»
entre les Etats, mais en fonction des
réalités et circonstances nationales.
Quand
au Fonds Vert sur le Climat (FVC), la
composition de son organe décisionnel
vient enfin d'être établie sans que l'on
sache vraiment sur quoi il pourra
statuer puisque le fonds n'est toujours
pas abondé. Les pays débattent toujours
pour savoir si les 100 milliards promis
par les «
pays développés
» pour
aider les pays pauvres, doivent être
atteints avant 2020, en 2020, ou à
partir de 2020.
Bangkok
fait donc la preuve qu'aucune décision
importante ne sera mise en oeuvre avant
2020, alors que dans le même temps, les
records d'émissions de gaz à effets de
serre et d'augmentation de la
température globale s'enchaînent,
augmentant la fréquence et l'intensité
des phénomènes climatiques extrêmes dont
les conséquences sur la vie des
populations les plus exposées sont de
plus en plus insupportables.
Attac
France dénonce «
l'inertie criminelle des Etats
»
et
appelle à une mobilisation citoyenne
mondiale pour imposer une véritable
transition écologique, sociale et
démocratique.
Paris
le 11 septembre 2012.
1«
un accord sans engagement, condamnant à
une augmentation de la température
globale de plus de 4°C, dont l'objectif
est de diluer les responsabilités à
travers la négociation d'un nouveau
mandat pour 2015 qui ne serait
applicable qu’en 2020
» -
http://www.france.attac.org/articles/conference-de-durban-lagonie-dun-mandat
2Le
négociateur en chef des Etats-Unis a
récemment demandé aux Etats d'être plus
«
flexible
» sur
l'objectif des 2°C.
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