Communiqué
La crise de
l’électricité à Gaza
exacerbe les atteintes à la dignité
humaine induites par le blocus
Amnesty International
Lundi 2 décembre 2013
Israël doit immédiatement lever le
blocus imposé à la bande de Gaza, en
autorisant notamment les livraisons de
carburant et d’autres fournitures
essentielles dans ce territoire sans
aucune restriction, a déclaré Amnesty
International dimanche 1er décembre.
Cela fait un mois que l’ensemble des
résidents de la bande de Gaza, soit
1,7 million de personnes, vivent sans
électricité la majeure partie de la
journée et sous la menace d’une
catastrophe sanitaire, après que
l’unique centrale électrique de la zone
ait dû cesser de fonctionner, ce qui a
mené à des dysfonctionnements dans
plusieurs stations d’évacuation des eaux
usées et d'épuration.
« Ce dernier revers en date,
particulièrement dur, meurtrit encore
davantage la dignité des Palestiniens de
Gaza, et exacerbe les graves privations
de droits dont ils sont victimes depuis
plus de six ans en raison du blocus
imposé par Israël, ainsi que de
restrictions décrétées par l’Égypte », a
expliqué Philip Luther, directeur du
programme Moyen-Orient et Afrique du
Nord à Amnesty International.
« Le blocus inflige une sanction
collective aux habitants de Gaza, ce qui
est contraire au droit international. La
fermeture de la centrale électrique a
des répercussions sur tous les aspects
de la vie quotidienne. Les autorités
israéliennes doivent lever le blocus
immédiatement, en commençant par
autoriser les livraisons de carburant,
requises de toute urgence, dans la bande
de Gaza et en travaillant avec
l’ensemble des parties concernées afin
d'empêcher une crise humanitaire
prolongée cet hiver. »
Cette centrale, qui jusqu’à récemment
fournissait 30 % de l’électricité dans
la bande de Gaza, s’est trouvée à cours
de diésel le 1er novembre. La
fermeture qui en a résulté a aggravé la
crise existante en matière d’eau et
d’assainissement, et laissé les
résidents de Gaza sans électricité
pendant 16 heures par jour.
Selon le Bureau de la coordination des
affaires humanitaires des Nations unies,
les 291 stations d’évacuation des eaux
usées et d’épuration de la bande de Gaza
dépendent désormais toutes de
générateurs de secours, eux-mêmes
affectés par la pénurie de carburant. Le
13 novembre, une vaste station de
pompage des eaux usées d’al Zaytoun, au
sud de la ville de Gaza, a connu une
panne qui s’est soldée par le
déversement dans les rues de
35 000 mètres cubes d’eaux usées non
traitées.
Les autorités locales ont eu des
difficultés à faire face, et quelque
3 000 résidents se sont ainsi retrouvés
à patauger dans les eaux d’égout. Le
nettoyage a finalement commencé vendredi
29 novembre, selon des résidents locaux,
après que l’intervention de l'Office de
secours et de travaux des Nations Unies
pour les réfugiés de Palestine dans le
Proche-Orient et d’autres agences, ainsi
que des dons effectués en urgence par la
Turquie, aient permis l’achat de
carburant pour les stations d’épuration
en situation critique.
« C’est à cause du blocus qu'on a eu ces
fuites d'eaux usées », a indiqué un
résident d’al Zaytoun à Amnesty
International. « La question, c’est
pourquoi le maintien de ce blocus est-il
permis ? Quel crime avons-nous commis ?
Cette situation n'a aucune
justification. Nous voulons seulement
vivre comme les autres citoyens du
monde. »
Dix stations de pompage de la bande de
Gaza ont été forcées de dévier les eaux
usées vers des canaux, des lagons ou la
mer ce dernier mois, et d’autres
stations sont sur le point de déborder.
Avant la crise actuelle, quelque
90 millions de litres d’eaux usées non
traitées ou partiellement traitées
étaient déversés dans la mer chaque jour
depuis Gaza.
Depuis la fermeture de la centrale
électrique, ce chiffre a augmenté. Cela
fait des années que plus de 90 % de
l’eau provenant de la nappe aquifère de
la bande de Gaza est polluée et impropre
à la consommation humaine en raison
d'infiltrations d’eaux usées et d’eau de
mer, et d’une surextraction prolongée
due à l'utilisation disproportionnée par
Israël des ressources en eau.
L’alimentation en
eau des foyers de la bande de Gaza, déjà
restreinte, a encore été réduite depuis
la fermeture de la centrale électrique.
Environ 65 % de la population n'a de
l’eau que tous les trois ou quatre
jours.
« Chaque jour qui
passe sans que la centrale électrique ne
reçoive de carburant augmente le risque
d’une énorme crise de la santé publique.
L’accès à des installations sanitaires
adéquates et à l’eau potable sont des
droits fondamentaux. La fermeture de
cette centrale électrique n'aurait
jamais dû avoir lieu », a ajouté Philip
Luther.
Les hôpitaux et
d’autres services de santé de la bande
de Gaza dépendent de leurs propres
générateurs lors de ces longues coupures
d’électricité. Or le fonctionnement de
ces générateurs est lui aussi affecté
par la pénurie de carburant, ce qui met
en péril des services essentiels tels
que la dialyse, les blocs opératoires,
les banques du sang, les unités de soins
intensifs, les unités néonatales et les
laboratoires, et fait courir des risques
aux patients.
Les entreprises,
le secteur de la construction et une
grande partie des exploitations
agricoles tournent également au ralenti,
sur fond de coupures d’électricité et de
pénuries de carburant et de matériaux de
construction. Cela a eu pour effet une
diminution accrue des revenus de
nombreux foyers qui éprouvaient déjà des
difficultés à subvenir à leurs besoins
les plus essentiels.
Les boulangeries
ont réduit leur production et les
clients sont obligés de faire la queue
pour acheter du pain. Les transports à
travers la bande de Gaza ont été
restreints ; des chariots tirés par des
ânes sont désormais utilisés pour
ramasser les ordures. Les écoles et
universités sont également touchées.
Depuis juin 2007,
quand le blocus israélien a été durci,
les infrastructures du secteur de
l’énergie, de l’eau et de
l’assainissement de la bande de Gaza ne
permettent pas de respecter les droits
élémentaires des habitants. Elles
étaient déjà de mauvaise qualité en
raison des restrictions imposées par
Israël et de décennies de négligence.
Avant que la
centrale électrique ne cesse ses
activités, la bande de Gaza souffrait
déjà d’une pénurie chronique
d’électricité, ainsi que de pannes
régulières. Depuis le 1er novembre,
l’électricité actuellement fournie à la
bande de Gaza – qui est achetée auprès
d’Israël et de l’Égypte – couvre moins
de 40 % des besoins de la population.
Un des principaux
facteurs expliquant cette fermeture a
été la campagne militaire menée par
l’Égypte afin de détruire des tunnels
entre la bande de Gaza et le Sinaï
– plus de 90 % ont été démolis depuis
juin 2013. Depuis début 2011, la
centrale était en partie alimentée par
du diésel égyptien acheminé par le biais
de certains de ces tunnels – la quantité
de diésel livré est passée d’environ
1 million de litres par jour en juin
2013 à quelque 20 000 litres par semaine
en novembre.
Amnesty
International exhorte les autorités
égyptiennes à favoriser la construction
de nouvelles lignes électriques afin
d’augmenter la quantité d’électricité
fournie dans le sud la bande de Gaza, et
à travailler de concert avec les
autorités palestiniennes et israéliennes
pour trouver une solution durable à la
crise du carburant.
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