Communiqué de l'AFPS
La question majeure des responsabilités
dans la situation actuelle à Gaza
Mardi 30
décembre 2008 La question de savoir qui porte
la responsabilité centrale de la situation actuelle à Gaza est
absolument essentielle pour agir utilement aujourd’hui. Pour
Georges W. Bush la question ne se pose tout simplement pas :
Israël est, comme toujours, en « état de légitime défense ».
Point. Pour l’Union européenne c’est l’affirmation d’un renvoi
dos à dos apparent. Elle demande « l’arrêt des actions
israéliennes contre Gaza et l’arrêt des tirs de roquettes ». Ce
sont ces derniers qui seraient toutefois les responsables de la
rupture de la trêve pour le « ministre » Bernard Kouchner.
Ces positions cachent mal, en vérité, un
« feu vert » donné aux Israéliens pour la poursuite de leur
insupportable politique de force qui ne mène ni à la paix ni à
la fin des violences dont souffrent les deux peuples.
Pourtant, au vu des réalités, les choses sont
claires. Elles ne prêtent à aucune hésitation et encore moins à
un renvoi dos à dos des parties.
Il y avait une trêve décidée à Gaza par le
Hamas et négociée avec Israël sous les auspices de l’Egypte.
Cette trêve durant laquelle aucun tir de Qassam n’a eu lieu a
été clairement rompue par Israël qui a lancé contre Gaza une
opération militaire meurtrière en novembre dernier. Cette
opération n’a provoquée aucune réaction de condamnation de l’ONU
ni du Quartet.
Cette trêve devait également s’accompagner
d’une levée du terrible embargo total dont souffre à en mourir
la population de Gaza. Mais la « communauté internationale » a
totalement accepté et soutenu la stratégie mortifère israélienne
de « punition collective » de la population de Gaza.
Pourtant, dès le mois d’août, Richard Falk,
Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme dans les
territoires palestiniens, stigmatisait cette politique menée à
Gaza par Israël, les USA et l’Union européenne comme violant
massivement et systématiquement la Quatrième Convention de
Genève. Personne ne peut dire qu’il ne savait pas.
Dans le même temps, et le Hamas n’était pas
concerné, aucune volonté politique réelle ne s’est manifestée
dans les négociations engagées avec le Président de l’Autorité
palestinienne pour aboutir à un accord global visant à créer un
Etat palestinien fin 2008, suite au processus d’Annapolis qui
s’en fixait explicitement l’objectif. Il est vrai que déjà la
« Feuille de route » prévoyait un Etat palestinien pour la fin
2005. Et loin de reculer, l’occupation israélienne s’est faite
plus ample et dure encore. Personne, en situation de
responsabilité, ne s’en est ému.
L’Union européenne est particulièrement en
cause dans cet ensemble de faits. Elle a, d’une part, souscrit
et participé au blocus de la bande de Gaza tout en
« rehaussant » incroyablement ses accords de partenariat avec
Israël malgré la position du Parlement européen et a, d’autre
part, volontairement laissé Georges W. Bush être le seul
« maître du jeu » dans les négociations résultant du processus
d’Annapolis. A coup sûr, elle savait que sur un tel chemin il
n’y aurait aucun accord global de paix fin 2008.
Dans ces conditions les responsabilités
israéliennes des USA et du Quartet, dont l’Union européenne -
encore présidée aujourd’hui par la France- est membre, sont
écrasantes.
Il faut être net : on ne peut condamner les
tirs de Qassam sur Israël et en même temps mettre en œuvre une
folle stratégie qui cherche à les provoquer. Israël, en
particulier, est responsable de la reprise des tirs de Qassam
dont les dirigeants de ce pays souhaitaient la reprise pour
mettre en œuvre leur opération militaire baptisée « plomb
durci ». Une opération qui n’est pas terminée malgré le nombre
de morts déjà enregistré. Cette stratégie meurtrière a été
dûment calculée mais aussi avalisée et soutenue par les
« grands ». Elle devait atteindre son paroxysme maintenant,
c’est-à-dire à la veille des élections législatives
israéliennes.
Dans ces conditions clairement établies,
aucune politique de « renvoi dos à dos » des protagonistes n’est
acceptable car contraire à la vérité. L’arbre ne peut cacher la
forêt des responsabilités : celles d’Israël mais aussi celles du
Quartet, dont trois pays sont membres permanents du Conseil de
sécurité de l’ONU.
Ainsi, toute résolution du Conseil de
sécurité de l’ONU qui ne prendrait pas en compte ces données et
qui ne mettrait pas en évidence les responsabilités réelles
serait, comme au moment de l’offensive militaire d’Israël contre
le Liban en 2006, un simple trompe-l’œil particulièrement
dangereux destiné à laisser se poursuivre l’offensive militaire
israélienne qui est maintenant envisagée par voie terrestre.
Le Conseil de sécurité doit s’engager sur une
autre voie, une voie responsable, qui permette la paix et non
pas qui autorise la poursuite de la guerre. C’est son rôle
fondamental selon le texte fondateur de l’organisation des
Nations unies. Il doit, en urgence, décider de l’envoi de
« casques bleus » pour s’interposer entre les belligérants et
rechercher une solution politique immédiate prenant acte du fait
que le Hamas se déclare prêt à un cessez-le-feu subordonné à la
fin du blocus de Gaza. Ensuite, il devra faire appliquer, avec
sanctions en cas de refus, les résolutions pertinentes votées
dont il doit être le garant de l’ effectivité.
L’impunité dont bénéficie Israël depuis 40
ans a démontré qu’elle était en fait une « prime » à la guerre
et aux souffrances endurées au Proche-Orient. Cette politique
qui mène au chaos n’a que trop duré.
Dans cet esprit nous appelons les hommes et
les femmes de progrès, de justice et de paix à se mobiliser, à
se lever et à manifester partout pour obtenir l’arrêt des
massacres et pour exiger que l’ONU, au titre du chapitre VII de
la Charte, prenne enfin ses responsabilités. Elle doit
« imposer » tout de suite un cessez-le-feu par l’envoi de
« casques bleus » et imposer ensuite la paix sur la base de ses
résolutions pertinentes adoptées.
Pour y parvenir nous entendons prendre nos
responsabilités et rechercher toutes les convergences d’actions
possibles en France ainsi qu’au niveau de l’Union européenne. De
ce point de vue nous nous félicitons du mouvement inédit
d’actions unitaires qui se développe en France. Nous appelons,
enfin, les parlementaires à jouer tout leur rôle, en toute
urgence, face à cette folie meurtrière qui contient en elle tous
des risques majeurs pour la sécurité internationale et la
cohésion sociale de notre pays
Communiqué le Bureau national de l’AFPS. Le
30 décembre 2008
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