Communiqué
Village de Khan al-Ahmar : 70 ans après,
le transfert forcé des Palestiniens
continue
AFPS
Lundi 9 juillet 2018
Le village de Khan al-Ahmar est devenu
bien malgré lui un symbole, celui des
destructions de villages et de
transferts forcés de populations qui
dure depuis plus de 70 ans en Palestine.
Situé à l’Est de
Jérusalem et peuplé d’une communauté
bédouine déjà chassée de ses terres en
1948, ce village à l’habitat précaire
est au cœur d’une zone que l’État
d’Israël entend annexer ce qui couperait
le Nord de la Cisjordanie du Sud. Les
populations qui y vivent ne se laissent
pas faire et résistent contre vents et
marées à l’armée d’occupation
israélienne depuis des années. L’État
d’Israël ne s’embarrasse pas du droit
international qui lui impose pourtant
d’assurer la protection des populations
des territoires qu’il occupe : il a
décidé de faire place nette, de les
expulser par la force et de détruire
leurs habitations, l’école du village
ainsi que les bâtiments destinés à
l’élevage, leur seule source de revenu.
Aucun permis de
construire n’est donné aux Bédouins et
ils n’ont pas d’autre choix que de
construire sans autorisation. Israël
estime alors que les constructions de
ces villages sont illégales. Les
conditions de vie que leur impose
l’administration israélienne sont
inhumaines : ils sont privés de tout
raccordement à l’eau ou à l’électricité.
Les installations fournies notamment par
l’Union européenne sont régulièrement
détruites par l’armée israélienne.
Après les ordres de
démolitions, ce sont les ordres
d’expulsions qui ont été présentés mardi
aux habitants de Khan al-Ahmar par
l’armée israélienne. Mercredi, Israël a
déployé des engins de chantier pour
préparer la destruction et l’armée a
violemment réprimé les manifestations
non violentes qui ont répondu à cette
opération : plus de 10 arrestations et
de 30 blessés. La résistance populaire
palestinienne a montrée sa capacité de
mobilisation ainsi que des militants
internationaux et israéliens dont bon
nombre ont été arrêtés.
Des dizaines de
journalistes étaient présents jeudi à
l’entrée du village malgré les
tentatives des forces de police
israéliennes d’en restreindre l’accès.
Des diplomates
européens dont le consul général de
France à Jérusalem Pierre Cochard ont
apporté jeudi leur soutien aux habitants
en leur rendant visite. L’armée
israélienne leur a interdit l’accès à
l’école du village.
"Nous voulions
manifester notre solidarité à ce village
qui est menacé de destruction, pour des
raisons à la fois humanitaires (...) et
parce que c’est un enjeu majeur de droit
international", a déclaré Pierre
Cochard. "C’est une violation très
claire de la 4e convention de Genève qui
détermine les obligations des puissances
occupantes dans les territoires
occupés", a-t-il ajouté. Alistair
Burt, ministre d’État britannique chargé
du Moyen-Orient, avait affirmé au mois
de mai qu’une expulsion "pourrait
constituer un transfert forcé du point
de vue des Nations unies". Un
transfert forcé de population est
considéré comme une violation de la
Convention de Genève.
La mobilisation
pour défendre le village de Khan
al-Ahmar a porté ses premiers fruits :
la Cour suprême israélienne a été
contrainte de geler les ordres de
démolitions. C’est incontestablement une
première victoire. Elle reste à
consolider.
Confisquer toujours
plus de territoire aux Palestiniens,
leur rendre la vie impossible pour les
forcer à partir, « achever ce qui ne l’a
pas été en 1948 », voilà ce qui se joue
autour du village de Khan al-Ahmar, mais
au-delà, quotidiennement, dans tout le
territoire palestinien occupé et dans un
silence assourdissant. C’est la Nakba –
la catastrophe – qui continue. Si l’on
veut que cela s’arrête, il va falloir
aller au-delà des simples déclarations
et condamnations. La communauté
internationale doit prendre ses
responsabilités et agir comme elle a
commencé à le faire pour le cas de Khan
al-Ahmar, mais avec une toute autre
ampleur. La France a l’obligation de
faire respecter les conventions de
Genève et pour cela elle doit prendre
avec d’autres États européens des
décisions fortes en direction d’Israël
pour lui imposer le respect du droit
international.
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