Communiqué
Algues vertes en
Bretagne
Carton rouge à l'agriculture intensive !
UFC-Que Choisir
Mercredi 30 mai
2012
Alors que débute la triste saison de
prolifération des algues vertes sur les
plages bretonnes, l’UFC-Que Choisir
réagit à la récente publication d’un
rapport officiel(*1) épinglant les
agriculteurs comme étant responsable de
ces marées vertes et demande aux
pouvoirs publics nationaux et européens
des mesures ambitieuses pour juguler ce
fléau environnemental et économique.
Après l’avoir gardé sous le boisseau
pendant deux mois, les Ministères de
l’Environnement et de l’Agriculture
viennent de publier en catimini un
rapport accablant sur les
responsabilités de l’agriculture
intensive dans le développement des
algues vertes en Bretagne. Commandité
par l’Etat suite aux contestations des
professionnels agricoles d’une
précédente publication de l’Ifremer les
mettant en cause, ce nouveau rapport
enfonce le clou. Ainsi, contrairement à
ce que prétendent les tenants de
l’agriculture intensive, ce ne sont ni
les évolutions du climat ni de nouvelles
espèces invasives qui expliquent les
proliférations d’algues vertes, car
celles-ci sont bel et bien dues à la
présence massive d’azote et de phosphore
dans l’eau de mer.
Pour ce qui est du phosphore, les
sédiments marins ayant été saturés par
des décennies de rejets excessifs, sa
présence dans les eaux devrait
malheureusement perdurer pendant de
nombreuses années. Le seul levier
d’action disponible consiste à limiter
le flux d’azote apporté par les rivières
bretonnes qui continuent à charrier des
quantités colossales de nitrates : 75
000 tonnes par an ! Or, 90% de ces
nitrates sont dus aux agriculteurs qui
apportent des doses exagérées d’engrais.
Faut-il rappeler qu’au-delà de l’impact
environnemental les algues vertes
induisent un préjudice économique
important pour la collectivité notamment
en raison des coûts de dépollution.
Alors qu’en février la Commission
européenne a ouvert une procédure
d’infraction contre la France pour le
non-respect de la réglementation
environnementale sur les nitrates, le
rapport commun des deux Ministères
confirme le constat récurrent de
l’UFC-Que Choisir sur le désastreux
impact environnemental de l’agriculture
intensive et l’impérieuse nécessité de
modifier les pratiques agricoles.
En conséquence, l’association interpelle
les pouvoirs publics à un double niveau
:
- Au niveau national,
l’UFC-Que Choisir saisit Stéphane LE
FOLL, Ministre de l’Agriculture et
de l’Agroalimentaire afin de
relancer en le renforçant le plan
gouvernemental 2010/2015 de lutte
contre les algues vertes ;
- Au niveau Européen, alors
que chaque année sont versés aux
agriculteurs bretons 570 millions
d’euros(*2) , majoritairement
financés par les consommateurs(*3) ,
l’UFC-Que Choisir entend que les
règles de la nouvelle Politique
Agricole Commune, actuellement
discutées à Bruxelles, imposent :
- Des modes de fertilisation
adaptés, s’inspirant des approches
de l’agriculture intégrée et de
l’agriculture biologique,
privilégiant notamment des solutions
agronomiques ou des sources d’azote
à libération lente ;
- Des critères environnementaux
précis, définis au niveau local
selon la nature du sol, les
conditions climatiques et
géographiques
- Des contrôles efficaces du
respect de ces critères, assortis de
sanctions dissuasives et
proportionnelles portant sur le
montant des aides allouées.
(*1) «
Bilan des connaissances
scientifiques sur les causes de
prolifération de macroalgues
vertes – Application à la
situation de la Bretagne et
propositions » - Mars 2012.
(*2) Aides
versées aux quatre départements
bretons - Direction Régionale de
l'Alimentation, de l'Agriculture
et de la Forêt de Bretagne 2008.
(*3) La majorité des recettes
finançant la PAC est issue de
taxes sur la consommation (Taxes
à l’importation aux frontières,
TVA, TIPP).
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