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Communiqué Survie
Côte d'Ivoire :
clarifications attendues de la part de la
France et de l'ONU
Mardi 10 mai 2011
L'attention internationale semble
s'être détournée de la Côte d'Ivoire, beaucoup considérant que
l'arrestation de Laurent Gbagbo a mis un terme à la crise
ivoirienne. Pourtant, les menaces sur les populations de l'ouest
et d'Abidjan n'ont pas cessé et le processus de réconciliation
qui se dessine ne laisse pas présager la fin de l'impunité.
L'association Survie signale l'existence de documents qui
jettent le trouble sur le rôle de la France et de l'ONU dans la
crise ivoirienne et invite les représentants concernés à donner
les clarifications nécessaires.
L'association Survie s'inquiète du contenu
des documents publiés, les 8 et 13 avril, par le juriste et
journaliste Matthew Lee sur son blog Inner City Press.
Ces documents - d'origine française selon le journaliste -
jettent le discrédit sur l'action de la France et de l'ONU en
Côte d'Ivoire. Charles Konan Banny et Kofi Annan, aujourd'hui
impliqués dans le processus de réconciliation, s'y retrouvent
mêlés à une « opération non confirmée » que devaient
préparer « Licorne et les casques bleus », destinée à
« contrer les partisans du processus de paix ».
La nomination, à la tête de la « Commission Dialogue, Vérité
et Réconciliation », de Charles Konan Banny, homme politique
aux ambitions présidentielles, au détriment d'un juriste reconnu
ou d'un représentant de la société civile, n'offre aucune
garantie d'indépendance. En outre, l'absence du mot
« Justice » dans le libellé de cette commission est un très
mauvais signe adressé aux populations qui sont toujours en grand
danger.
Par ailleurs, si l'on note la publication
du rapport S/2011/271 du Groupe d'Experts de l'ONU, dont
l'association Survie signalait, dans son communiqué du 6 avril,
le blocage depuis le mois de septembre, il convient de dénoncer
le retard inacceptable avec lequel il est rendu public. À la
lecture de ce rapport, on regrette que le Comité des sanctions
de l'ONU n'ait pas alerté le Conseil de Sécurité des conditions
inappropriées dans lesquelles le scrutin présidentiel allait se
dérouler. Les experts montrent que, loin de se préparer au
désarmement avant les élections, comme l'exigeaient les accords
de Ouagadougou, les Forces Nouvelles favorables à Alassane
Ouattara préparaient la reprise du conflit armé qu’elles avaient
déclenché en 2002. Le désarmement faisait pourtant partie
intégrante du mandat des casques bleus et de la force française
Licorne. Il devait aussi être un élément essentiel de la
certification de l'ONU dans le processus de sortie de crise. Le
réarmement des Forces Nouvelles et leur refus croissant des
inspections de l'ONU avaient d'ailleurs amené les experts à
suggérer la prise de sanctions contre deux commandants de zone.
Loin d'être inquiétés, l'un a mené l'offensive récente dans
l'ouest et l'autre des combats dans Abidjan sans que personne ne
s’en émeuve!
Lors de la révision de la liste des personnes sanctionnées le 30
mars, le Conseil de Sécurité a ignoré ces suggestions du Groupe
d'Experts.
Il semble, par ailleurs, que le Conseil de
Sécurité de l'ONU n'a toujours pas rendu public le rapport de la
commission d'enquête internationale sur les violations des
droits humains au début de la crise ivoirienne,
remis au Conseil en décembre 2004. Celui-ci permettrait pourtant
de savoir si des exactions ont alors été commises ou couvertes
par certains des acteurs politiques et militaires actuels : il
en va de la lutte contre l'impunité et de la crédibilité de
l'Organisation des Nations Unies.
Aussi, l'association Survie :
-
demande des
explications à la diplomatie française et l'ONU sur le
contenu des documents diffusés par Inner City Press
les 8 et 13 avril. En l'absence de réaction, ces documents,
qui ternissent l'action de la communauté internationale et
des forces impartiales en Côte d'Ivoire, seront tenus pour
authentiques.
-
salue, enfin, la
publication du rapport du Groupe d'Experts S/2011/271,
discrètement bloqué depuis le mois de septembre, mais
regrette que le Comité des Sanctions de l'ONU n'ait pas
alerté le Conseil de sécurité de l'ONU que, loin du
désarmement prévu avant les élections, les belligérants se
réarmaient, et s'inquiète que lors de la révision de la
liste des personnes sanctionnées, le même Comité ait ignoré
les suggestions du Groupe d'Experts (cf. S/2011/271 §443).
- exhorte le Conseil de Sécurité de
l'ONU à rendre public le rapport de la commission d'enquête
internationale sur les violations des droits humains au
début de la crise ivoirienne, établi suite à la déclaration
S/PRST/2004/17, qui lui a été remis en décembre 2004.
http://survie.org
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