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Communiqué du MSRPP
Mouvement de Solidarité avec la Palestine ou Mouvement pour la
Sauvegarde d'un Etat Colonial ?
Mardi 26 janvier 2010
Un collectif qui se proclame « pour une Paix Juste et
Durable entre Palestiniens et Israéliens » appelle à une
manifestation intitulée « Gaza, un an après », le 6 février à
Paris.
Tout d'abord, il est étonnant qu'une telle manifestation soit
initiée plus d'un mois après l'anniversaire du début de
l’agression contre Gaza, alors que, le 27 décembre dernier, date
précise de l'agression en 2008, notre Mouvement de Soutien à la
Résistance du Peuple Palestinien (MSRPP) organisait une marche
de Denfert-Rochereau à la Place Saint-Michel, à laquelle ont
participé 700 personnes et nombre d’associations, pour rappeler
la dernière guerre sioniste contre Gaza, assurer un soutien
indéfectible à la résistance et dénoncer toutes les
collaborations aussi bien occidentales qu’arabes et
palestiniennes. Le « Collectif pour une Paix Juste et Durable »,
ne s’est pas joint à cette manifestation et feint aujourd’hui de
l’ignorer.
En réalité, il suffit de se pencher sur l’appel et la
dénomination même de ce Collectif pour comprendre quels sont les
réels enjeux de leur manifestation.
Les personnes à l'initiative de cet événement ont une vision
politique particulière de la question palestinienne et de son «
règlement ». Lorsque l'on utilise l'expression « paix juste et
durable entre Palestiniens et Israéliens » on prend position,
d'abord pour l'illusion d'une paix entre l'occupant et l'occupé,
entre l'usurpateur et l'usurpé, ensuite pour une légitimation de
la présence d'une entité coloniale qui, par essence, est
étrangère à « la paix ».
L'entité sioniste n'existe que suite à un nettoyage ethnique
perpétré en Palestine dès 1947 et ne survit que par la
colonisation galopante et les massacres réguliers qu’elle commet
en vue de l’établissement d’un Etat exclusivement « juif » aussi
bien en Palestine de 48 que dans les territoires occupés en 67
et notamment à Al Qods. Les guerres régulièrement déclenchées
aussi bien contre les Palestiniens, comme celle de Gaza de l'an
passé, que contre les Libanais (juillet-août 2006), ne font que
le confirmer. Parler de « paix », suppose d'occulter, voire
d’absoudre, ce qui constitue la nature même de cet « État », les
circonstances de sa création et les moyens qu'il utilise
aujourd'hui pour exister.
Nos « amis de la Palestine » seraient-ils frappés d'amnésie ?
Non, en réalité ils s’activent pour inscrire le mouvement de
soutien en France dans le « processus » amorcé dès Oslo en 1993,
et qui se poursuit aujourd'hui par la série des « Annapolis » et
autres « négociations de paix ». Ces opérations délibérées ont
pour seul objectif de « liquider » la question palestinienne et
de vider de son contenu la lutte de libération de la terre de
Palestine, notamment le droit au retour des réfugiés et le
statut de la capitale Al Qods. Or, de même que la « paix » ne
signifie plus pour les Palestiniens que renonciation, soumission
et capitulation, les manifestations massives de décembre
2008-janvier 2009 ont prouvé que, contrairement aux thèses des «
pacifistes », une part importante de la population en France
soutient fermement la résistance du peuple palestinien sous
toutes ses formes, notamment la lutte armée.
Comme corollaire à cela, le Collectif n'utilise à aucun moment
le mot « résistance » dans son appel, comme si la situation
palestinienne se résumait à un drame humanitaire où un agresseur
prédominant inflige blessures, blocus et humiliations à une
victime qui n’exprime pas la moindre opposition. Or, nier
l'existence d'une résistance palestinienne en dit long non
seulement sur la façon dont on considère cette résistance et son
soutien, mais aussi sur la totale déconnexion dont fait preuve
ce Collectif avec le terrain et les aspirations du peuple
palestinien. Est-ce étonnant quand on prétend sans cesse parler
« pour » ce peuple, quand on prétend être sa « voix » en France
et savoir mieux que personne quelles démarches il doit
accomplir, comme celles de s'asseoir à la table des négociations
ou plutôt à la table des « concessions» ? On peut constater, dès
lors, que les occidentaux, particulièrement certains Français,
n'ont pas encore rompu avec leur tradition politique coloniale
qui les pousse à adopter un comportement ethnocentriste et
suprématiste vis à vis des peuples non-occidentaux qui
nécessiteraient par « essence » une surveillance accrue et une
mise sous tutelle.
Enfin, le texte appelle à des « sanctions contre Israël », au
respect du droit international, à la levée du blocus et au
soutien à la campagne Boycott Désinvestissement Sanction (BDS),
déplorant dans le même temps le peu de « compromis » du côté de
« l'extrême-droite israélienne », insinuant par là qu'il y
aurait des différences, positives ou négatives dans la politique
« israélienne », envers le peuple palestinien, alors que c'est
le gouvernement de coalition d'Olmert (représentant donc un
certain nombre de forces politiques) qui a commandité la guerre
contre Gaza et que c'est le ministre « travailliste » Ehud Barak
qui était chargé de la défense et de l'armée lors de
l'agression.
Si, en soi, dénoncer le blocus et appeler au boycott est une
bonne chose, il faut aussi se demander pourquoi tant
d'associations se concentrent exclusivement sur ces points tout
en évacuant les autres points essentiels qui devraient être les
mots d’ordre du « soutien à la Palestine ». Au lieu de se
limiter à une critique des comportements qui découlent
automatiquement du caractère colonialiste de l'Etat sioniste, il
faut en dénoncer l'essence et l'origine. La lutte de libération
nationale de la Palestine contre l’occupation sioniste se
réduirait-elle à la levée du siège de Gaza et au jugement des
criminels de guerre ?
Par ailleurs, il nous semble également problématique de se
référer au droit international, comme s'il constituait l'unique
espoir, alors que les puissances impérialistes ont voté le
partage de la Palestine à l'ONU en 1947, en se servant de la «
légitimité » du droit international, et, que c’est toujours ces
mêmes puissances impérialistes qui protègent depuis lors
l'Entité coloniale, sur le fondement du droit international et
via le Conseil de Sécurité et les indéfectibles soutiens au
sionisme qui le composent.
Enfin, la mention du parcours de la manifestation du 6 février «
en direction de l’ambassade d’Israël » est en elle-même un aveu
de défaite programmée : « on ne pourra jamais arriver à
l’ambassade sioniste, alors on va essayer d’aller dans sa
direction jusqu’à ce qu’on nous arrête », et résume bien une
démarche prédisposée aux concessions.
Pour toutes ces raisons, nous dénonçons le discours de ce
Collectif autoproclamé « national » qui entretient l’illusion
d’une possibilité de paix « juste et durable » clairement
impossible dans l’état du rapport de forces actuel, qui ignore
la réalité de la résistance sur le terrain, et qui œuvre pour «
amener nos dirigeants à imposer le respect du droit
international ». Et nous appelons toutes les personnes et
associations désireuses de soutenir réellement la Palestine et
sa résistance et de ne faire aucune concession sur les droits
fondamentaux de ce peuple, comme le droit à l'autodétermination
après l'abolition du système colonial et raciste qu’est « l'État
d'Israël », le droit au retour intégral de tous les réfugiés
depuis 1947-1948 et la libération de tous les prisonniers, à
nous rejoindre au sein du Mouvement de Soutien à la Résistance
du Peuple Palestinien (MSRPP), à soutenir et à participer à
toutes nos initiatives.
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