Communiqué du MRAP
Condamnation de Sakina Arnaud : justice ou intimidation ?
Paris, le 17 février 2010
Le MRAP tient à manifester sa totale incompréhension à
l’égard de la condamnation de Sakina Arnaud, militante de la
Ligue des Droits de l’Homme, à mille 1 000 euros d’amende après
que le procureur, sur préconisation du Garde des Sceaux, ait
requalifié une plainte du magasin Carrefour pour dégradation
légère, en incitation à la discrimination raciale, nationale et
religieuse, au motif que Sakina Arnaud avait mis des
autocollants sur des produits israéliens en provenance des
colonies.
A cette occasion, le MRAP tient à rappeler que le commerce
des produits issus des colonies israéliennes contrevient au
droit international et que c' est donc en toute illégalité
qu’ils sont exportés d’Israël en France et en Europe. Que la
justice française puisse condamner une militante qui dénonce ces
pratiques illégales, dans le cadre d’une campagne citoyenne de
boycott - sous la pression d’inconditionnels d’un Etat qui
bafoue les règles internationales - ne peut qu’inquiéter.
Le MRAP exprime ses plus extrêmes réserves vis à vis d’ une
conception décision qu’il considère comme une dérive grave,
visant à assimiler de façon inconséquente et abusive toute
action de boycott à une incitation à la discrimination raciale
ou religieuse comme si, dans le cas présent, s’opposer à la
politique de l’Etat d’Israël était constituait de fait un acte
antisémite.
Amalgame dangereux, accusation gravissime dont peut
aujourd’hui être victime tout opposant à la politique menée par
le gouvernement de l’Etat d’Israël. !
Condamnation qui pèse sur toutes celles et tous ceux qui
veulent mettre fin à la complicité dont font preuve les des
autorités européennes dans le cadre des relations commerciales
illégales qu’elles entretiennent avec Israël. Il s’agit là d’
dans tous les cas intimidation et de tentative de
criminalisation à l’égard d’une action non-violente, via la et
judiciarisation de toute contestation politique.
Le MRAP rappelle que les produits des colonies israéliennes
en Palestine occupée continuent d'être importés dans l'Union
européenne sans respecter les règles d'identification prévues
par l'accord d'association entre cette dernière et Israël. De
plus certains produits sont même identifiés comme provenant de
pays de l'Union. Ces pratiques commerciales illégales ne sont
pas sanctionnées, ce qui confirme la partialité des
administrations françaises et européennes dans cette affaire.
Il tient à souligner que l’engagement des citoyens et des
associations dans la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement,
Sanctions) n’est que la conséquence de l’inaction des
gouvernements de l’Union Européenne européens. Par le moyen
pacifique que représente le boycott, les citoyens entendent -
avec détermination - faire respecter le droit, en l'occurrence
les droits du peuple palestinien qui, chaque jour, sont bafoués
par la politique de l’Etat d’Israël et la colonisation qu’il
poursuit, rendant impossible toute solution de paix.
Pour le MRAP, la condamnation de Sakina Arnaud ne peut
qu’encourager ceux qui tentent d’instrumentaliser la justice en
ayant recours systématiquement aux tribunaux afin d’intimider
toute voix critique à l’égard d’Israël comme c’est le cas des
syndicats SNES et FSU, de Basile Safadi, président de
l’association Palestine 45 auditionné ce 12 février par le CRPJ
d’Orléans sur plainte du CRIF.
Pour le MRAP ces campagnes d’intimidation sont inacceptables
et l’instrumentalisation de l’antisémitisme auquel elles ont
recours ne peuvent que compliquer la tâche de tous ceux qui ne
font aucune concession au poison de l’antisémitisme qu’ils n’ont
de cesse de combattre , parce qu’ils en connaissent clairement
les terribles dangers.
Copyright © 2005-2010
Sommaire des
communiqués
Les dernières mises à
jour
|