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Les Verts - Communique de presse
Algues vertes : l'État exonère les agriculteurs de leurs
responsabilités
Mardi 9 février 2010
Le ministre de
l’agriculture, Bruno Le Maire, a annoncé vendredi un plan de
lutte contre les algues vertes qui fait la part belle aux
intérêts d’un certain type d’agriculteurs mais néglige l’intérêt
collectif et les véritables enjeux à long terme.
Les Verts ne peuvent que constater le manque d’ambition
des mesures proposées, qui relèvent d’une opération cosmétique
pour « cacher ces algues qu’on ne saurait voir ».
D’abord, elles ne consistent qu’à corriger les effets les plus
dramatiques d’une politique agricole ultra-intensive qui étouffe
les territoires bretons, sans s’attaquer aucunement aux causes
globales du phénomène. À défaut d’une action concertée à
l’échelle de la Bretagne, il y a fort à parier que les
dispositions prises en 2010 pour quelques baies devront être
élargies dans 5 ans à de nouvelles baies et bassins versants.
Les Bretons ne sont plus dupes des annonces vertueuses sur les
prétendues interdictions d’augmentation des cheptels dans les «
zones en excédents structurels » : promesses entendues 100
fois mais jamais respectées ! Sur pression du syndicat
majoritaire et sur ordre du gouvernement, les préfets ne cessent
de signer des dérogations…
Ensuite, en assumant à la place des agriculteurs l’essentiel
des actions correctives, l’État permet à ces derniers
d’éviter toute remise en cause et toute prise en charge des «
externalités » de leurs pratiques. On est là bien loin des
affirmations vertueuses du Grenelle de l’environnement, qui
visait à obliger chaque acteur économique à anticiper les
conséquences de ses pratiques au lieu de les rejeter sur les
générations futures. Avec la mise en place d’unités de
méthanisation du lisier et de compostage des algues, l’État
prend dans les poches des citoyens pour permettre aux
agriculteurs de ne faire aucun effort technique et continuer
leur emballement suicidaire vers le gigantisme et l’aberration
agronomique.
Le gouvernement rate une occasion de réformer une agriculture
ultra-intensive qui détruit les sols, les eaux, la biodiversité,
l’économie touristique et conchylicole côtière, la santé et le
revenu des agriculteurs.
La Bretagne a besoin d’une réforme en profondeur de son « modèle
» agricole, bien au-delà des seuls bassins versants côtiers ! La
disparition réelle et durable des algues vertes nécessite :
- une
application enfin stricte et sincère des réglementations
européennes et françaises,
- un
plan pluriannuel de reconversion des élevages hors-sols
(porcs et volailles) vers des pratiques plus durables (porcs sur
paille, plein-air ou biologique ; volailles de qualité ou
biologiques), de façon à permettre aux éleveurs de vivre
décemment de leur métier et de ne plus être des salariés de
l’industrie agro-alimentaire,
- un
plan de reconversion de l’élevage laitier intensif vers
des systèmes autonomes et économes (alimentation à base
d’herbe, élevage biologique…),
-
l’implication des citoyens et des agriculteurs respectueux de
l’environnement dans la mise en ¦uvre du plan : aucune
amélioration ne pourra être sérieuse si les savoir-faire des
agriculteurs « durables » et des agriculteurs biologiques ne
sont pas mutualisés et valorisés.
On ne fera pas évoluer l’agriculture en laissant de côté ceux
qui ont pris de l’avance !
Les mesures annoncées n’abusent personne : ni l’appareil
agro-industriel qui sait qu’il va pouvoir continuer comme avant,
ni les citoyens qui savent que rien n’est résolu.
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