Communiqué
Solidarité avec la résistance du peuple palestinien
face aux atrocités commises par l'armée israélienne
CADTM
18 janvier 2009 La guerre
actuelle menée par l’Etat d’Israël n’est pas une guerre de
défense, ni de protection de ses citoyens. Israël est en train
de perpétrer un carnage à Gaza :
Bombardements
de la zone la plus densément peuplée au monde (où
la moitié des habitants sont des enfants) au moyen d’armes
interdites, comme le phosphore blanc, l’uranium appauvri, les
bombes à fragmentation ou à haute densité en particules
métalliques ;
Extermination
de familles entières brûlées vivantes et enterrées dans les
décombres de leurs maisons après que ces bombes interdites aient
été larguées par des avions F-16 et des hélicoptères Apache
américains ;
Écoles,
cliniques, mosquées, prisons, infrastructures civiles (routes,
ponts, universités, immeubles civils) bombardés ;
Blocus
alimentaire et énergétique en plein hiver d’un million et demi
de personnes enfermées dans une « souricière »
géante ;
Mitraillage
des convois des Nations-Unies, du CICR, des ambulances...
jusqu’au meurtre de médecins et de personnels sanitaires.
C’est une tuerie et un massacre
qui a officiellement pour cible le Hamas, mais dans un tel
contexte, tout palestinien est potentiellement dans la ligne de
mire.
Il y a cinq ans déjà, le
gouvernement israélien définissait l’ensemble de la Bande de
Gaza, femmes et enfants compris, comme « entité
hostile », dont l’éradication devenait légitime. Le carnage
actuel permet de dire que ce n’était pas une métaphore, mais un
plan d’action. Parler de guerre signifierait un minimum de
capacité de contre-attaque de la part des Palestiniens de Gaza.
Or, ils n’ont à leur disposition qu’un armement sommaire, dont
la capacité de nuisance est limitée. En ce sens, comparer le
bombardement massif de Gaza et les roquettes tirées par quelques
groupes militants comme le Jihad islamique est dénué de tout
fondement. Il n’y a pas de symétrie militaire entre la Palestine
et Israël, mais surtout, il n’y a aucune symétrie morale.
Gaza est aujourd’hui à la fois
le Guernica de la guerre civile espagnole et le Ghetto de
Varsovie. Et alors que les journalistes sont interdits d’accès,
Israël accumule les violations massives de droits humains,
civils, sociaux, économiques, politiques et culturels. Silence,
on tue.
En méprisant la convention de
Genève, Israël commet, en effet, des crimes de guerre et contre
l’humanité avec l’appui actif ou le silence complice des
gouvernements des grandes puissances :
L’Union
Européenne, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy et de Bernard
Kouchner, vient de renforcer son traité de Coopération avec
Israël, dont le Parlement Européen avait pourtant réclamé la
suspension.
L’appui actif
et criminel de Washington (que ce soit George W. Bush ou Barack
Obama).
Nous
dénonçons l’indécence et l’hypocrisie morale qui
consistent à mettre sur un pied d’égalité des roquettes
artisanales lancées par le Hamas et le déluge de bombes qui
s’abat sur la Palestine en ce moment. Ces tirs de roquettes ne
sont pas, comme veulent nous le faire croire certains diplomates
européens, des "provocations que rien ne peut expliquer", mais
des ripostes, assez dérisoires, à un embargo sauvage imposé par
Israël, depuis un an et demi, au million et demi de résidents de
la Bande de Gaza, femmes, enfants, vieillards compris, avec la
collaboration criminelle des Etats-Unis mais aussi de l’Europe.
Tout comme l’attaque du Liban en 2006, l’agression israélienne
s’inscrit dans la guerre globale permanente et préventive des
stratèges néoconservateurs en place à Tel Aviv.
Nous
appuyons la résistance palestinienne face aux
agressions systématiques dont elle fait l’objet de la part des
autorités israéliennes et de leur armée. Nous soutenons
fermement le droit du peuple palestinien à un Etat pour vivre en
paix sur son territoire.
Une guerre
pour s’approprier les richesses naturelles de la Palestine
A l’horreur du crime, s’ajoute
l’abject des motivations immédiates : dans moins de deux mois se
dérouleront en Israël des élections et les victimes
palestiniennes sont aussi des arguments électoraux. Les martyrs
de l’attaque israélienne sur Gaza sont l’objet d’une concurrence
médiatique entre Ehoud Barak, Tsipi Livni et Ehoud Olmert, à qui
sera le plus déterminé dans la brutalité. Le criminel de guerre
qui dirige le Parti Travailliste se vante d’avoir gagné quatre
points dans les sondages. En plus de ces motivations
électoralistes, il faut ajouter des objectifs économiques. Le
long de la côte de Gaza, à quelques encablures seulement, dans
les limites de la souveraineté maritime reconnue aux Etats, se
trouvent d’immenses gisements de gaz naturel. Depuis des années,
ils sont l’objet de négociations entre British Gaz, Israël et
l’Autorité Palestinienne bien qu’ils appartiennent au peuple
palestinien. Les bénéfices potentiels de leur exploitation sont
estimés à plus de 4 milliards de dollars. Ils pourraient
également subvenir jusqu’à 10% des besoins énergétiques
d’Israël, et ce à moindre coût car, outre la proximité des
gisements, les conditions tarifaires auraient été négociées à
des conditions avantageuses… Bien sûr ces négociations sont pour
l’instant dans une impasse. Alors que ces gisements de gaz
naturel devraient participer à l’amélioration des conditions de
vie des Palestiniens, aucune exploitation de ce gaz n’est
faite : en lieu et place, la marine israélienne bombarde sans
cesse la population civile palestinienne.
Paix et
justice avant tout
Depuis
longtemps nous dénonçons les crimes commis par l’Etat d’Israël
contre la Palestine et le Liban. Aujourd’hui, plus que jamais,
nous joignons notre voix à la
clameur mondiale exigeant la fin immédiate de l’agression
criminelle de Tsahal contre le peuple palestinien, le retrait de
ses troupes, la levée immédiate du blocus inhumain imposé sur un
million et demi de personnes, et la liberté de circulation à la
frontière égyptienne.
Après
application de ces premières mesures fondamentales, nous
réclamons un embargo total et
absolu sur les ventes d’armes à l’Etat d’Israël et la mise en
place d’un boycott international culturel et économique comme
celui décrété par les Nations Unies contre l’état raciste
d’Afrique du Sud.
A l’instar du
Venezuela, nous interpellons les
nations qui se disent civilisées jusqu’à ce qu’elles expulsent
les diplomates israéliens présents sur leur sol et la Communauté
Européenne afin qu’elle suspende immédiatement ses accords
économiques avec Israël.
Nous
exigeons la mise en place
immédiate d’une Commission internationale d’enquête sur les
crimes contre l’humanité et de guerre qui sont perpétrés en
territoire palestinien. Nous demandons que cela soit assorti du
déploiement d’une force capable de procéder à la détention,
l’incarcération préventive des militaires, dirigeants politiques
et autres acteurs pouvant être poursuivis pour ces faits, en vue
de leur jugement par la Cour internationale de justice ou la
Cour pénale internationale.
Pour une paix
définitive, œuvrons pour que soit
imposé à Israël de démanteler toutes ses colonies en Cisjordanie
ainsi que le mur de la Honte, de rendre toutes les terres volées
aux Palestiniens en les dédommageant pour les centaines de
milliers d’oliviers et d’arbres fruitiers abattus, pour les
milliers de fermes et puits d’eau détruits, pour les dommages
écologiques infligés à leur environnement.
Le peuple
palestinien ne doit rien
Nous
devons apporter toute notre expérience et nos capacités
d’analyse pour enquêter et dénoncer les crimes économiques subis
par le peuple palestinien depuis des décennies et pour aider à
la qualification de dette odieuse, dette de guerre, dette
écologique, dette historique et dette coloniale, toutes les
dettes que certains bailleurs de fonds voudraient récupérer
illégitimement.
Veillons
à ce que la Palestine ne paie pas un sou qui pourrait lui être
réclamé à titre de dette, si elle n’est pas justifiée.
Le peuple
palestinien est créancier net
Veillons
également à ce que l’Etat d’Israël soit considéré comme débiteur
des sommes nécessaires pour réparer intégralement les immenses
dommages de guerre infligés au peuple palestinien ainsi que la
reconstruction de la Palestine à travers un fonds alimenté par
le Trésor israélien.
Faisons
entendre haut et fort que les États-Unis devraient participer au
financement de ce fonds du fait de leur complicité militaire et
criminelle avec Israël : plus de 90% de l’équipement de l’armée
israélienne est de technologie ou de fabrication états-unienne.
Dans ce mécanisme de réparation, il devra y avoir un volet qui
prendra en charge le retour des réfugiés et leur dédommagement.
Ce fonds devra être géré par et pour le peuple palestinien.
Mais l’urgence, aujourd’hui, est
d’arrêter les massacres.
Nous
appelons toutes les organisations
syndicales, tous les partis politiques, mairies, administrations
territoriales, entreprises, et citoyens du monde entier à
dénoncer l’entreprise criminelle de la 4è armée du monde contre
tout un peuple, et à s’engager au côté du peuple palestinien.
Sans justice il n’y aura pas de
paix. Nous sommes tous des palestiniens.
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