Lundi 18 janvier 2010
Israël doit mettre fin au blocus qui asphyxie la bande de
Gaza et qui coupe 1 400 000 Palestiniens du reste du monde
et les abandonne dans leur lutte contre l’extrême pauvreté,
a déclaré Amnesty International lundi 18 janvier 2010, un an
après la fin de l’offensive militaire israélienne.
Le document d’Amnesty International intitulé Suffocating:
The Gaza Strip under Israeli blockade, rassemble des
témoignages de personnes qui continuent à lutter pour
reconstruire leur vie à la suite de l’opération Plomb durci,
qui a fait autour de 1 400 morts et plusieurs milliers de
blessés parmi les Palestiniens.
« Israël soutient que le blocus de Gaza, en vigueur depuis
juin 2007, répond aux attaques à la roquette que des groupes
armés palestiniens ont menées sans discrimination sur le sud
d’Israël à partir de la bande de Gaza. Le fait est qu’au
lieu de viser des groupes armés, ce blocus punit toute la
population de la bande de Gaza en imposant des restrictions
aux livraisons de nourriture, de médicaments, de fournitures
scolaires et de matériaux de construction, a déclaré Malcolm
Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du
Nord d’Amnesty International.
« Le blocus constitue une peine collective aux termes du
droit international et doit être immédiatement levé. »
En tant que puissance occupante, Israël a le devoir, en
vertu du droit international, de veiller à la qualité de vie
des habitants de la bande de Gaza, y compris au respect de
leurs droits à la santé, à l’éducation, à l’alimentation et
à un logement convenable.
Du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, l’opération Plomb
durci a fait 13 morts parmi les Israéliens, dont trois
civils dans le sud d’Israël. Plusieurs dizaines d’autres ont
été blessés dans cette même région par des tirs de roquette
lancés sans discrimination par des groupes armés
palestiniens.
Dans la bande de Gaza, les attaques israéliennes ont
endommagé ou détruit des infrastructures et des bâtiments
civils, notamment des hôpitaux, des écoles et les réseaux de
distribution d’eau et d’électricité. Des milliers de
logements de Palestiniens ont été détruits ou gravement
endommagés.
On estime que 280 écoles, sur les 641 que compte Gaza, ont
été endommagées et 18 complètement détruites. Plus de la
moitié de la population de Gaza a moins de dix-huit ans et
l’interruption des cours, due aux dégâts causés par
l’opération militaire et par la poursuite du blocus
israélien, a des conséquences gravissimes.
Les hôpitaux ont eux aussi été sérieusement touchés par
l’offensive militaire et le blocus. À plusieurs reprises,
des responsables israéliens ont refusé l’entrée dans la
bande de Gaza à des camions chargés de matériel médical
fourni par l’Organisation mondiale de la santé.
Il arrive toujours que les autorités israéliennes empêchent
des personnes gravement malades, qui ne peuvent pas être
soignées à Gaza, de quitter le territoire, ou qu’elles les
fassent attendre. Depuis la fermeture des points de passage
permettant d’entrer à Gaza ou d’en sortir, les patients sont
contraints de déposer des demandes d’autorisation,
fréquemment refusées. Samir al-Nadim, père de trois enfants,
est mort le 1er novembre 2009 après avoir attendu vingt-deux
jours de pouvoir sortir de Gaza afin de subir une opération
du cœur.
Amnesty International s’est entretenue avec plusieurs
familles dont les habitations ont été détruites lors de
l’opération militaire israélienne et qui, un an plus tard,
vivent toujours dans des logements provisoires.
Mohammed et Halima Mslih et leurs quatre jeunes enfants ont
fui leur maison dans le village de Johor al Dik, au sud de
la ville de Gaza, au moment du conflit il y a un an. En leur
absence, leur maison a été détruite par des bulldozers de
l’armée israélienne.
« Quand nous sommes revenus, tout était cassé. Les gens nous
ont donné à manger car nous n’avions plus rien », a dit
Mohammed Mslih.
Six mois après l’instauration du cessez-le-feu, le couple et
les enfants vivaient toujours dans une tente en nylon, et ce
n’est que maintenant qu’ils ont pu se construire une maison
en dur, toute simple. Ils craignent néanmoins que les
incursions militaires israéliennes, qui se poursuivent,
détruisent le peu qui leur reste.
Le taux de chômage dans la bande de Gaza ne cesse
d’augmenter car les entreprises qui subsistent encore
peinent à survivre sous le blocus. En décembre 2009, l’ONU a
cité un taux de chômage de plus de 40 %.
« Le blocus asphyxie la population, dont plus de la moitié
est constituée d’enfants, dans pratiquement tous les aspects
de la vie quotidienne. On ne peut laisser se poursuivre
l’isolement et la souffrance dans lesquels elle est de plus
en plus plongée. Le gouvernement israélien doit respecter
l’obligation contraignante qui est la sienne, en tant que
puissance occupante, de lever le blocus sans plus tarder »,
a déclaré Malcolm Smart.