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Amnesty International
Les autorités israéliennes doivent mettre un terme à la
démolition de maisons palestiniennes
Mercredi 16 juin 2010
Amnesty International demande aux autorités israéliennes de
mettre fin aux démolitions qui font vivre des milliers
de Palestiniens dans la peur quotidienne d’être expulsés de chez
eux.
Dans une nouvelle synthèse intitulée La sécurité du foyer
? Les destructions de logements palestiniens par Israël (index
AI :MDE 15/006/2010), Amnesty International révèle l’ampleur de
ces démolitions, qui affectent des habitations et d’autres
bâtiments dans les territoires palestiniens occupés, sous
prétexte qu’ils ont été construits illégalement.
Selon les Nations unies, en 2009 plus de 600 Palestiniens – des
mineurs pour plus de la moitié – ont perdu leur domicile, démoli
sur ordre des autorités israéliennes.
« Les Palestiniens vivant sous l’occupation israélienne sont en
butte à de telles restrictions en matière d’urbanisme (type et
lieu de construction notamment), que leur droit à un logement
convenable est bafoué, a déclaré Philip Luther, directeur
adjoint du Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty
International.
« Les autorités israéliennes placent les Palestiniens dans une
impasse. Quoi qu’ils fassent, ils risquent d’être privés de
logement.
« Israël refuse la plupart du temps de délivrer des permis de
construire, même au terme de procédures administratives
et judiciaires longues et onéreuses. Aussi n’ont-ils
guère d’autre choix que de poursuivre leur projet sans
autorisation officielle. Mais ce faisant, ils savent que ces
bâtiments risquent d’être rasés par les bulldozers israéliens. »
Les démolitions sont généralement menées sans que
les Palestiniens concernés n’en soient avertis à l’avance, ce
qui ne leur laisse pas le temps de récupérer leurs
effets personnels ni de trouver un autre abri. Les Nations unies
estiment à 4 800 le nombre d’ordres de démolition qui
seraient en instance.
Aux termes du droit israélien, les familles expulsées ne sont
pas tenues de se voir proposer une solution de relogement ni
une indemnisation, ce qui signifie que nombre d’entre elles
seraient sans abri et plongeraient dans le dénuement si elles
n’étaient pas soutenues par leurs proches, leurs amis ou les
organisations caritatives.
Si les maisons sont souvent prises pour cibles, les autorités
israéliennes lancent également des ordres de démolition contre
des écoles, des centres de soins, des routes, des citernes, des
pylônes électriques, des cabanes et des enclos pour animaux.
Les Palestiniens vivant dans le tout petit village de Khirbet
Tana, dans la vallée du Jourdain, ont dû reconstruire leurs
maisons par deux fois en cinq ans.
En 2005, les autorités israéliennes ont démoli l’école du
village ainsi que plusieurs maisons, cabanes pour animaux et
citernes.
Les villageois ont reconstruit leurs maisons mais le 10 janvier
2010, les forces israéliennes sont revenues. Elles ont
rasé l’école du village pour la deuxième fois, ainsi que
les logements de 100 Palestiniens, jetant à la rue 34 enfants.
Elles ont également détruit 12 enclos à moutons et à chèvres,
principale source de revenus des villageois.
Raeda Nasasreh, 24 ans, mère de deux enfants, a raconté à
Amnesty International : « Les jeeps de l’armée sont arrivées à 6
heures du matin. Nous les avons vues dans la vallée et
nous avons commencé à sortir nos affaires de nos maisons.
« Nous n’avons pas eu le temps de finir de traire les brebis.
Ils ont tout rasé. À 9h30, ils avaient terminé. »
En octobre 2009, les forces israéliennes ont détruit la maison
de Rida Nimr et de son mari Nimr Ali Nimr dans le quartier
palestinien de Jabal al Mukabbir. Trois générations de cette
famille, dont cinq enfants, se sont retrouvées sans abri.
« Quelque 30 policiers et membres des forces spéciales,
accompagnés de trois bulldozers conduits par des civils,
sont arrivés alors que les enfants dormaient encore. Ils
ont rapidement encerclé et bouclé la zone, a expliqué Rida.
« Les personnes chargées de la démolition n’ont sorti que
quelques meubles de la maison avant de la détruire. Nous n’avons
rien pu sauver excepté, après avoir insisté, l’ordinateur
portable de notre fille Amal, qui en a besoin pour ses études à
l’université. »
Amnesty International exhorte les autorités israéliennes à
mettre immédiatement un terme à toutes les démolitions dans
les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est.
Par ailleurs, elles doivent transférer la responsabilité des
politiques et réglementations en matière de construction
et d’urbanisme aux communautés palestiniennes locales.
Enfin, les autorités israéliennes doivent stopper
la construction ou l’extension des colonies israéliennes dans
les territoires palestiniens occupés, première étape vers le
départ des civils israéliens qui vivent dans ces colonies.
« Les ordres de démolition ou d’expulsion ne détruisent pas que
les logements des Palestiniens. Ils détruisent aussi
leurs effets personnels et réduisent à néant tout espoir
d’un avenir stable », a conclu Philip Luther.
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