Communiqué - Amnesty International
Israël doit libérer un Palestinien
détenu pour avoir organisé des
manifestations pacifiques contre
l’expansion des colonies israéliennes
Bassem
Tamimi
Jeudi 8 mars
2012
Le défenseur des droits humains
palestinien Bassem Tamimi est un
prisonnier d’opinion, détenu uniquement
pour son rôle dans l’organisation de
manifestations pacifiques contre
l’empiètement de colons israéliens sur
des terres palestiniennes, et il doit
être libéré immédiatement et sans
condition, a déclaré Amnesty
International vendredi 2 mars.
Bassem Tamimi a été arrêté le 24 mars
2011 et inculpé quelques jours plus tard
d’« incitation et soutien à une
organisation hostile, organisation et
participation à des défilés non
autorisés, incitation à lancer des
objets sur une personne ou un bien » et
d’autres infractions.
Il nie les accusations portées contre
lui.
Il est actuellement détenu à la prison
d’Ofer pendant la poursuite de son
procès.
Cet homme, âgé de 44 ans, est marié et
père de quatre jeunes enfants.
Il a affirmé à plusieurs reprises des
principes non violents dans sa défense
des villageois contre la construction de
colonies sur des territoires occupés,
qui constitue une violation du droit
international.
Dans une déclaration au tribunal le 16
novembre 2011, Bassem Tamimi a indiqué :
« Le droit international garantit le
droit des personnes occupées à résister
à l’occupation.
En exerçant mon droit, j’ai recommandé
et organisé des manifestations
populaires pacifiques contre
l’occupation, les attaques de colons et
le vol de plus de la moitié des terres
de mon village […]. J’ai organisé ces
manifestations pacifiques afin de
défendre nos terres et notre peuple […].
Le procureur militaire m’accuse d’avoir
incité les manifestants à jeter des
pierres sur les soldats.
C’est faux.
Ce qui incite les manifestants à jeter
des pierres, c’est le son des balles,
les bulldozers de l’occupation quand ils
détruisent les terres, l’odeur du gaz
lacrymogène et la fumée sortant des
maisons incendiées.
Je n’ai incité personne à jeter des
pierres, mais je ne suis pas responsable
de la sécurité de vos soldats qui
envahissent mon village et attaquent mon
peuple avec toutes les armes de la mort
et l’équipement de la terreur. »
Avant son arrestation, Bassem Tamimi
organisait des manifestations
hebdomadaires contre l’envahissement de
terres du village d’al Nabi Saleh, près
de Ramallah, en Cisjordanie occupée, par
une colonie israélienne voisine,
Halamish – Neve Tzuf.
Ces manifestations ont débuté en
décembre 2009 – quelques mois après que
la colonie a commencé à s’étendre
rapidement malgré un gel temporaire des
constructions de colonies annoncé par
Israël à la suite de pressions
américaines – et ont été pacifiques la
plupart du temps.
L’armée israélienne a plusieurs fois eu
recours à une force excessive contre ces
manifestations, à la suite de quoi les
organisateurs ont réitéré leurs
instructions aux manifestants
palestiniens d’observer des méthodes non
violentes.
Il est parfois arrivé que des
manifestants se mettent individuellement
à jeter des pierres sur des soldats.
L’un d’eux, Mustafa Tamimi, a été blessé
à al Nabi Saleh le 10 décembre 2011 par
une grenade lacrymogène tirée à très
haute vitesse sur sa tête à bout portant
depuis une jeep militaire israélienne.
Il est mort le lendemain à l’hôpital.
Lors d’une autre audience le 19 février
2012, Bassem Tamimi a déclaré :
« Le droit international nous donne le
droit de protester pacifiquement, de
manifester notre refus des politiques
qui ont des effets négatifs sur nous,
notre vie quotidienne et l’avenir de nos
enfants […]. Je ne sais pas et peu
m’importe si [les colonies] sont
autorisées par votre législation, car
celle-ci a été adoptée par une autorité
que je ne reconnais pas [...]. Une
véritable justice ne me ferait même pas
comparaître ici devant cette cour, et
encore moins en étant emprisonné et
entravé.
Cette affaire est sans fondement et
inventée dans le seul but de me mettre
derrière les barreaux. »
Amnesty International a déjà relevé par
le passé des actes de torture commis à
l’encontre de Bassem Tamimi par le
Service de sécurité intérieure, service
de renseignements israélien, en 1993.
Après son arrestation le 9 novembre
1993, il avait été violemment secoué au
cours de son interrogatoire.
Il avait souffert d’un hématome subdural,
à la suite duquel il avait perdu
connaissance pendant six jours et subi
une opération nécessaire pour lui sauver
la vie.
Il avait finalement été libéré sans
inculpation le 6 décembre 1993 (voir
Amnesty International, "Under
constant medical supervision":
Torture, ill-treatment and the health
professionals in Israel and the Occupied
Territories,
index :
MDE 15/037/1996, août 1996,
http://www.amnesty.org/en/library/info/MDE15/037/1996/en).
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