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Amnesty International
Égypte. Halte à la répression contre les Frères musulmans !
Lundi 8 février 2010
Après l’arrestation d’au moins 15 membres des Frères
musulmans ce lundi 8 février 2010 au matin, Amnesty
International appelle les autorités égyptiennes à cesser de
réprimer l’opposition politique pacifique et à respecter les
droits à la liberté d’expression, d’association et de
réunion en Égypte. Ces arrestations surviennent une semaine
avant l’examen du bilan de l’Égypte en matière de droits
humains par les Nations Unies dans le cadre de l’Examen
périodique universel, prévu le 17 février 2010.
Au moins 15 membres des Frères musulmans auraient été
arrêtés au cours d’une série de raids menés dans tout le
pays par des policiers du Service de renseignement de la
sûreté de l'État dans la matinée du 8 février 2010, dont le
vice-président de ce groupe, Mahmoud Ezzat, et deux autres
membres éminents, Essam el Erian et Abdel Rahman al Barr.
Ces hommes n’ont pas encore été inculpés et sont
actuellement détenus dans plusieurs centres du Service de
renseignement de la sûreté de l’État au Caire. Ils devraient
être présentés au service du procureur de la sûreté de
l'État le mardi 9 février au matin. Amnesty International
considère que les personnes arrêtées sont des prisonniers
d’opinion, détenus uniquement pour leurs activités
politiques pacifiques, et appelle les autorités à les
libérer immédiatement et sans condition.
Ces arrestations ne sont que le dernier épisode en date de
la répression exercée par les autorités égyptiennes contre
la confrérie des Frères Musulmans, qui, bien
qu’officiellement interdite en Égypte, reste le plus grand
parti d’opposition organisé dans le pays. Ses membres et
sympathisants détiennent environ un cinquième des sièges du
Parlement égyptien sous l’étiquette de députés
« indépendants ». En conséquence, ce groupe est
régulièrement la cible des services de sécurité égyptiens,
qui utilisent abusivement, pour écraser l’opposition, les
larges pouvoirs qui leur sont conférés par l’état d’urgence
en vigueur depuis longtemps dans le pays. À l’approche des
élections au Conseil consultatif (chambre haute du Parlement
égyptien), prévues au printemps 2010, et à l’Assemblée du
peuple (chambre basse), programmées pour l’automne 2010,
Amnesty International constate une intensification de la
répression contre les Frères musulmans.
Des membres de cette confrérie sont régulièrement victimes
d’arrestations arbitraires, et beaucoup sont détenus sous le
régime de la détention administrative – c'est-à-dire
incarcérés pendant des mois sans inculpation ni procès sur
ordre du ministre de l’Intérieur. Ce phénomène n’a pas
échappé à la surveillance internationale : en 2008, le
Groupe de travail sur la détention arbitraire, composé
d’experts des Nations Unies, a qualifié d’arbitraire la
détention de 26 membres des Frères musulmans.
Amnesty International a aussi eu connaissance de plusieurs
affaires dans lesquelles des membres des Frères musulmans,
tous civils, ont été jugés devant des tribunaux militaires,
ce qui est contraire au droit à un procès équitable et
public devant un tribunal compétent, indépendant et
impartial établi par la loi. Ces procès ont été critiqués
par Martin Scheinin, rapporteur spécial des Nations Unies
sur la protection et la promotion des droits de l'homme et
des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, en
octobre 2009. Un mois plus tard, en novembre 2009, la Haute
Cour d’appel militaire a confirmé les condamnations à des
peines allant jusqu’à sept ans de prison infligées à
18 membres de premier plan des Frères musulmans, qui avaient
été jugés au cours d’un procès manifestement inéquitable par
un tribunal militaire du Caire en avril 2008. En dépit de
ses multiples tentatives, Amnesty International n’a jamais
été autorisée à assister en tant qu’observateur à des procès
de membres des Frères musulmans devant des tribunaux
militaires.
L’organisation appelle les autorités égyptiennes à respecter
leur obligation internationale de sauvegarder les droits à
la liberté d’expression, d’association et de réunion et, en
particulier, à mettre un terme aux pratiques courantes de la
détention administrative et des procès de civils devant des
tribunaux militaires. Elle invite également le Conseil des
droits de l'homme des Nations Unies, qui doit examiner très
prochainement le bilan de l’Égypte en matière de droits
humains dans le cadre de l’Examen périodique universel, à
s’intéresser à la manière dont les autorités égyptiennes
continuent d’utiliser abusivement les pouvoirs liés à l’état
d’urgence pour réprimer l’opposition dans le pays.
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