Communiqué
Israël doit
stopper la construction
de colonies en Cisjordanie
Amnesty
International
Mardi 4 décembre 2012
En annonçant qu’il va poursuivre
l’extension des colonies en Cisjordanie
en réaction au vote de l’ONU sur le
statut d’État observateur de la
Palestine, le gouvernement israélien
bafoue le droit international
humanitaire et relatif aux droits
humains, a déclaré Amnesty International
lundi 3 décembre. « La
construction des colonies est la cause
de déplacements forcés et d’une myriade
d’atteintes aux droits humains, et
constitue une violation flagrante du
droit international. Israël doit
immédiatement stopper toutes les
constructions de colonies et
d’infrastructures connexes, première
étape en vue du départ de tous les
colons des territoires occupés, a
indiqué Ann Harrison, directrice
adjointe du programme Moyen-Orient et
Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Cette annonce adresse un message fort
au monde entier, à savoir que le
gouvernement israélien actuel ne
respecte pas les droits humains ni le
droit international. La construction de
colonies bafoue les droits des
Palestiniens en Cisjordanie occupée et
est prohibée en toutes circonstances. »
Vendredi 30 novembre, Israël a annoncé
qu’il avait autorisé la construction ou
l’extension des colonies sous la forme
de 3 000 logements supplémentaires dans
des sites non identifiés en Cisjordanie
occupée. La veille, la
Palestine avait accédé au rang d’État
observateur non-membre au sein des
Nations unies lors d’un vote de
l’Assemblée générale de l’ONU à New
York. Selon certaines
informations, d’autres projets
d’extension se situent dans le secteur
stratégique appelé « East 1 », ou « E1
», situé entre Jérusalem-Est et la
colonie de Maale Adumim.
L’armée israélienne envisage déjà
d’expulser de force et de déplacer les
habitants de 20 villages palestiniens
situés près du secteur E1 et de la
colonie de Maale Adumim, soit quelque 2
300 personnes, pour la plupart des
Bédouins jahalins. Les
autorités israéliennes n’ont pas
consulté les villageois, qui s’opposent
à leur transfert. La majorité des
maisons et des bâtiments dans ces
villages sont visés par un ordre de
démolition. Depuis le
vote de l’Assemblée générale jeudi 29
novembre, les colons près des villages
bédouins auraient intensifié leurs
manœuvres de harcèlement et de violence.
D’après les habitants, des enfants et
des bergers ont été agressés, et les
colons diffusent une musique
assourdissante et braquent des
projecteurs sur les villages bédouins.
Les Jahalins ont été déplacés à de
nombreuses reprises depuis 1948, date à
laquelle ils sont devenus des réfugiés,
leurs terres se trouvant en effet sur le
territoire de ce qui est devenu l’État
d’Israël. La politique
israélienne d’expansion des colonies
dans les territoires palestiniens
occupés est caractérisée par la
discrimination fondée sur la
nationalité, l’origine ethnique et la
religion. Les colonies,
implantées sur des terres
palestiniennes, sont réservées aux
Juifs, qui ont droit à la nationalité
israélienne et à la protection de la loi
israélienne, même s’il s’agit de
migrants venus de l’étranger qui vont
habiter dans ces colonies sans même
avoir résidé dans l’État d’Israël.
Les Palestiniens, qui sont soumis, non
pas à la législation civile, mais à la
législation militaire israélienne, ne
sont pas autorités à entrer dans les
colonies israéliennes, à s’en approcher
ni à emprunter les routes des colons, et
sont donc privés de ressources
nécessaires à leur subsistance et
limités dans leurs mouvements.
En outre, les colons bénéficient
d’avantages importants, notamment
financiers, et sont autorisés à
exploiter les terres et les ressources
naturelles qui appartiennent à la
population palestinienne.
L’article 49 de la
Quatrième Convention de Genève interdit
à toute puissance occupante de
transférer sa propre population civile
dans les territoires qu’elle occupe.
La construction de colonies en
Cisjordanie occupée s’est poursuivie
durant l’année 2012. Tout récemment, le
6 novembre, le ministère du Logement a
lancé un appel d’offres pour la
construction de 1 285 logements à
Jérusalem-Est et dans la colonie
d’Ariel, dans le nord de la Cisjordanie.
Ce n’est pas la première fois qu’Israël
annonce de nouveaux projets d’extension
en réaction à des initiatives
diplomatiques palestiniennes à l’ONU.
Le 3 novembre 2011, à la suite de
l’admission de la Palestine à l’Organisation
des Nations unies pour l’éducation, la
science et la culture
(UNESCO), le gouvernement israélien a
déclaré que près de 2 000 nouvelles
maisons seraient construites à
Jérusalem-Est et dans les colonies d’Efrat
et de Maale Adumim, en Cisjordanie.
Douze jours plus tard, le 15 novembre
2011, le ministère du Logement lançait
un appel d’offres pour 2 230 nouveaux
logements au-delà de la « Ligne verte »
(ligne d'armistice de 1949).
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