Amnesty International
Les autorités égyptiennes doivent libérer un manifestant
condamné par un tribunal militaire
Mercredi 2 mars 2011
Amnesty International a appelé les autorités égyptiennes à
libérer un homme condamné mardi 1er mars par un
tribunal militaire à cinq ans de prison, vraisemblablement pour
avoir exercé son droit de manifester pacifiquement.
Amr Abdallah Al Beheiry a été reconnu coupable par la Haute Cour
militaire d’avoir agressé un fonctionnaire de service et de ne
pas avoir respecté le couvre-feu.
Selon les informations recueillies, cet homme, son cousin et
d’autres manifestants ont été battus à coups de matraque puis
arrêtés lorsque la police militaire et l’armée ont eu recours à
une force excessive pour disperser une manifestation devant le
Parlement égyptien, au Caire, samedi 26 février au matin.
Certains manifestants auraient également été frappés avec des
matraques électriques.
Amr Abdallah Al Beheiry a dans un premier temps été relâché par
la police militaire, mais il a été de nouveau arrêté peu après,
vraisemblablement parce que d’autres manifestants avaient filmé
ses blessures.
En détention, lui et son cousin auraient été passés à tabac et
torturés au moyen de décharges électriques.
Son cousin et les autres manifestants ont été libérés plus tard
dans la matinée de samedi.
« La peine prononcée contre Amr Abdallah Al Beheiry doit être
annulée et il doit être libéré s’il a été arrêté simplement pour
avoir manifesté pacifiquement. Les autorités égyptiennes ne
peuvent prétendre mettre en route des réformes tout en jugeant
des manifestants pacifiques devant des tribunaux militaires », a
déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme
Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
Amnesty International s’opposent aux procès de civils devant des
tribunaux militaires, dont on sait qu’ils ne respectent pas les
normes internationales d’équité.
Amr Abdallah Al Beheiry pourra faire appel de sa condamnation
devant la Haute Cour militaire d’appel.
La répression des manifestations organisées sur la place Tahrir
et devant le Parlement en faveur de la destitution du
gouvernement actuel s’est poursuivie tout au long de la matinée
de samedi.
D’autres manifestants ont été arrêtés et conduits dans les
locaux de la police militaire situés derrière le musée égyptien,
sur la place Tahrir, où Amnesty International a relevé
précédemment des cas de mauvais traitements de détenus.
Vers 8 heures samedi matin, un haut gradé de la police militaire
se serait excusé auprès des manifestants pour ce qui s’était
passé et aurait déclaré que les personnes arrêtées seraient
libérées.
Par la suite, le Conseil militaire suprême a indiqué que les
forces de sécurité voulaient disperser la manifestation mais
qu’elles n’avaient pas eu l’intention d’affronter les
manifestants.
« Le recours à une force excessive contre les manifestants
samedi ne peut être justifié. Des excuses ne peuvent remplacer
une enquête. L’utilisation de matraques électriques et les
allégations de torture ou d’autres mauvais traitements doivent
faire l’objet d’une enquête approfondie et impartiale, et les
responsables présumés de ces actes doivent être conduits devant
la justice », a ajouté Hassiba Hadj Sahraoui.
Un grand groupe de manifestants se trouve toujours sur la place
Tahrir depuis la récente vague de protestations en faveur de
réformes politiques.
D’après le Front pour la défense des manifestants d’Égypte,
plusieurs centaines de civils ont été jugés et condamnés par des
tribunaux militaires. La plupart étaient accusés de n’avoir pas
respecté le couvre-feu et d’avoir menacé la sécurité.
Amnesty International a également reçu des informations
concernant Maaty Ahmed Hamed Abu Arab, qui a été arrêté le
3 février sur la place Tahrir alors qu’il allait acheter à
manger. Cet homme a été condamné à cinq ans d’emprisonnement par
un tribunal militaire pour non-respect du couvre-feu et
détention d’une arme. Comme beaucoup d’autres personnes, il est
actuellement détenu à la prison de Wadi al Gadid, isolée dans le
désert occidental égyptien.
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