Communiqué de la famille d'Ameer Makhoul
Nous accusons !
Mercredi 26 mai 2010
Cela fait 26 jours aujourd’hui qu’Ameer Makhoul a été arrêté
à son domicile, à la faveur de l’obscurité, par des officiers de
l’Unité d’Enquête sur la criminalité internationale et de la
Sécurité Générale ( GSS ou Shabak). Ce fut une arrestation
brutale et terrifiante. Notre maison a été mise à sac et
différents objets et équipements qui avaient une valeur
particulière à nos yeux nous ont été confisqués. Nos droits
fondamentaux à la dignité humaine et à la vie privée ont été
violés ; nous avons été soumis à des violences physiques,
verbales et psychologiques, et ce devant nos deux filles.
Aujourd’hui, nous, famille d’ Ameer, exprimons notre extrême
inquiétude sur ce qui lui arrive et sur les conditions de sa
détention.
Nous savons qu’Ameer a souffert et souffre de douleurs aiguës
à la tête, au dos, et aux deux jambes : ses douleurs sont la
conséquence des actes de torture graves auxquels il a été
soumis, en violation de ses droits humains les plus
élémentaires. Ces droits incluent le droit au sommeil, à la
boisson, à la nourriture et à ne pas être soumis à des
traitements humiliants et dégradants. Il a été totalement coupé
du monde extérieur, interrogé sans cesse pendant des heures et
des jours entiers sans pouvoir dormir, et ce en étant menotté et
attaché par les mains et les pieds à une chaise basse , ce qui
lui interdisait tout mouvement et provoquait une intense douleur
dont il souffre toujours à ce jour : il en a perdu le sens du
temps et la capacité à se concentrer et s’est retrouvé en état
de confusion mentale. Ces méthodes sont illégales selon les lois
israéliennes et internationales.
Jusqu’à ce jour, 26 Mai, le tribunal a refusé que les avocats
d’Ameer lisent le rapport médical établi par un docteur qui lui
a rendu visite deux fois au cours de l’interrogatoire. Il a
également refusé qu’il soit examiné par un médecin indépendant
de l’association israélienne "Medecins pour les Droits humains",
comme cela était demandé par Adalah, Médecins pour les Droits
Humains-Israël et le Comité contre la Torture en Israël. Ces
refus soulèvent de nombreuses questions au sujet des
informations que le GSS,avec l’aide du tribunal, entend
dissimuler sur ses conditions de détention et leurs méthodes
d’interrogatoires. Nous nous demandons ce que cache le GSS et
pourquoi il cherche à gagner du temps ?
Est-ce-pour cacher des signes des violences physiques et
psychologiques qu’ils ont infligées à Ameer ? Et pourquoi le
tribunal a-t-il approuvé cette façon de faire ?
Ce qui nous inquiète particulièrement est qu’Ameer continue à
se plaindre de douleurs aiguës et que sa vue s’est détériorée,
ce qui l’a obligé à demander des lunettes plus fortes. La
question est comment et pourquoi cette baisse importante de la
vision a été causée au cours de sa détention et quelles méthodes
d’interrogatoire ont été utilisées pour amener cette baisse et
les violentes douleurs dont il se plaint.
Les questions plus importantes sont : qu’essaie de cacher la
sécurité israélienne ? Pourquoi le tribunal fait-il collusion
avec Le GSS en cachant les conditions de détention et les
méthodes d’interrogatoire/ la torture qui ont été utilisées
contre Ameer ?
Pourquoi le tribunal a-t-il bloqué la publication des détails
de la déclaration d’Ameer en relation avec les méthodes
d’interrogatoire illégales utilisées contre lui, et dont il a
parlé à ses avocats dans le premier entretien avec eux,
entretien qui a eu lieu environ après deux semaines
d’interdiction d’accès à tout conseil juridique ?
Nous faisons appel aux communautés locale et internationale
et aux individus afin qu’ils agissent rapidement et exercent des
pressions sur le gouvernement israélien et ses institutions
judiciaires afin qu’une enquête indépendante soit ouverte sur
les méthodes d’interrogatoire utilisées contre Ameer par le GSS
et que des mises en accusations soient prononcées contre les
responsables de l’usage de la torture contre lui. Nous demandons
aussi aux communautés locale et internationale et aux individus
de considérer que toute mise en accusation par le GSS a été
fabriquée de toutes pièces, que d’éventuels aveux ont été
obtenus sous la torture et seulement en niant les droits humains
et les libertés démocratiques. Ces actes sont illégitimes et
n’ont aucune valeur et en violation flagrante de la loi
internationale.
Nous demandons aux autorités israéliennes d’annuler
immédiatement ce procès basé sur une enquête au cours de
laquelle Ameer n’a pas eu la possibilité de se défendre de façon
légitime. On a refusé à Ameer les droits humains élémentaires
auxquels il a droit d’après la loi israélienne et
internationale. L’indépendance de l’appareil judiciaire et les
libertés démocratiques ont été dangereusement soumises aux
diktats du GSS dans cette affaire.
Nous apprécions beaucoup toutes les formes de solidarité avec
Ameer, qu’elles soient locales, internationales, communautaires
ou individuelles ainsi que tous les efforts fournis pour
défendre sa liberté. Nous sommes conscients de l’importance du
rôle joué par tous les partis et mouvements politiques qui
dénoncent les circonstances de l’arrestation d’Ameer, l’attaque
contre la population arabe et ses dirigeants, ainsi que sur la
liberté démocratique et les droits humains. Nous sommes
pleinement conscients que le choix stratégique clair de la
population arabe d’Israël a été et continue à être celui de la
lutte politique légitime et inflexible.
Ameer Makhoul n’appartient à aucun parti politique. Il
préfère se réserver une position indépendante ce qui indique
clairement que la cible principale de cette attaque est la
population palestinienne et des dirigeants, leurs droits et
leurs libertés. Défendre la liberté d’Ameer et ses droits en
tant que détenu, et rejeter la mise en cause des citoyens arabes
à la lumière de sa détention n’est pas une question de personne
ou de classe, mais une mission nationale et démocratique.
La vraie mise en accusation doit se faire contre le GSS et
les institutions israéliennes qui foulent au pied les libertés
démocratiques et les droits humains et ont recours à des
méthodes illégales d’interrogatoire et à la torture.
Janan Abdu, compagne d’Ameer Makhoul (+972-54-756-2171)
Issam Makhoul, frère d’ Ameer Makhoul (+972-50-551-0433)
Traduction : Danielle Mourgue
Version anglaise
Le sommaire des
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